Après la grève du syndicat de l’hôpital Gabriel Touré, des administrateurs civils, de la section syndicale des financiers du secteur de l’éducation, les surveillants de prison et la centrale syndicale de l’enseignement supérieur à leur tour rejoindront le préavis de grève de l’UNTM sur la table du gouvernement. Cette multiplication de grèves risque d’impacter gravement la réussite de la transition qui n’avait pour mission que la sécurisation du pays et l’organisation d’élections transparentes et crédibles au Mali.
Face à cette situation de plus en plus inquiétante surtout à une circonstance de crise sociopolitique très tendue au Mali, certains qualifient ces grèves d’une tentative de prendre la transition en otage.
Mohamed Ag Assori, un jeune analyste politique, pense que ce n’est pas une hypothèse à exclure, mais rappelle que ce n’est pas une crise qui date d’aujourd’hui. « Chaque année assiste à un retour des syndicats sur la scène politique pour demander l’amélioration de leurs conditions de travail », a-t-il laissé entendre.
Ce qui le désole, c’est que chaque année, le régime en place, au lieu de résoudre définitivement le problème tente juste de le calmer.
Selon le fonctionnaire international, les solutions apportées par les autorités n’ont jamais été d’une vision globale à satisfaire l’ensemble des corporations professionnels : « A chaque fois qu’on résout un problème, il y’ en a un autre à un autre secteur ».
A en croire cet ancien journaliste, le second problème dans cette situation est le caractère politique des mouvements de grève. « On a su faire des syndicats des organisations politisées afin de les utiliser à des fins politiques » a indiqué Assori avant d’ajouter que : « c’est peut-être une stratégie pour certains pour être approcher par les nouvelles autorités ».
Pour Alexis Kalembiri , « cette crise une bonne opportunité pour les autorités de la transition de dire clairement ces différentes revendications ne sont pas tenables par l’Etat » car selon lui, l’ensemble des revendications se chiffre à plus de 1000 milliards de franc CFA . Une somme que le Mali ne peut pas prendre en charge compte tenu des nombreuses difficultés.
Kalembiri a aussi évoqué l’absence d’un statut général pour la fonction publique : « personne n’est encore dans le statut général de la fonction publique. Toutes les corporations ont réussi à quitter le statut général de la fonction publique pour avoir leur statut particulier » a-t-il déploré.
Pour lui, ce que la transition doit négocier, c’est un moratoire pour harmoniser les salaires au Mali. « Que tout le monde accepte qu’on remette tout à plat, qu’on aille dans un statut général, et que les revendications soient reprises là, négocier et déposer pour le pouvoir qui va être là » a-t-il indiqué.
Pour Cheick Oumar Konaré, la transition, à cette allure, est très mal partie. Car selon lui, les autorités se sont délibérément coupées de toutes les forces politiques qui les accompagnaient, non seulement de l’opposition mais aussi de l’ancien régime » a – indiqué l’avocat.
Pour parvenir à résoudre ce problème, l’avocat a proposé une assise pour régulariser tous les salaires de la fonction publique « un même diplôme, un même salaire » a-t-il indiqué.
De son côté, Serge Daniel trouve que ce n’est pas une tentative de prendre en otage la transition.
Selon lui, les syndicats sont totalement dans leur droit de revendiquer une amélioration des conditions de travail.
De ses investigations, ceux qui frustre le plus les syndicalistes, c’est le fait de dire que le Mali vit une circonstance exceptionnelle alors que la gestion du pouvoir donne l’impression d’un partage de gâteau « une vache laitière » a-t-il indiqué. C’est pourquoi, selon lui, les syndicalistes pensent que la résolution de leurs revendications est maintenant ou jamais.
Donc pour une sortie de crise, il faut forcement associer les hommes politiques dans la gestion de la transition, recommande Serge Daniel.
De son côté, le secrétaire général l’UNTM, Yacouba Katilé, a laissé entendre que c’est une question de justice sociale leur combat : « Pourquoi attendre au même moment on est train de servir d’autres sur les plateaux d’or ? » s’est-t-il posé la question avant d’ajouter que : « si on doit donner, donne à tout le monde et au même moment ».
Issa Djiguiba
Source: Le Pays– Mali