En dépit du fait que tout coup d’Etat ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien,
En dépit de l’article 24 de notre constitution stipulant que tout citoyen habitant le territoire malien a le devoir de respecter en toutes circonstances la Constitution,
En dépit de mon opposition au fait que la Raison du plus fort est toujours la meilleure,
En dépit du fait qu’il n’a pas été choisi par le peuple souverain du Mali,
Parce que j’adhérais aux idéaux du M5 voulant mettre fin au système de prédation qui s’étendait chaque jour davantage,
Parce que entre deux maux, j’avais pensé que c’était le moindre,
Parce que Dieu merci, il n’y avait pas eu d’effusion de sang,
Parce que le Mali avait besoin de changer d’orientation.
Mais Hélas, le Président de la transition n’a pas été à la hauteur de mes espérances,
Non pas que je lui en veuille de ne pas être notre Sankara, notre Rawlings ou notre Kagamé,
Non pas que j’ai une aversion particulière pour les militaires,
Non pas que je ne sois pas pour la souveraineté du peuple et/ou une lutte implacable contre la corruption
Rien de tout cela, mais les faits, seulement les faits et ils sont terriblement têtus.
Le choix du premier président de la transition ne reposait sur aucun critère objectif,
La méthode était autoritaire et empreinte de mépris pour le comité de sélection convié pour la forme,
Le choix était fondé sur des considérations reprochées à celui qu’on venait de renverser,
L’intérêt personnel a prévalu sur l’intérêt général, ce qui est au mieux un signe d’impréparation
Et au pire un abus de pouvoir présageant de lendemains qui déchantent.
Dans tous les cas de figure, pour un pays en crise, c’est une faute de taille, mais passons….
Le choix des membres du CNT a ensuite confirmé que le Mali n’était pas la priorité,
Non pas que je veuille mettre tous les membres du CNT dans le même sac,
Non pas que je ou d’autres soient plus maliens que ceux qui ont été nommés,
Mais parce que la méthode encore une fois était empreinte de mépris,
Envers nos lois car le décret fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition a été pour le moins malmené,
Envers le peuple par l’opacité du choix, et la représentativité toute relative d’un certain nombre de membres,
Envers la morale publique car elle a été fondée sur des combinaziones, les calculs « politiques » et la logique du Diviser pour régner.
Le choix des membres du CNT est aussi une illustration du Us, Ourselves and We
C’est la seconde faute de taille, pour un pays en crise, mais passons….
Il y eut ensuite l’épisode qui si elle n’était pas dramatique aurait pu être risible
Par son caractère ubuesque, extraordinaire et presque désopilant ;
Ce fut l’affaire d’atteinte à la sureté de l’état qui a eu pour effet de ridiculiser notre justice
Qui par un sursaut d’orgueil a vite fait de reléguer cet épisode peu glorieux de son histoire dans les annales de la transition.
Les esprits tatillons me rétorqueront que ce n’était pas la faute du Président de la transition,
J’espère qu’ils auront l’humilité de reconnaitre que c’est tout au moins sa responsabilité.
Paradoxalement, cette transition a fait de certains de ceux que nous tenions responsables en partie de notre malheur, des martyrs. Car nous le savons maintenant, le peuple malien a un faible pour les victimes.
Je passe sur les nominations dans le Gouvernement et dans les administrations, qui ressemblent étrangement au jeu de copains coquins de l’ère précédente.
Oui, nous avions fait tout ça pour ça.
Il semble acté que les dirigeants de ce pays ont décidé de pousser la résilience du peuple malien au bout de ses possibilités.
Puis vint l’épisode du coup d’état contre la Président de la Transition,
Celui-ci et son premier Ministre furent accusés de tous les péchés d’Israel pour avoir osé, crime de lèse majesté, débarqué du Gouvernement deux colonels qui avaient pour atouts essentiels et non négligeables, d’être membres de l’Ex CNSP,
Les bonnes manières furent vite abandonnées et le naturel revint au galop,
On passa à la vitesse supérieure et ils furent enfermés manu militari trois mois durant avec le mépris le plus total pour l’Etat de droit, et toutes ces belles idées clamées à hue et à dia à longueur de journée.
