L’Indice d’accès aux semences en Afrique (TASAI) a présenté, ce mardi 7 juin, les résultats de sa recherche achevée en 2021 sur l’industrie semencière du Mali en collaboration avec la Direction nationale de l’Agriculture. L’objet de la rencontre est de soumettre les résultats obtenus aux discussions des acteurs.
La cérémonie d’ouverture de cet atelier a été présidée par le ministre du Développement rural, Modibo KEITA en présence du représentant de TASAI-Mali, Dr Issouffou KAPRAIN ; du représentant de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), Sami FIRMIN.
Plusieurs acteurs du monde de l’agriculture et de la semence ont pris part à la journée d’échanges et de discussions sur les résultats de l’étude menée par TASAI sur le système semencier au Mali dont la finalité est d’améliorer le contenu document.
« Nous nous attendions des contributions utiles à la finalisation de ce document. Le but ultime est un secteur semencier impactant directement la croissance agricole et économique du Mali », a indiqué le Dr Issouffou KAPRAIN dans ses mots de bienvenue qui avait rappelé auparavant toute l’importance de l’étude menée par TASAI dans une vingtaine de pays africains où il opère.
Les indicateurs de leur structure, a précisé Dr KAPRAIN, constituent des référentiels de comparaison sur l’évolution du secteur semencier entre les pays, et permettent de fournir un outil d’aide à la décision des gouvernants, des bailleurs, des entreprises sur les questions semencières. En clair, a-t-il attesté, les indicateurs rendent un service précieux aux producteurs agricoles.
Exprimant son adhésion à l’étude TASAI, le ministre Modibo KEITA a relevé que le système semencier dynamique joue un rôle essentiel dans le développement de notre secteur agricole. Or, l’agriculture est l’épine dorsale de l’économie malienne, a affirmé le ministre KEITA, en arguant qu’elle est pratiquée par environ 57% de la population active et contribue pour environ 42 % au PIB global.
« Les données pour toute l’Afrique montrent clairement que les pays dotés de systèmes semenciers solides enregistrent également de bonnes performances en matière de production agricole », a déclaré Modibo KEITA.
Or, a-t-il déploré, la performance actuelle du système semencier au Mali est encore faible, et il dispose d’une grande marge d’amélioration, selon le ministre, en référence à l’étude TASAI. Conséquence, le volume de production du Mali est faible comparativement à son potentiel de superficie cultivable.
La preuve, avance le ministre : les producteurs de semences du Burkina Faso ont ainsi produit 6 865 tonnes de semences de maïs en 2019, soit cinq fois le volume produit au Mali. De même pour le Ghana, poursuit-il, qui a produit 10 831 tonnes de semences de maïs en 2019, soit huit fois le volume produit au Mali. Le paradoxe est que le Mali est un pays beaucoup plus grand que le Burkina Faso ou le Ghana.
L’ouverture de la cérémonie a été suivie de la présentation du rapport TASAI sur notre pays qui a constaté des avancées, mais aussi des efforts à consentir pour le développement du secteur semencier.
Ainsi, l’étude sur le Mali révèle de nombreux développements positifs dans le secteur semencier, dont la plupart résultent de progrès récents et de programmes mis en œuvre par le gouvernement. Par ailleurs, le document de recherche identifie également des enjeux pouvant limiter la croissance.
Quant au contexte politique semencier, le Mali dispose d’un large éventail d’instruments politiques alignés avec la réglementation semencière harmonisée de la CEDEAO et mis en œuvre. L’une des principales réussites dans ce domaine a été la création du CNS en 2019 pour superviser l’homologation et l’enregistrement des variétés. Toutefois, le CNS n’est pas en mesure de se réunir régulièrement du fait de contraintes budgétaires, le catalogue des semences n’est pas régulièrement imprimé et le Fonds d’Appui au Secteur Semencier n’est pas encore opérationnel.
L’étude TASAI a également constaté que le Mali ne compte pas suffisamment d’inspecteurs/contrôleurs des semences pour mener à bien le nombre d’inspections de terrain requis et que les inspecteurs/ contrôleurs existants n’ont accès à des transports adaptés pour se rendre sur le terrain. Cette situation est exacerbée par les risques sécuritaires présents dans certaines régions.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin