Les maliens ne cesseront jamais de s’offusquer de l’indignité combien désarçonnante de la classe politique vu ses hallucinantes gymnastiques sur la scène nationale. L’opinion publique est désormais arrivée à la plus nette conclusion que l’homme politique malien ne possède décidément aucune identité caractéristique d’un combat digne de l’intérêt public, mais plutôt mu principalement par des contingences opportunistes. L’un des derniers cas de transhumance les plus répugnants, est la nomination surprise de Kadidia Fofana, ex-directrice adjointe de campagne de Soumaïla Cissé, au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale. Quelle dégringolade !
« Le seul qui sorte glorieux de cette vague de transhumances peu honorables, est bien le Président IBK qui a su parfaitement jouer son jeu en ayant réussi à clouer le bec aux adversaires les plus tonitruants afin de mieux profiter de la plénitude de son pouvoir », s’est lâché un célèbre observateur de la scène politique malienne. « Ce qui explique cette stupéfaction générale suite aux récentes nominations de membres de l’opposition dans le gouvernement, est que les maliens semblaient leur avoir fait un peu trop confiance en se laissant guider par leurs discours politiques contre le régime IBK jusqu’au jour où ils ont réalisé qu’ils se faisaient plutôt escroquer par ceux-là en qui ils voyaient un certain espoir de changement », a-t-il poursuivi. Au lendemain du dernier scrutin présidentiel, les forces de l’opposition, aujourd’hui présentes dans le gouvernement, étaient les mêmes qui, par maintes stratagèmes, avaient cherché à déstabiliser le régime en guise de la non-reconnaissance de sa légitimité, ni sa légalité constitutionnelle. C’est ainsi qu’une avalanche de marches de protestation s’était déversée sur le régime à l’appel de ces mêmes membres de l’opposition dans l’espoir de mobiliser le maximum de mouvements sociaux et aboutir au départ du régime. Après moult tentatives vouées à l’échec, les leaders de l’opposition, sans même faire montre d’une moindre reconnaissance officielle du régime réélu d’Ibrahim Boubacar Kéita et dont ils se sont farouchement employés à la déstabilisation, ont fini par coopérer avec le même régime.
Tout a, en effet, commencé par un Accord politique farfelu signé entre des partis de l’opposition et la majorité présidentielle suite au gigantesque mouvement politico-religieux aboutissant au renversement de l’ex-PM, Soumeylou Boubeye Maïga et dont l’opposition y avait pris une part active. La concrétisation de cet Accord politique moribond et saupoudré, s’est vite perçue à travers le débauchage de certains des membres les plus actifs de l’opposition, en l’occurrence, Tiébilé Dramé. Ce fut une des premières transhumances des plus étonnantes et qui continue de faire réagir les maliens en raison du radicalisme combien virulent jusque-là affiché par le président du Parena contre Koulouba.
La dernière nomination en date, est celle de Kadidia Fofana, l’ex-directrice adjointe de campagne de Soumaïla Cissé. Sa nomination a fait exploser les réseaux sociaux des plus sévères commentaires, faisant de Kadidia Fofana, « une mangercrate » au sens réel du terme. L’intéressée, depuis nommée comme Chargée de mission au MAECI, n’a encore daigné piper mot, ni même publier une seule phrase sur sa page officielle en rapport à sa nomination ou en réponse aux diatribes dont elle fait l’objet, étant donné qu’elle est régulièrement très active sur les médias sociaux. Devrait-on finalement en déduire que Kadidia Fofana ait été péniblement atteinte par les nombreuses accusations d’escroquerie politique à lui portées par l’opinion publique ? Son silence, en tout cas, cache bien des choses.
Par ailleurs, devrait-on également en déduire que nous soyons en train de nous diriger tout droit vers un effritement de la classe politique malienne où de fichus prébendiers seraient plus-que-jamais déterminés à sacrifier tout l’héritage politique légué aux futures générations ?
Moulaye DIOP
Source: Le Point du Mali