Les mesures de fermeture des frontières prises par le Comité national de salut du peuple (CNSP) le 19 août 2020 et celles de la CEDEAO suspendant les échanges économiques avec le Mali ont des effets immédiats sur notre économie. Mais l’engagement du CNSP d’offrir les bases d’un nouveau départ pourrait permettre de juguler les conséquences économiques et sociales de cette situation.
Sur le plan purement financier, fermeture des trois agences de la BCEAO. En termes d’émission de monnaie ou de transfert de fonds entre les banques ou les opérateurs économiques du Mali et ceux de l’extérieur, les opérations pourront enregistrer des retards, tout comme pour ceux qui doivent recevoir des paiements, explique M. Kassoum Coulibaly, économiste.
L’autre risque est constitué par les contraintes pour les ménages à faire face à leurs besoins de consommation. Ce qui un impact direct sur le chiffre d’affaires des entreprises. Pour le Mali, pays importateur par excellence de denrées de première nécessité, la fermeture des frontières pourrait signifier un déficit d’approvisionnement et l’épuisement des stocks disponibles.
La spéculation et son impact sur les produits pétroliers et le coût de l’énergie pourraient avoir des effets collatéraux ou accentuer les tensions sociales.
Changement positif ?
Les mesures prônées par la CEDEAO peuvent impacter négativement notre économie, mais pas au point de l’asphyxier, assure le Dr Sékou Diakité, enseignant-chercheur à la FSEG. Parce que le pays échange aussi avec deux pays voisins non membres de l’organisation. Mais, pour ne pas nuire à la bonne santé de l’économie, « le pouvoir doit mettre en place une équipe gouvernementale qui rassure tout d’abord le peuple et rouvrir les frontières », ajoute-t-il.
Il faut aussi envisager des mesures de rationnement et sécuriser les provisions en attendant de trouver des mesures de facilitation, suggère M. Coulibaly. Le repli de la communauté internationale et des investisseurs potentiels sont des conséquences à court terme, mais elles pourraient avoir un revers positif si le CNSP donnait des gages de confiance en transmettant le pouvoir aux civils dans la transparence. Une situation qui pourrait conduire à marquer un point dans la lutte contre la corruption dans un pays qui perd environ 100 milliards de FCFA par an à cause d’elle.
Pour inverser ces effets, les partenaires du Mali doivent comprendre qu’ils sont là pour le peuple et que l’amélioration de la gouvernance visée doit être accompagnée, explique le Dr Abdoulaye Touré, économiste. Le peuple doit être aidé afin de réduire ses souffrances.
Journal du Mali