Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer mercredi sur un projet de résolution présenté par la France ouvrant la voie au déploiement d’une force africaine pour combattre les jihadistes dans la région du Sahel, ont annoncé des diplomates.
Le vote est prévu à 14H00 GMT, ont-ils précisé mardi. Après plusieurs jours de discussions, la France et les Etats-Unis sont tombés d’accord sur ce texte qui salue le déploiement du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso) sans toutefois lui délivrer un mandat de l’ONU, selon le texte consulté par l’AFP.
Ces pays africains ont accepté en mars de constituer une force de 5.000 hommes chargée d’une mission spéciale de contre-terrorisme dans la région. Le président français Emmanuel Macron doit assister au prochain sommet du G5 Sahel le 2 juillet à Bamako.
L’ambassadeur français aux Nations unies François Delattre a estimé mardi que le nouveau texte était “plus fort en matière de soutien” car il allait recevoir au Conseil de sécurité l’appui des Etats-Unis.
“Cette résolution enverra le message fort, très fort, que le Conseil de sécurité est uni et ferme face au terrorisme dans le Sahel”, a-t-il dit à des journalistes. “Une telle mission est plus que jamais nécessaire dans cette région”, a souligné le diplomate.
“Nous sommes satisfaits d’être parvenus à un accord avec nos amis français”, a pour sa part déclaré un porte-parole de la mission américaine.
“Le résultat est une résolution saluant le déploiement de troupes venant de cinq pays pour combattre le terrorisme qui a causé tant de souffrances dans la région”.
Un premier projet de résolution, présenté il y a deux semaines par la France, proposait que le Conseil de sécurité autorise une telle force, sous mandat de l’ONU, à “utiliser tous les moyens nécessaires” afin de “combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes”.
Les Etats-Unis s’y étaient opposés, estimant que le projet de résolution manquait de précision et qu’une simple déclaration du Conseil suffirait. Selon Paris, une résolution était nécessaire, conformément à une demande de l’Union africaine.
Le nouveau projet de résolution “salue le déploiement” du G5 “en vue de ramener la paix et la sécurité dans la région du Sahel”. Mais il n’invoque pas le Chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise l’utilisation de la force.
La France avait dans un premier temps demandé à ce que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, soit chargé d’un rapport sur le soutien logistique et financier à apporter à cette mission, mais cette requête a été abandonnée au cours des négociations.
Le projet de résolution lui demande désormais qu’il rende compte des “défis rencontrés et de possibles mesures à prendre en considération” ces prochains mois, qui pourraient inclure un éventuel financement.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du pays, et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.