Le Premier ministre, le Dr Boubou Cissé, s’est rendu à Kidal le 4 mars, dans le cadre d’une tournée dans les régions du Nord. La visite intervient 3 semaines après le déploiement d’un bataillon des Forces armées maliennes reconstituée et s’inscrit dans le cadre du retour de l’administration et de la restauration de l’autorité de l’État. Ce qui ne sera effectif qu’à certaines conditions.
« Toute la République compte sur ce processus que nous avons initié avec l’engagement de tous les acteurs. L’armée reconstituée, qui est en train de se déployer progressivement à Kidal, Tombouctou et Gao, est un élément important dans le processus de paix et de réconciliation », a déclaré le Premier ministre.
Un tournant ?
Si la visite est « une réussite », selon Moussa Ag Attaher, porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), elle pourrait être un tournant à condition qu’elle soit la première étape de la concrétisation par l’État de ses engagements. « La balle est dans le camp du gouvernement. Il doit dépasser les projets et les promesses », estime-t-il. L’État doit assurer l’opérationnalisation des services existants, dont les responsables ne sont toujours pas présents à Kidal, et « accélérer le retour de ceux dont la présence a un impact direct sur la vie des populations ».
Mais « difficile d’imaginer le retour de l’administration sans la sécurité », note Salia Samaké, politologue. La visite du Premier ministre peut contribuer à la décrispation, mais elle ne garantit pas le retour de l’administration. Il faut que le premier bataillon reconstitué de l’armée, « pour influer sur la situation, soit en circulation et intervienne pour assurer les missions régaliennes ».
C’est alors que « l’interaction avec les éléments de la CMA, qui se croient en terrain conquis, permettra de voir la réalité ». L’État doit réussir le pari de faire « revenir chacun dans le giron malien et de parler d’une voix commune ».
Le gouvernement promet la mise à disposition des services de base, comme l’énergie et l’eau, et la CMA s’engage à s’impliquer dans leur déploiement, mais c’est à « l’État de jouer pleinement son rôle et d’assurer le besoin fondamental de sécurité », ajoute le politologue.
La visite doit permettre au gouvernement de « redynamiser la confiance entre les acteurs », espère le porte-parole de la CMA. Elle intervient à un moment où la situation n’autorise plus les hésitations, face à l’impatience de populations privées de tout, conclut le politologue.
Fatoumata Maguiraga
Journal du Mali