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Le Mali et la France divorceront-ils ?

François Hollande reçoit son homologue malien, Dioncounda Traoré, le 17 mai 2013 à Paris  © AFP

François Hollande reçoit son homologue malien, Dioncounda Traoré, le 17 mai 2013 à Paris
© AFP

Au moment où certains analystes et non des moindres prédisent la fin de la souveraineté malienne pour longtemps, une amorce de sursaut national voit le jour. Kidal semble être l’épicentre de ce regain d’orgueil des Maliens qui, bien que conscients d’avoir été sauvés du chaos par Serval, n’entendent pas s’offrir mains et pieds liés au MNLA, mouvement ayant hier cheminé avec les terroristes d’Ançardine.

 

 

Le mouvement d’obédience indépendantiste, en dépit de sa faiblesse militaire, a néanmoins l’atout des armes de la diplomatie, les vertus des bombes de la communication et surtout les canons du lobbying face à l’Etat malien qui n’a pas su mettre en place une véritable stratégie de communication de crise déployée à l’extérieur. Heureusement que la société civile malienne a porté une part de discours alternatif notamment en France où la diaspora n’a pas été absente sur les médias hexagonaux pour déconstruire le discours victimologique du MNLA, discours tordant le coup aux réalités maliennes. L’Azawad est l’emblème de cette imposture discursive d’autant qu’il n’a pas d’historicité encore moins de reconnaissance par les populations abusivement enrôlées dans une stratégie médiatico-politique de construction de ce qu’on appelle une identité collective. Les enjeux liés au scrutin présidentiel du 28 juillet sont en passe d’inscrire une rupture entre le Mali et son «libérateur» français.

 

 

La surenchère du MNLA entendant préserver ses positions armées jusqu’aux élections en vue de transformer ses désidératas autonomistes en réalité font monter la tension à Bamako. Le pouvoir intérimaire, déjà fragile, ne peut pas occulter l’hostilité de l’opinion malienne à la «privilégiassions» d’un groupuscule loin de représenter les populations du Nord du Mali d’autant qu’il ne fait même pas l’unanimité chez les Touaregs. Bien que puissante, la France est aussi obligée de tenir compte de cette donne car elle a appris avec le livre classique «L’impuissance de la puissance» de Bertrand Badie qu’il n’est donné à aucune puissance de faire tout ce qu’elle veut même dans le pays le plus faible. Le divorce franco-malien dont nous parlions il y a des mois n’est pas encore consommé mais l’heure n’est plus ni à l’idylle ni aux noces sacrées. L’Hexagone défend ses intérêts géoéconomiques (sécurisation d’Areva au Niger) et géostratégiques (position militaro-dissuasive sur l’échiquier mondial), le Mali doit également défendre les siens.

 

 

Dans une démarche du renouveau étatique au Mali, l’armée républicaine doit impérativement précéder l’administration à Kidal sans faire d’exactions afin de rendre possibles autant l’organisation des élections que la sécurisation de la 8ème  région administrative du pays. Du cœur du pouvoir au citoyen lambda, en passant par l’Assemblée nationale, des voix virulentes se font attendre après l’essayiste Aminata Traoré. La récente mobilisation populaire à Gao augure d’un temps des pavés et des trottoirs. Le pays de De Gaule, même en position de force, comprend de plus en plus que si celui de Modibo Keita n’a pas les mains libres, lié qu’il est par les contraintes sécuritaires, militaires et financières, il a le droit et surtout le pouvoir de dire NON. Ce NON pourra devenir plus tonitruant si Paris répliquait par la surdité. Le réalisme froid des intérêts n’a jamais fait économie des antagonismes, souvent des divorces. Et tant mieux si la popularité de Hollande s’étiole au bord du djoliba ! Fini le temps de l’applaudimètre !

 

 

YAYA TRAORE

Politologue Communicant, Consultant

Yayakaiser2003@yahoo.fr

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