Le Président de l’Alliance pour le Mali APM-Maliko, Modibo KADJOKE, a animé une conférence de presse, hier mercredi, sur l’actualité politique du pays. Au cours de cette rencontre, le conférencier a déploré le problème de cohérence, le choix du gouvernement dans la conduite du processus électoral. En appelant le gouvernement à réduire son ambition, selon l’APM-Maliko, l’approche tenable est de tenir la présidentielle et les législatives et cela dans les zones qui sont sous contrôle de l’armée nationale.
Le Directoire du Parti Alliance pour le Mali (APM-Maliko) était face à la presse ce mercredi pour partager sa position sur le processus électoral, les réformes institutionnelles et politiques, la sécurité. Le Président KADJOKO, conférencier principal, avait à ses côtés le Président Yaya HAIDARA.
A l’entame de ses propos, il a expliqué que l’objectif de la conférence est de donner leur point de vue pour alerter en tant que citoyen malien et politique. Certes, reconnaît-il, certaines missions ont été attribuées à la Transition, mais à ce jour le Parti estime que ces ambitions ne peuvent pas se concrétiser avec le temps imparti. Ainsi, sur le processus électoral, le Parti APM-Maliko estime que la Transition devrait focaliser ses efforts sur la tenue de la présidentielle et des législatives surtout que l’exigence de la communauté internationale n’est pas forcément l’organisation toutes les élections.
« La Transition est de 18 mois et doit prendre fin en mars 2022. La fin sera constatée par la mise en place d’Institutions démocratiquement élues. Dans le cas de la Transition actuelle au Mali, l’élection d’une seule Institution à date permettra de remplir cette conditionnalité : le président de la République. On peut aussi tenir les élections législatives pour se contenter de ces deux scrutins », a soutenu M. KADJOKE.
Ce choix a l’avantage de prendre en compte les préoccupations du ministre de l’Administration territoriale qui souhaite éviter de « convoquer les électeurs de façon répétitive, source d’épuisement et par conséquent de baisse du taux de participation » et «…de réduire le coût des élections ». Ainsi, de 6 les scrutins seront réduits à 2.
En plus de ces raisons, le Président KADJOKE a ajouté : « le Mali n’a jamais l’expérience de tenir trois scrutins en un jour ».
Par ailleurs, le conférencier a déclaré que ces élections annoncées seraient déconnectées de la préoccupation nationale, parce que leur organisation ne tiendrait pas en compte des recommandations du Dialogue national inclusif (DNI). Cette assise, a-t-il rappelé, avait formulé de fortes recommandations qui sont mises de côté. Il s’agit notamment de reformer la Cour constitutionnelle, de revoir le Comité́ national de l’Égal accès aux Médias d’État et la HAC. En somme, il regrette que la réforme constitutionnelle ne profite pas aux élections.
De même, il a dénoncé que les consultations électorales se tiendraient sur la base d’un fichier électoral qui n’est pas jour, car cette année il n’y aura pas de révision de la liste électorale. La révision exceptionnelle prévue n’atteint pas un mois. Alors, il se pose la question si le gouvernement a conscience de la place d’un fichier dans le processus électoral. A cet égard, le conférencier affirme que les conditions idéales ne seraient pas encore réunies. « Des scrutins organisés dans des conditions qui ne garantissent ni la sincérité, ni la sécurité, ni la transparence et pour des objectifs difficiles à cerner », a-t-il insisté.
Également, il a regretté qu’à ce stade il n’y ait pas de lisibilité au plan sécuritaire, préalable à l’organisation des consultations électorales. « Malgré l’insécurité, on doit aller aux élections. Mais nous proposons que les scrutins se tiennent dans les zones qui sont sous contrôle de l’armée nationale. Pas d’élections dans les localités sécurisées par des individus autres que les soldats maliens. Et en acceptant cela, le gouvernement cautionne une forfaiture », a indiqué le président KADJOKE.
Abordant les réformes, il est donc attendu de la Transition d’asseoir de nouvelles Institutions fortes et de réformer le système politique en entrevoyant des acteurs qui s’occuperont des prochaines élections présidentielles et législatives au sortir de la transition en cours avec le moins de contestations possibles.
Dans ce cadre, a rappelé le conférencier, APM Maliko écrivait dans un document qui devrait être remis à une délégation de la CEDEAO pour mettre en garde. ‘’Aucun empressement, quel que soit le motif, ne doit amener le Mali à bâcler les réformes ou à organiser les élections sans au préalable aller aux réformes indispensables. Lesdites reformes doivent impérativement obtenir un large consensus sur la base d’un agenda validé par tous’’ soulignait le document.
Au regard de la situation, le Mali a besoin de plus de réformes et de moins d’élections et la Communauté internationale se satisfera certainement au moins de l’élection de Président de la République.
Mais sur le terrain, cette pyramide est inversée, a constaté le conférencier. L’accent est davantage mis sur les élections que sur les réformes.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN