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Escalade de la violence au Nord: la supercherie

Entre erreurs techniques et manipulation des faits, le communiqué subséquent de l’ambassade de France relatif à une accusation de partialité entre les mouvements armés n’en finit pas de la confondre.

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Attendu, le communiqué est tombé comme pour porter la contradiction aux accusations du Mouvement ‘’Waati Sera’’, qui a tenu un meeting de protestation, jeudi dernier, devant son ambassade à Bamako. Attendu, parce que la diplomatie ne pouvait difficilement faire l’impasse, au regard de la gravité des accusations, sur les faits qui lui sont reprochés.

Le bla-bla
En même temps, ce communiqué était inopportun, parce que n’apportant pas d’éléments ni nouveaux ni convaincants chez l’écrasante majorité des Maliens. À la limite, c’était le communiqué de trop qui met à nue toute l’incongruité de l’intervention de cette puissance aux accointances douteuses avec la Coordination des mouvements armés CMA.
Dans son communiqué, suite au sit-in du Mouvement ‘’Waati sera’’ elle a rappelé ‘’également que l’opération française Barkhane soutient, depuis sa création, l’action des FAMas dans le Nord Mali, notamment, à travers des opérations conjointes. Elle apporte également un appui inconditionnel aux opérations militaires de coopération transfrontalière du Mali avec ses voisins et à la mise en place de la force conjointe du G5 Sahel. L’action de Barkhane s’opère à la demande des autorités maliennes et dans le strict respect des dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ainsi que des décisions du Comité technique de sécurité’’.

Des erreurs techniques
La première, la plus flagrante porte sur la désignation du ‘’Comité technique de sécurité’’. Dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, au niveau des dispositions intérimaires, en annexe II, il est plutôt écrit : ‘’ sous l’égide de la Sous-commission Défense et Sécurité du Comité de suivi du présent accord, il est créé une Commission Technique de Sécurité (CTS) qui reprend les attributions de la Commission Technique Mixte de Sécurité (CTMS) issue de l’accord de Ouagadougou et élargie le 16 Septembre 2014 à Alger’’.
Il est question de ‘’Commission’’ et non de ‘’Comité’’. Si cette différence peut être mise sur le compte d’une erreur typographique, elle traduit, dans tous les cas, une légèreté imputable à une précipitation, si ce n’est une panique tout simplement.
Dans le communiqué, on relève que la Force incriminée agit ‘’à la demande des autorités maliennes…’’
Artifice ! Nulle part n’apparaît la demande d’une quelconque autorité malienne adressée à cette Force à vocation anti-terroriste de saisir les armes lourdes d’un Groupe d’Autodéfense, notamment Touareg Imghads et Alliés (GATIA). Il n’y avait pas de quitus des autorités nationales, pas plus qu’il n’y en avait quand elle a décidé, incognito, de signer un accord avec le chef d’état-major de la CMA, le colonel Najim, établissant une zone temporaire de sécurité (ZTS) sur l’axe Anéfis-Almoustarat de 10 km des deux côtés de la route. En somme, une zone d’exclusion.
Au demeurant, cette Force n’a toujours agi qu’en fonction de son ressenti.
La Force en question, selon le communiqué, agit ‘’(…) et dans le strict respect des dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger’’.
À moins de ne pas avoir entre les mains, le même document d’accord, nulle part cette Force n’a pour mission d’interposition entre les Parties signataires, a fortiori d’agir contre un camp au bénéfice évident de l’autre. Cette Force n’est mentionnée que dans les différentes résolutions pour apporter son soutien aux Forces opérant sur le territoire malien aux fins de stabilisation du pays. Cette mission est clairement dirigée contre les terroristes et non contre un Mouvement signataire, encore moins les FAMAS.
Deux articles de l’Accord auraient pu servir de brèche. Il s’agit de l’article 52 : ‘’La Médiation, sous l’égide de l’Algérie en tant que Chef de file, est le garant politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les Parties. A ce titre, elle :
– continue d’offrir ses bons offices aux Parties ;
– conseille les Parties, en tant que de besoin, dans le processus de mise en œuvre et,
– joue le rôle de dernier recours au double plan politique et moral en cas de graves difficultés de nature à compromettre les objectifs et buts du présent Accord’’.
Et de l’article 54 de l’Accord : ‘’la communauté internationale est garante de la mise en œuvre scrupuleuse du présent Accord et est engagée à accompagner les efforts déployés à cet effet. De façon plus spécifique :
Les Nations unies, I’UA, la CEDEAO, I’UE, I’OCI ainsi que les autres partenaires internationaux, s’engagent à apporter leur plein soutien politique à l’Accord (…)’’.
Cependant, même là, il n’est question que de soutien politique, mais pas d’intervention militaire, parce que c’est de cela qu’il s’agit vu que le GATIA n’a pas volontairement renoncé à ses armes lourdes. Cela sent l’abus à plein nez.
Le communiqué poursuit : ‘’ainsi que des décisions du Comité technique de sécurité’’. Un nouveau leurre au regard de la mission de la CTS. En effet dans l’Accord il est stipulé : ‘’La CTS est chargée notamment :
• d’observer le cessez-le feu entre les parties ;
• d’enquêter sur d’éventuelles violations du cessez le-feu ;
• de mettre à jour les arrangements sécuritaires et les vérifier ;
• de procéder à l’identification et la validation des sites de cantonnement ; et
• de soutenir techniquement le processus d’intégration des ex combattants’’. ‘’(…) La CTS proposera les termes de référence détaillés du Mécanisme Opérationnel de
Coordination (MOC), y compris sa composition et ses missions. Les termes de référence détermineront sur une base inclusive et consensuelle, le nombre de représentants des forces armées et de sécurité et de la Coordination et de
La Plateforme au sein du MOC (…)’’.
Il est clair que le désarmement d’un mouvement ne fait pas partie de sa mission. Logiquement, ce que la CTS ne peut pas elle-même faire, elle ne peut pas mandater une tierce force pour le faire. En conséquence, la demande de soulager le GATIA de ses armes lourdes n’est pas venue de la Commission technique de sécurité.

