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Jusqu’à preuve du contraire: Honni soit qui MALI pense !

 

« Faites de la place, faites de la place » ! Ainsi criaient à l’époque médiévale les gardes pour libérer la voie au carrosse du seigneur. Malheur à ceux qui faisaient la sourde oreille ! Ils étaient punis avec le plus de cruauté possible, afin que l’horreur du châtiment dissuade les autres.

colonel Commandant Issa Camara soldat militaire beret rouge

De nos jours les choses n’ont pas tellement changé. Tout au moins dans le pays du colonel Issa Camara. En tant que « tout puissant » commandant du bataillon d’infanterie de la ville de Mali, il est même allé plus loin. Non content de brutaliser le chauffeur qui a eu l’outrecuidance d’obstruer le passage de son « véhicule de commandement », c’est à toute la population locale qu’il s’en est pris. A la tête de la soldatesque sous son commandement, il a fait payer à la ville sa compassion pour l’infortuné chauffeur. Avec une barbarie qui tient plus du seigneur de guerre que d’un officier supérieur d’une armée qu’on nous disait réformée.

Résultat ? De nombreux blessés (par balles pour certains), des citoyens terrifiés qui prennent la clé des champs, des boutiques et étals pillés, des domiciles vandalisés, du cheptel abattu, etc.

Devant le caractère surréaliste de cette réaction, Claude Lévi-Strauss aurait sans doute parlé, lui, d’une « soldatesque en proie à une forme collective de dérangement cérébral ».

L’on est habitué aux injonctions pleines de menaces des motards qui font la « flèche » pour nos cortèges officiels. Ou encore à tous ces pick-up de pandores ou de bidasses qui, à longueur de journées et toutes sirènes hurlantes, perturbent la circulation, sous le regard apeuré des autres automobilistes et des policiers chargés de la régulation. Mais là, il faut dire qu’un palier a été franchi.

Un petit pas en avant pour le colonel Issa Camara, qui n’en est certainement pas à ses premières exactions. Sur les pistes dégradées de Mali-Yembering ou ailleurs.

Un énorme pas en arrière pour l’armée guinéenne que l’on croyait avoir tourné certaines pages – peu glorieuses – de son histoire récente.

Il serait injuste d’affirmer que le programme de réforme des forces de défense et de sécurité est un flop total. Cependant, il faut reconnaître que le pays n’est pas encore sorti de l’auberge. Ce qui s’est passé à Mali vient le rappeler de manière cruelle. A l’évidence, là aussi, les vieux réflexes ont la vie dure.

D’où l’intérêt qu’il y aurait à revoir le mode de recrutement et la formation de ceux qui aspirent à intégrer les rangs de l’armée. Au fait, pourquoi ne pas s’inspirer, entres autres pistes, des prytanées tels que conçus par certains pays africains ? A savoir des lycées d’excellence dont la particularité est de former des élèves destinés, après le baccalauréat et un cursus dans des grandes écoles militaires, à faire carrière dans les armes.

D’ici là, les Guinéens attendent de la Grande muette qu’elle donne de la voix, de Dame Thémis qu’elle ait la main lourde et des organisations des droits de l’homme la pression qu’il faut, afin que l’ignoble acte du colonel Issa Camara et de ses sbires ne reste pas impuni.

Honte à celui qui y verrait du mal. Autrement dit, « honni soit qui mal y pense » !

Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

 

 

Source: aujourdhui-en-guinee

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