Coup de tonnerre dans le ciel serein des opérations militaires : des civils peuls pris pour des djihadistes ? Faux, rétorquent des hauts gradés de l’armée sous le sceau de l’anonymat.
Un véritable manteau brouillard enveloppe les accusations portées contre les Forces armées maliennes par une association malienne regroupant les membres de la communauté peulh. L’association « Kawral poulakou » qui signifie l’union des Peuls, en langue pulaar, accuse l’armée malienne d’exactions contre des civils peulhs.
Ces derniers feraient l’objet d’arrestations arbitraires et d’exécutions extrajudiciaires. Oumar Aldjana, responsable de l’association – qui revendique plusieurs milliers de membres – a rapporté dimanche dernier à la presse plusieurs cas d’exécution : « ces dernières semaines, plus de quinze civils peuls ont été tués comme ça »
De son avis, point de doute : « on prend parfois tous les Peuls pour des jihadistes, mais c’est faux. Il ne faut pas faire d’amalgame. Nous sommes fiers d’être des Maliens mais nous sommes aussi fiers d’être Peuls » « Kawral poulakou ».
Aucune source indépendance n’a confirmé l’information. La situation n’est pas très brillante dans la zone de Macina, Ténenkou,Diafarabé et Dia . Pas une semaine ou presque sans que des embuscades soient tendues aux forces armées et de sécurité. Des forains sont régulièrement attaqués. La mort rode partout.
L’armée malienne s’inscrit en faux
Des accusations niées en bloc par les Forces armées maliennes. « Au sujet des allégations de tueries de civils peuls, rien ne permet de répondre par l’affirmatif. Toutefois, il est bien établi aujourd’hui que l’armée est respectueuse des droits de l’homme. En somme, ces accusations sont infondées », a rétorqué une source militaire sous le sceau de l’anonymat.
Depuis le déclenchement des hostilités, aucune organisation n’ a signalé le moindre manquement grave au respect de droits de l’homme.
L’association « Kawral poulakou » a applaudi des deux mains la conclusion de l’accord d’Alger pour le retour de la paix dans le nord du Mali, signé à Bamako en mai et juin derniers entre le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touarègue. A présent, elle dépense son temps et son énergie à ramener « au sein de la République » du Mali de certains jeunes Peuls qui ont intégré les rangs des islamistes du « Front de libération du Macina » (FLM).
Le FLM, basé dans le centre du Mali, est dirigé par le prédicateur radical malien Amadou Koufa, un Peul lui aussi, allié à Iyad Ag Ghali qui dirige le groupe terroriste du nord du pays, Ansar Eddine. Ces deux groupes revendiquent régulièrement des attaques dans le Nord et le Centre du Mali.
Georges François Traoré