La manipulation des faits
Pis, il y a une abjecte manipulation des faits. En effet, la dernière réunion de la Commission technique de sécurité s’est tenue le 7 juillet avant l’escalade. Le rapport faisant foi, il n’a été instruit à aucune Force le désarment du GATIA. Donc, l’ambassade a dit une contre vérité en prétendant que sa Force, qui a une vocation anti-terroriste, a reçu l’ordre de désarmer le GATIA.
À l’évidence, tout cela était planifié. La Plateforme dans un communiqué déclare :‘’le 28 juin 2017 en raison des fortes rumeurs d’assaut imminent de la Plateforme sur Kidal, des responsables militaires des forces internationales conduits par le chef de bureau adjoint de la MINUSMA de Kidal et le colonel adjoint du Commandant du secteur Nord ont souhaité et obtenu une rencontre avec des responsables militaires de la Plateforme présents aux environs de Kidal, à Jounhan –poste Plateforme, ces derniers se sont fait accompagner par certains leaders politiques. Au cours de ces échanges, les responsables des deux côtés ont réitéré leurs engagements habituels à savoir qu’il ne sera pas permis à la Plateforme d’attaquer la CMA à l’intérieur de Kidal tout comme les forces internationales ne permettront pas à la CMA de s’attaquer aux forces de la Plateforme stationnées aux alentours de la ville de Kidal’’.
Comme pour insulter l’intelligence des gens la MINUSMA, dans un communiqué du 6 juillet 2017, déclare : ‘’la MINUSMA constate avec consternation et inquiétude, des violations continues et accrues du cessez-le-feu par les deux mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali’’.
La MINUSMA n’a pas le courage d’accuser la CMA, donc, elle indexe les deux mouvements. Elle ne dit surtout pas qu’une partie a été désarmée par Barkhane en prévision d’une attaque imminente de l’autre partie. Où est le sérieux ?

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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