A l’ACI 2000 entre la cour constitutionnelle du Mali et la cité administrative, se dresse l’hôtel Sheraton, cet ouvrage ultramoderne qui devrait ouvrir ses portes à l’occasion du 27 sommet Afrique-France tenu à Bamako. Le délai imparti n’est pas respecté. Plusieurs mois après, les travaux avancent lentement. Les raisons ? Elles se découvrent tout doucement car les travailleurs ont décidé de rompre le silence. La semaine passée, nous avons rencontré des employés qui nous ont fait des confidences dans l’anonymat. Electriciens pour la plus part, ils disent subir des traitements inhumains sur le chantier. Selon eux quand on les embauchait, le paiement convenu était 6000 francs journalier et le paiement se fait chaque quinzaine du mois. Les employés travaillent tous les jours de la semaine de 8 heures à 18 heures. Ils n’ont qu’un seul jour de repos. Chaque deux semaines, le dernier jour c’est-à-dire le dimanche. Quand vous ratez un seul jour, quel qu’en soit le motif, le montant est prélevé sur votre dû lors du paiement.
Au regard du contexte difficile, les employés ont revendiqué une assurance. Un contrat de travail et autres garanties. Chose refusée par les patrons. Et suite à la pression des travailleurs, un document a été proposé aux travailleurs qui n’a aucune valeur juridique en termes de contrat de travail. Cela est aussi mentionné dans ledit document. Nombreux sont-ils à refuser cet accord de principe.
Alors, les patrons à travers une société de sous-traitance qui recrute a procédé à des licenciements sans motifs valables. Ceux-là licenciés sont directement remplacés par des nécessiteux à la quête du travail qui se soucient peu des garanties pourvu qu’ils aient quelque chose à la fin du mois. Certains ont accepté les clauses de la note proposée.
Des travailleurs licenciés avaient saisi l’inspection du travail. Et c’est suite à cela qu’ils ont compris beaucoup de chose. En réalité, le paiement journalier c’est 8000 F CFA au lieu de 6000. Les arguments avancés par les employeurs pour expliquer cet écart laissent dormir debout. Ils disent que les 2000 F CFA sont réservés pour les moins des travailleurs. Les travailleurs n’étaient pas informés quand ils commençaient le boulot. L’espace dédié pour cette circonstance ne répond à aucune norme. Pas de bons médicaments. Certains témoignent même que ce sont des médicaments par terre qui s’y trouvent.
Nous avons rencontré un travailleur malade. Son corps a subi des effets à cause de la peinture. C’est lui-même qui se soigne. Il est allé au CNAM où on lui a prescrit des produits et il est sous traitement. Ce dernier aussi malgré son état, les jours qu’il a manqués, ils ont prélevé le montant sur son salaire.
Les travailleurs déplorent le comportement des patrons qui sont des Maliens sur le chantier. Selon les travailleurs, ce sont eux qui encouragent ce mauvais traitement car ils n’ont jamais pipé mot devant leur condition de vie misérable.
Shératon hôtel Bamako appartient à l’entrepreneur malien, Cessé Komé propriétaire de Radisson Blu.
Kèlètigui Danioko
Le Pays-Mali