Le marché des déchets est pourtant très lucratif : en 2017, il représentait quatre milliards d’euros. La même année, la France exportait par exemple 14 millions de tonnes de déchets principalement vers des pays voisins (Espagne, Belgique, etc) mais aussi vers la Chine.
Si une grande majorité des pays développés a fait du recyclage des déchets une priorité, ils envoient encore beaucoup de leurs détritus à l’étranger et surtout des toxiques. Outre l’Asie, leur destination c’est aussi l’Afrique.
L’Afrique, destination des exportations de déchets électroniques
Alors que certains pays africains peinent à gérer leurs déchets, ils en récupèrent aussi de l’étranger.
Or, selon la convention de Bâle, entrée en vigueur en 1992, les pays ne peuvent pas exporter leurs déchets toxiques sans le consentement des destinataires. C’est pourquoi les pays exportant des déchets électroniques hors d’usage vers l’Afrique le font donc sous couvert d’un don “charitable” : les objets transportés sont considérés comme des biens de seconde main, autrement dit comme des matériaux électroniques d’occasion, qui sont, eux, autorisés. “En ce sens, on trouve que la convention de Bâle déresponsabilise la France dans sa capacité à trouver des solutions de traitement sur son propre territoire”, selon Nicolas Garnier, directeur général d’AMORCE, association de collectivités spécialisée dans la gestion des déchets. Il ajoute que cela est dû au fait que “personne ne veut une installation de traitement de déchets électriques ou résiduels, à proximité de chez soi”.
Résultat : le continent est submergé de déchets. Des décharges sauvages apparaissent et plusieurs pays, dont l’Éthiopie, le Congo, le Burkina Faso, le Mozambique, le Mali ou le Niger voient leurs décharges déborder d’ordures ménagères mais aussi de matériaux toxiques ou d’équipements électroniques, venus de pays développés.
Une gestion des déchets nécessaire
En 2018, un rapport de la Banque Mondiale estimait que l’Afrique devrait produire trois fois plus de déchets à l’horizon 2050. “L’Afrique subsaharienne a généré 174 millions de tonnes de déchets en 2016, avec un taux de 0,46 kilogramme par habitant et par jour”, précise le rapport.
Toujours selon ce rapport de la Banque Mondiale, en Afrique sub-saharienne, 69% des déchets sont déversés à ciel ouvert et souvent brûlés. 24% des déchets sont éliminés sous une forme quelconque et environ 7% d’entre eux sont recyclés ou récupérés.
Par exemple, à Bamako, capitale du Mali, des déchets sont laissés dehors par les habitants, faute d’un ramassage et d’une gestion régulière, entraînant une pollution des sols et des maladies pour les habitants contraints de vivre proche de ces quartiers. Une bonne gestion des déchets est donc indispensable pour endiguer les problèmes sanitaires.
L’Afrique veut donner une deuxième vie aux déchets
Des projets fleurissent pour faire face à cette problématique, comme Africompost qui propose de faire du compost à partir des déchets et de l’utiliser pour les cultures agricoles. Un projet proposé aux villes en développement, notamment celles d’Afrique subsaharienne. Celui-ci est piloté par la fondation française GoodPlanet, dont Claire Sellier était la chargée de projet : “On a mené ce projet dans trois pays : le Togo, le Cameroun et Madagascar”. L’objectif étant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, produits par les déchets. “A chaque projet mené, on compare le scénario avec le projet (qui réduit les émissions de gaz à effet de serre), et sans le projet. Ensuite, on propose à des entreprises d’adopter ces projets”, précise Claire Sellier.
En France également, des associations se sont lancées contre ce problème. L’association Earthwake, créée en 2014 par l’acteur Samuel Le Bihan, intervient en Afrique pour “donner de la valeur aux déchets plastiques (…) et ainsi contribuer au nettoyage de la planète”. Enfin, le projet Clic Vert, mené par l’association Solidatech, vise à collecter et dépolluer les déchets électroniques, en Afrique de l’Ouest. Un projet nécessaire quand on sait que chaque année, au Ghana, 40 000 tonnes de déchets électroniques arrivent illégalement.
En Côte d’Ivoire, l’entreprise Coliba souhaite revaloriser les déchets plastiques dans le pays mais aussi sensibiliser les plus jeunes aux problématiques environnementales. Les membres de Coliba se rendent dans des écoles pour donner des cours sur le tri et la gestion des déchets auprès des enfants. La fondation GoodPlanet mise également sur cette sensibilisation dès le plus jeune âge pour lutter contre la problématique des déchets, dans le futur. “Au Togo, des jeunes élèves étaient invités à voir le projet, car il faut une prise de conscience”, selon Claire Sellier. Elle ajoute qu’il faut “former les jeunes générations à ces questions de déchets pour réduire voire éradiquer ce problème”.