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Faits divers : SOUL PUNIT « L’INTRUS »

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L’amitié, puis l’amour avaient amené Y. à se montrer assidu à Sikoroni. Chose qui ne plaisait pas à tout le monde

Dans le Bamako d’aujourd’hui, il faut faire très souvent attention à l’endroit où on met le pied. La capitale est certes un immense melting pot qui mêle sans distinction ressortissants de souche et nouveaux arrivants débarquant d’un lointain terroir. Mais elle est aussi un lieu de grands paradoxes qui dans certains quartiers périphériques fait se côtoyer presque sur le même territoire riverains sans histoire et malfrats endurcis. Cette cohabitation est souvent très mal vécue par les simples citoyens. Car elle les expose chaque jour à la possibilité d’incidents désagréables. Comme celui qui a infligé au jeune Y. une cuisante mésaventure.
Récits des faits. Y. et L. étaient des amis d’enfance qui avaient passé plus d’une décennie sans se séparer. Ils avaient grandi ensemble dans le quartier de Banconi où leur amitié était née dans la fréquentation de la même école fondamentale. Leur passion commune pour le football et leur adhésion au même grin les avaient ensuite encore plus rapprochés au point qu’ils étaient devenus de vrais inséparables.
Mais ce lien fut brisé il y a quelques années. Le père de L., qui n’avait aucune envie de s’éterniser dans la location, s’était construit une maison dans le quartier périphérique de Sikoroni en Commune I. L. et ses parents déménagèrent donc dans leur nouvelle demeure. Les deux amis qui étaient déjà devenus des jeunes hommes décidèrent de trouver le moyen de se voir au moins une fois par semaine. En fait, ce fut Y. qui déploya les plus gros efforts pour respecter cet engagement. Il ne se passait pas de week-end sans qu’il ne se rende chez son ami à Sikoroni. Selon sa situation financière, il prenait un taxi ou un minibus pour aller passer la journée du samedi chez son ami d’enfance.
Il rentrait au petit soir en prenant bien garde que l’obscurité ne le piège pas loin de chez lui. Cet exercice était contraignant, mais au nom de l’amitié, Y. s’y pliait volontiers. Il y a quelques mois les choses devinrent plus faciles pour lui. Sa situation matérielle s’était améliorée au point qu’il parvint à s’acheter une moto Djakarta. Ce qui lui libérait complètement l’esprit pour ses déplacements. Y. multiplia donc ses visites à son ami et il fut à un moment tellement fréquent à Sikoroni qu’il finit par s’intégrer dans le grin de que L. fréquentait dans son nouveau lieu de résidence.
DU CHAGRIN ET DE L’AMERTUME. Le hasard se montrant apparemment bienveillant à son égard, Y. fit la connaissance de O., une jeune fille très populaire du quartier. Comme on le dit familièrement, les choses accrochèrent rapidement entre les deux jeunes gens et Y. se trouva ainsi des raisons es de se rendre de manière plus fréquente à Sikoroni. Il ne se doutait pas des périls qu’allait lui amener sa nouvelle relation.
Un samedi, les deux amis décidèrent de passer la soirée dans lieu très fréquenté par la jeunesse et situé dans un quartier voisin. Y. avait souhaité amener sa copine et ce fut donc à trois que le petit groupe rallia en moto le bar-resto en question. Dans un premier temps, tout se déroula dans une excellente ambiance. Le temps vira à l’orage avec l’entrée en scène de deux gaillards. Le premier était un gros bras bien connu des parages. Le second était affublé du surnom de Soul. Quelques mois auparavant, il était le petit ami en titre de O. Mais la jeune fille avait rompu sans ménagement avec lui lorsqu’elle avait fait la connaissance de Y. Pour Soul, la désillusion avait été totale. Non seulement il avait été viré comme un malpropre, mais pire que tout à ses yeux, son successeur était venait d’un autre quartier. Ce deuxième point lui rendait son éviction encore plus pénible à supporter.
Lorsque l’amant délaissé fit son entrée dans le bar resto, la jeune fille le repéra immédiatement et connaissant bien Soul, elle comprit que ce dernier allait provoquer un incident. Mais elle ne voulut pas de paniquer et cacha son trouble à Y. Soul et son gros bras de compagnon s’approchèrent de la table où O. et son désormais nouveau compagnon étaient assis. Ils s’installèrent à une table située non loin de celle du couple et passèrent commande. De logues minutes s’écoulèrent durant lesquelles les deux « ex » s’épiaient du coin de l’œil. O. affichait une parfaite indifférence alors que le chagrin et l’amertume se lisaient sur le visage de Soul.

