A l’appel du directoire de la Synergie des enseignants signataires du protocole d’accord du 15 octobre 2016 pour exiger du gouvernement » l’application de l’article 39 de leur statut « , les enseignants ont organisé, hier mercredi, une marche à Bamako et dans plusieurs grandes villes du Mali. La marche, pourtant autorisée, a été réprimée par l’usage de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre (la Police, la Gendarmerie et la Garde nationale) au niveau du monument de l’Indépendance, faisant de nombreux blessés et des arrestations.
Après l’échec des négociations, le lundi 9 mars dernier, entre le gouvernement et les enseignants, ces derniers ont battu le pavé pour la troisième fois, hier mercredi, pour exiger de l’Etat l’application de l’article 39 de leur statut qui stipule que » toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et Spéciale « .
A Bamako, l’itinéraire de cette marche est parti de la Place de la Liberté au monument de la Paix, où le porte-parole de la Synergie devait faire une déclaration à l’endroit des autorités. Du début de la marche jusqu’à son terme tout s’est passé sans anicroche. C’est au niveau du monument de l’Indépendance que les marcheurs ont été immobilisés par les forces de l’ordre.
Mais, les manifestants, confortés par l’autorisation délivrée par les autorités, voulaient poursuivre la marche jusqu’au point final, en l’occurrence le monument de la Paix. C’est dans cet esprit qu’un responsable des syndicats a voulu montrer le document de l’autorisation à un policier.
Malheureusement, entre le refus de ce dernier de prendre connaissance du contenu du document et la volonté des enseignants de poursuivre leur marche, le malentendu s’installa puis aboutit à l’épreuve de force.
Forts de leurs prérogatives pour le maintien de l’ordre, les policiers ont immédiatement fait usage de gaz lacrymogènes. Ce qui eut pour conséquence d’envenimer la situation au point de dégénérer en affrontement entre les forces de l’ordre et les enseignants. Les deux parties, en position de bataille rangée, échangèrent des tirs de gaz lacrymogènes contre les jets de pierres. Le bilan de ses affrontements se résuma pour les enseignants à de nombreux blessés et arrestations.
Au moment où nous mettions sous presse, sept enseignants étaient en garde à vue au niveau du Commissariat du 1er Arrondissement. Parmi les blessés figure le Secrétaire général du Syndicat National de l’Education de Base (SYNEB), Amadou Coulibaly.
Prêts à se sacrifier pour l’application de la loi
» L’Etat vient de montrer aux enseignants le mépris qu’il a envers eux, je suis prêt à sacrifier ma vie pour que l’article 39 de notre statut soit appliqué« , nous a martelé un enseignant très remonté.
Et un autre de poursuivre, « Nous sommes à notre troisième marche et nous n’avons jamais été violents. Mais cette fois-ci, le gouvernement nous a pris au piège. L’itinéraire était de la Place de la liberté au monument de la Paix, mais arrivés au monument de l’Indépendance, nous avons été encerclés et agressés par les forces de l’ordre et nous aussi avons dû riposter « .
En outre, d’autres enseignants se disent prêts à en découdre avec les volontaires que l’Etat a déployés aujourd’hui dans certains établissements scolaires. » Maintenant, c’est la guerre. Mieux vaut que le gouvernement place des forces de l’ordre devant chaque école publique. Sinon, nous allons agresser les volontaires un par un et si le directoire annonce une nouvelle marche nous allons sortir« , nous indique un marcheur.
Et de prévenir » Depuis le début, le gouvernement ne fait que mentir à la population pour ternir notre image et maintenant il nous agresse comme des animaux. Cela ne va pas nous arrêter, au contraire nous sommes plus que jamais motivés à poursuivre la lutte « .
Abdoul DEMBELE
Source: l’Indépendant