Pour la blogueuse Awa (Pseudonyme), d’autres actions moins extrêmes que l’incarcération pouvaient être privilégiées dans l’affaire Rokia Traoré.
En tant que mère, mon cœur saigne pour Rokia Traore, arrêtée en France dans le cadre d’un conflit l’opposant à son ex-compagnon autour de la garde de sa fille. En tant que femme, je suis indignée par le traitement injuste qui lui a été infligé. En effet, l’emprisonnement semble bien excessif. En tant que citoyenne malienne, je suis scandalisée par le traitement expéditif de l’affaire et la mesure de privation de liberté, alors que des actions moins extrêmes pouvaient être privilégiées. En tant que femme noire, je suis profondément choquée par le racisme ordinaire derrière une telle mesure.
De quoi Rokia Traoré est-elle le nom ? A mon avis, les enseignements de cette triste affaire sont de plusieurs ordres. Mais le plus important, c’est qu’au-delà de la tristesse évidente d’une mère emprisonnée pour s’être battue pour le bien-être de son enfant, il y a la question sous-jacente d’un racisme ordinaire qui ne dit pas son nom. Cette affaire démontre que nous ne sommes pas égaux en droit international. Les droits d’un ressortissant d’un pays en développement pèsent moins sur la balance devant ceux d’un « développé ». Aussi triste que cela puisse paraitre, c’est la sombre réalité.
« La classe n’efface pas la race »
Aussi, la faiblesse actuelle du Mali, peu en mesure de protéger ses citoyens, a aussi sans doute contribué à un tel emballement judicaire. Comme le dit un sociologue français, « la classe n’efface pas la race ». En effet, cette affaire démontre que peu importe notre statut social, nos droits pèseront moins sur la balance comparée à ceux d’un « développé ». Ceci même dans un Etat de droit.
Oui, il semble bien y avoir un racisme qui ne dit pas son nom derrière cette histoire. Aurait-elle été d’une « nationalité développée », des mesures moins excessives auraient été trouvées.
Enfin, que certains maliens ne défendent pas Rokia Traore en arguant divers arguments, est tout simplement déplorable. Nous serons plus forts unis. Le problème qui touche ma sœur est aussi mon problème. Il est vraiment temps que nous soyons unis pour notre bien collectif.
Source: benbere