Tweet de Brigitte Bardot
« Attentats : J’ai mal au cœur et à tous mes cœurs.Je vomis ces terroristes islamistes. Stop à l’Aïd el-Kebir humain. »
Réaction motivée par l’assassinat du père Hamel…
Je comprends l’indignation mais pas la confusion…
Ce matin, le sentiment de devoir me justifier aux yeux du monde en tant que musulmane m’a subitement traversée.
Comme une épée, il m’a transpercé l’âme, envahi l’esprit et transportée…
Partout dans ces coins et recoins du monde infectés par ce virus de la haine et de la cruauté.
Cette année 2016, le père Hamel, le 26 juillet, a été l’une des victimes de cette atrocité. Et nos pensées se tournent vers toutes les autres victimes également. Celles de Boko Haram au Nigeria, les morts à Zliten en Libye, ceux d’Irak, de Turquie, du Pakistan(trois fois touché cette année), les morts et les blessés en Indonésie, au Burkina Faso, en Afghanistan, en Somalie, en Égypte, au Cameroun, en Syrie, au Mali,au Yémen, en Tunisie…Et ça n’en finit pas : la Côte-d’Ivoire est touchée, blessée, meurtrie, comme le sont la Belgique, le Liban, le Bangladesh.
Et puis la France, encore à Nice ce 14 juillet, ces 84 personnes assassinées, et l’Allemagne attaquée indignement également… par des êtres prêtant allégeance à des groupes qui se disent islamiques donc appliquant les principes de la religion musulmane… Honte à eux et à ceux que le mensonge et les instrumentalisations aveuglent.
Ce matin, le désir de dire fort des mots forts m’a pris dans mon immense faiblesse aussi fort que le ferait la mort.
Celui d’hurler que je suis sensible et gaie, que j’aime la vie et la respecte, que j’aime les femmes et les hommes noirs, blanc, les athées, les juifs, les chrétiens, que j’aime les restaurants et les théâtres, les cinémas, les salles de sport, les cafés et tous ces lieux fréquentés par des âmes différentes, variées, que je ne connais pas mais reconnais dans mon intime humanité.
Que j’abhorre les insensibles, les arrogants, les justiciers ambulants, les cruels et les violents, ceux qui sèment les désordres, qui fouinent dans les blessures pour en raviver la douleur, faire croître la terreur, ceux qui arrachent les vies et brisent les espoirs comme on brise la coquille d’œuf sans sourciller, avec l’âme déjà en enfer et la vie brimée, puis les valeurs envahies par la haine de l’autre, les esprits salis par l’indifférence et les cœurs qui vomissent la rancœur.
Oui…
Ce matin, je voulais crier que chaque Marocain que je croise sur mon chemin est triste et affligé par le meurtre et l’injustice.
Que le musulman est totalement consterné, choqué et blessé, indigné par la terreur semée et les valeurs de l’islam ainsi bafouées, trahies et déshonorées… quand le mot islam est ainsi associé à des actes barbares par des individus qui – je le comprends – peinent à comprendre que non, ce ne sont pas nos valeurs. Jamais. Quelle que soit l’interprétation. Il y a des règles sur lesquelles on ne transige pas. Et le respect de l’être vivant quel qu’il soit est notre voie. Aussi et par la suite, élevons nos voix pour en faire la loi.
Que les cœurs malgré la douleur puissent discerner entre la laideur la plus vile qui n’a ni foi, ni religion, ni loi, car trahison uniquement et que tous nous dénonçons avec force, et cette religion musulmane qui invite à tout sauf à ces attaques terroristes, combien même certaines personnes continuent de faire l’amalgame… Car baisser les bras et se dire « ils devraient savoir comprendre » n’est pas courageux ni brave, c’est scandaleux…
Ce n’est pas rendre hommage aux valeurs de l’islam, c’est un peu renoncer à ce qui nous fait et nous rassemble.
Se dire « je n’y peux rien » est tout sauf faire la promotion du bien ni même nouer et serrer les liens que certains aliénés coupent et brûlent, souillent et enfument.
Aujourd’hui, même celui qui sait a besoin d’être rassuré, et pour tous ceux qui disent que nous n’avons pas à nous justifier, en effet cela est vrai, mais nous n’avons pas non plus à renoncer à rappeler combien ces actes sont infondés, basés sur la violente malhonnêteté de ceux qui traduisent et interprètent des versets dans une absurdité qui plaît à ceux dont le cœur est enterré dans la terre infectée de haine et de cruauté.
L’homme courageux n’abrège point la vie, il tire son courage de son désespoir comme le disait Sénèque…
Et ce matin je sais que concevoir un plan hardi et courageux c’est concevoir un vivre ensemble serein et humain.
Ce matin, je le dis par des mots car…« Ne sais-tu pas, Prométhée, que les paroles sont guérisseuses du mal de la colère ? » (Eschyle, Prométhée enchaîné)
Ce matin, je comprends ces mots : « Rien n’unit aussi fort que la haine, ni l’amour, ni l’amitié, ni l’admiration. » (Lessia Oukraïnka, Un compte du temps passé)
En effet, la haine unit… Tous ceux qui bâtissent des enfers. En l’absence d’intelligence et de tendresse…l’amour fuit et la haine tue…
Que les âmes de ceux qui ont péri sous l’étendard de la haine et de la violence reposent en paix.
Dina KADIRI
Source: challenge