Selon des participants à une rencontre internationale, environ 28 millions de personnes pourraient se trouver dans une pauvreté extrême d’ici à 2050, si le problème de la résistance antimicrobienne n’est pas résorbé.
La résistance antimicrobienne se produit lorsque les médicaments destinés à soigner des infections causées par des germes tels que les bactéries, les champignons, les virus et les parasites perdent de leur efficacité.
Selon la Banque Mondiale, la résistance antimicrobienne pourrait réduire le Produit intérieur brut mondial de 1000 milliards de dollars US d’ici à 2030 et réduire la production animale à l’échelle mondiale de près de 8%.
Selon Jonathan Wadsworth, spécialiste principal en agriculture à la Banque Mondiale, la résistance antimicrobienne aura un impact négatif sur les objectifs de développement durable, en matière de pauvreté, de santé et de bien-être.
“La réduction de l’utilisation des antimicrobiens… peut faire la différence.”
Jimmy Smith, Institut International de Recherche sur l’Élevage
« Le coût financier est trop élevé, ce qui peut faire mettre en suspens la vie des gens », a expliqué Jonathan Wadsworth, donnant l’exemple d’un antibiotique aux Etats-Unis utilisé pour le traitement des infections intestinales et dont vingt comprimés coûtent US$500.
« Cela montre qu’un grand nombre de personnes n’ont pas accès aux médicaments dont elles pourraient avoir besoin. »
Phan Thi Van, directeur de l’Institut de recherche en aquaculture, au Vietnam, a ajouté que le monde en développement encourt un risque élevé de résistance antimicrobienne, en raison de sa forte demande en production alimentaire, couplée avec une population en croissance rapide.
Selon les résolutions de la rencontre, qui a eu lieu au Kenya, le mois dernier (21-22 février), dans le cadre du lancement du Centre de résistance antimicrobienne du CGIAR, même de faibles niveaux de résistance antimicrobienne pourraient précipiter environ 8 millions de personnes dans une extrême pauvreté d’ici à 2030.
« La réduction de l’utilisation des antimicrobiens… peut faire une grande différence », affirme Jimmy Smith, directeur général de l’Institut International de Recherche sur l’Élevage (IIRE).
Jimmy Smith a ajouté que le centre créerait des partenariats et placerait les preuves au cœur de la mise en œuvre des politiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Jimmy Smith explique en outre que la solution optimale pour relever le défi de la résistance antimicrobienne est d’avoir des solutions pratiques issues de la recherche, appropriées pour les pays à revenu faible et intermédiaire et mises en œuvre pour eux.
La rencontre était organisée par l’Institut International de Recherche sur l’Élevage, basé au Kenya, en partenariat avec le CGIAR – un partenariat mondial qui unit des organisations engagées dans la recherche pour un avenir sûr en matière de sécurité alimentaire.
Le but principal du centre, qui est financé par plusieurs partenaires du CGIAR, est de soutenir les efforts des pays à revenu faible et intermédiaire en matière de lutte contre la résistance antimicrobienne, comme c’est le cas dans des pays à fort revenu comme le Danemark, les Pays-Bas et la Suède.
Selon les documents de la conférence, la stratégie du CGIAR en matière de lutte contre la résistance antimicrobienne est axée sur cinq piliers de recherche et d’interventions tels que la compréhension des connaissances, des attitudes, des pratiques et des incitations à l’utilisation d’antimicrobiens ; la conception et l’évaluation des interventions et des incitations pour réduire et utiliser plus efficacement les antimicrobiens en agriculture dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les autres piliers concernent le développement des capacités et l’appui à un dialogue politique fondé sur des données probantes pour l’étude et l’élaboration de stratégies de lutte contre la résistance aux antimicrobiens.