On nous raconta alors qu’ils étaient dans la haute trahison, protecteurs des voleurs de la république, fomenteurs de complot et tutti quanti, responsables de toutes les insuffisances de la transition.
Comme si ils avaient été choisis par quelqu’un d’autre,
Comme si durant neuf mois, on avait pas été là,
Comme si deux personnes qui avaient au plus trois tondus et deux pélerins comme soutien
Pouvaient être plus redoutables que Iyad Ag Hali et Kouffa réunis.
Les laudateurs du régime, les optimistes indécrottables, les profiteurs de tous acabits, les natures opportunistes, les naifs véritables, les « Je me contente de peu », et même les gens de bonne foi mais faiblement informés objecteront que depuis 30 ans,
Aucun président n’avait renoncé au 2/3 de ses fonds de souveraineté au profit des populations
Je leur dirais qu’on ne peut se glorifier d’utiliser l’argent du peuple au profit du peuple,
Qu’au mieux si c’est humain, ce n’est pas grand
Et qu’au pire, c’est du populisme à deux balles et une large imposture.
Et si par extraordinaire, on me parlait d’un hôpital militaire de 26 milliards de F CFA ou je ne sais quelle infrastructure, je rétorquerais que c’est dans la nature du pouvoir et de bien vouloir me citer un président élu qui n’a pas réalisé d’importantes infrastructures pour notre pays.
Puis forcément on évoquera le délai de la transition, la nécessité d’une refondation de notre pays, le risque que les prédateurs reviennent et toute la panoplie consistant à se faire peur,
Et on oubliera que de mémoire d’humain, ce qui caractérise les officiers c’est le respect de la parole donnée,
Ce qui fait les héros, c’est de dire ce qu’ils font et faire ce qu’ils disent,
Ce qui fait aussi la grandeur d’un pays, c’est sa capacité à respecter ses propres engagements,
Ce sont ces officiers là, que je respecte
Ce sont ces héros là qui sont des références
Ce sont ces pays là auxquels j’aimerais que mon pays ressemble
Mais hélas.
Puis viendra l’argument massue : nous avons le peuple avec nous sans dire lequel
Serait-ce les réfugiés de nos régions installés à Bamako dans le plus grand dénuement,
Ou alors actualité oblige les oubliés de Niono,
Ou peut être encore les habitants de Gao, de Tombouctou ou de Kidal ?
Mais patience, la vérité est lente mais elle est inéluctable
Le temps est l’autre nom de Dieu disait l’Ivoirien.
Ce peuple au nom duquel vous parlez, dont vous vous réclamez le torse bombé,
S’il vous soutient pour la prolongation pourquoi changerait-il d’avis lors des élections ?
Mais il faut vous le concéder, au moment ou je vous parle, la nécessité de la prolongation de la durée de la transition a un sens, car tout a été fait pour cela mais passons…
Mais nous ne sommes pas obligés de le faire avec ceux qui ont échoué
Comme nous n’étions pas obligés de voter IBK en 2018 quand il a échoué.
Ne me demandez pas comment on le ferait, Dieu merci mon pays regorge encore de patriotes.
Oui j’aurais soutenu le Président de transition si
Il acceptait sa responsabilité dans l’échec de la transition,
S’il osait dire que la corruption est un crime imprescriptible contre le peuple malien,
S’il avait le courage de dire et de soutenir que l’audit de la gestion de la transition doit faire partie des résolutions des Assises,
S’il avait restitué les 2/3 de ses fonds de souveraineté au Trésor public,
S’il choisissait ses collaborateurs, ses ministres d’abord et avant tout sur les critères de compétences et d’intégrité,
Si toutes ces décisions reflétaient le Mali avant tout, le Mali d’Abord,
Mais Hélas.
Alors, de grâce, souffrez que je refuse le statut de canard sauvage,
Souffrez que j’ai plus de méfiance que de confiance dans les autorités de la transition,
Souffrez que je puisse m’exprimer sans que nous ne me jetiez l’anathème,
Souffrez que l’on puisse être patriote sans être pro Assimi.
Puisse le Seigneur sauver notre nation.
A.D