UNE CAGOULE SUR LE VISAGE. En fait, le garçon avait une idée bien arrêtée en tête. Il s’était fait accompagner par un gros bras pour venir donner une bonne leçon à Y. Pour lui, l’étranger lui avait infligé une double offense en faisant intrusion sur « son » territoire et en lui enlevant « sa »copine. Dans la logique de Soul, Y. n’avait aucune excuse d’avoir quitté son quartier pour venir « pêcher » chez eux. C’était un affront qu’il fallait laver de la manière la plus radicale. La jeune fille, elle, se rendait bien compte que son « ex » ruminait un mauvais coup. Mais elle ne savait pas lequel et hésitait à faire part à Y. de ses pressentiments. Que pouvait-elle d’ailleurs lui dire concrètement, puisque Soul n’avait pas esquissé le moindre geste de menace ?
A un moment donné, le garçon et le gros bras quittèrent le bar resto au grand soulagement de O. Peu après, Y. se mit d’accord avec son ami L. pour que ce dernier s’arrange à rentrer par ses propres moyens. Ce qui permettrait aux deux tourtereaux d’avoir leur programme à eux. Il était déjà presque 2 heures du matin. Le couple prit la direction de Sikoroni. O. jeta des coups d’œil inquiets à droite et à gauche au moment où la moto démarrait, mais nulle part elle ne vit de trace de Soul et de son inquiétant compagnon. Elle crut à tort que son « ex » avait renoncé à ses projets de vengeance. Ce en quoi elle se trompait absolument. Soul avait décidé de monter une embuscade assez loin du bar resto pour éviter que des consommateurs n’interviennent et que des gens ne le reconnaissent.
Au moment où la moto s’engagea dans une ruelle de Sikoroni, des coups de sifflet retentirent dans l’obscurité. Des témoins qui les avaient entendus les ont ensuite interprété comme des signaux donnés par des guetteurs placés par Soul et qui avaient comme mission d’avertir de l’arrivée de Y. L’hypothèse est plus que probable puisque brusquement un gaillard, le visage couvert d’une cagoule, surgit de la pénombre. Il fit tomber le conducteur de la moto, se jeta sur lui et lui balança plusieurs coups au visage à l’aide d’un objet contondant. L’effet de surprise fut total et l’infortuné n’eut pas eu le temps de se défendre. Il se débattit désespérément pour s’extraire des griffes de son agresseur. Mais ce dernier était beaucoup plus plus costaud que sa victime. Pour achever Y., l’homme lui immobilisa la tête à deux mains et lui asséna un formidable coup de boule. Le malheureux jeune homme perdit connaissance et s’affala de tout son long. Son agresseur jugea la leçon suffisante. Il se releva et partit à grandes enjambées dans l’obscurité.

DE SÉRIEUX DOMMAGES. Entretemps, son compagnon avait neutralisé la jeune fille. Sans la violenter, il l’avait trainée de côté, dans un coin d’où elle pourrait voir la correction infligée à son amant. Il avait mis un mouchoir sur la bouche de O., empêchant cette dernière d’émettre le moindre son. La malheureuse assista donc impuissante au passage à tabac de son petit copain. Fort heureusement, la providence se manifesta en faveur du couple.
Pendant que la jeune fille se débattait pour s’extirper des mains de celui qui la retenait de force, un jeune homme arriva sur les lieux. C’était un vrai miracle, car à cette heure tardive les habitants de Sikoroni évitent généralement de se mêler de ce qui ne les concerne pas. Le jeune homme avait eu, lui, le courage de venir voir ce qui se passait. Il avait eu l’attention attirée par les cris étouffés de la jeune fille. Il avait quitté un groupe de jeunes, assis non loin du champ de bataille pour porter secours aux agressés. Les autres membres de son grin avaient refusé de le suivre. Pour eux, les cris provenaient d’un couple en train de se battre comme cela arrive très souvent à Bamako, surtout à des heures indues. Ce fut grâce donc au courage de l’inconnu que la jeune fille et son copain furent sauvés des mains de leurs agresseurs. L’homme qui tenait O. lâcha celle-ci et prit le large.
Malheureusement pour lui, Y. s’en tirait avec de sérieux dommages. Outre ses blessures, il perdit sa moto et son téléphone portable. Transporté d’urgence à l’hôpital, il ne retrouva ses esprits que le jour suivant. Il se dirigea directement au commissariat le plus proche pour faire une déclaration de perte de sa moto Djakarta et de son téléphone portable. Une dizaine de jours après leur agression, O. apprendra par divers témoignages l’implication de son ex-compagnon dans l’agression. Soul serait le commanditaire de l’opération punitive montée contre son « concurrent ». Informé à son tour, Y. retourna au commissariat pour déposer une plainte contre le suspect pour vol et agression. Le jeune inconnu aurait, pour sa part, juré n’avoir pas vu la moindre trace d’un engin à deux roues au moment où il arrivait pour porter secours à la jeune fille. Soul et son compagnon seraient aujourd’hui activement recherchés par la police. Encore ébranlé par les coups reçus, mis à pied à son corps défendant, Y. se résigne pour le moment à la sédentarité. Et ne montre aucune hâte à en sortir. Il a appris de la manière la plus violente qui soit qu’à Bamako on ne met pas impunément le pied n’importe où. Et que celui qui est considéré comme un intrus s’expose à un sort extrêmement désagréable.
MH.TRAORÉ

 

source : Essor

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