Le procédé testé avec succès en Côte d’Ivoire permettrait à un mauvais perdant au Mali de gravir les marches de Koulouba avec la Minusma servant de force supplétive aux troupes françaises.
La Minusma inspire un certain désenchantement par rapport aux espérances qu’elle avait d’abord suscitées. On peut en chercher et trouver la raison dans son inactivité ou sa passivité face à une guerre asymétrique échappant à une résolution classique des conflits. Malgré ses 15.000 hommes déployés sur le terrain, son bilan est risible et sa présence jugée coûteuse, inutile, inefficace, voire néfaste est mal ressentie par la population. Le mandat trop timoré est alors en cause qu’elle tente de compenser par la publication de rapport épinglant les opérations de lutte contre le terrorisme déclenchées par le gouvernement, mais reste muet comme une carpe sur les assassinats de militaires maliens perpétrés par des groupes terroristes. Ce dernier rapport relatif aux événements de Moura, fruit de l’imprécision – entièrement rédigé au conditionnel – et les graves accusations portées laissent deviner que la Mission des nations unies est au service d’intérêts obscurs de puissances étrangères dont la représentation au sein du Conseil de sécurité est érigée en machine de guerre contre les dirigeants hostiles.
Alors que les braves populations assistent impuissants à l’incinération de leurs récoltes, s’ils ne sont pas empêchés de cultiver les champs, ou ne tombent sous les balles d’obscurantistes, alors que les femmes sont victimes de viols à répétition, alors que le bétail est soit abattu, soit emporté, la France embouche la trompette et appelle à la tenue des élections. L’indécence se le dispute avec la mesquinerie.
Le jeu trouble des occidentaux combinant intérêts économiques et ingérence politique à la sauce néocoloniale le pousse à choisir son camp dans les guerres civiles. En témoigne leur basculement en 2002 du côté des Forces nouvelles puis plus officiellement derrière Alassane Dramane Ouattara au détriment de son rival Laurent Gbagbo. L’Onuci a suivi aveuglement les instructions de Paris, outrepassant son mandat de protection des populations civiles pour aller, au début de l’année 2011, bombarder le palais présidentiel de Laurent Gbagbo. D’ailleurs la résolution 1975 du Conseil de sécurité autorisant l’Onuci à recourir à la force porte l’empreinte de la France.
Le coup de massue
Le même procédé allait être à l’œuvre au Mali. La Minusma allait servir de force supplétive aux troupes françaises stationnées dans les pays voisins – Niger, Sénégal, Côte d’Ivoire – pour installer au pouvoir un mauvais perdant à la prochaine présidentielle prêt à servir les intérêts occidentaux sur un plateau d’argent.
Ce scénario est désormais écarté. Le chef de la Minusma, El Ghassim Wane a vu juste en lâchant ces mots : «Mais ce que je veux faire valoir, et tout le monde est d’accord sur ce point, c’est que le maintien de la paix est basé sur le principe du consentement du pays hôte, et sans ce consentement, les opérations sont presque impossibles».
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a vendredi 16 juin dernier enfoncé le dernier clou sur le cercueil de la Minusma en rejetant toutes les options d’évolution du mandat proposé par le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres. «La Minusma semble devenir partie du problème en alimentant les tensions communautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale du Mali», a-t-il martelé. «Cette situation engendre un sentiment de méfiance des populations à l’égard de la Minusma et une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Minusma».
Fanfan
L’Informateur