Détenteur d’une licence en Gestion des Ressources Humaines à L’Institut Universitaire de Gestion (IUG) de Bamako, Idrissa Saounera est un jeune écrivain qui compte apporter sa pierre à l’édification de sa nation par sa plume. Déjà auteur du roman “Vague à l’âme” publié chez Edilivre et coauteur de trois recueils de poèmes, à savoir “Hommage à Bouba”, “Hommage à Ramata” et ” Hommage à un jeune soldat inconnu”, il vient de publier un nouvel ouvrage chez Innov Editions intitulé “L’épée de la liberté”. Un recueil de poèmes qui traite des thèmes d’actualité dans notre pays. Nous l’avons rencontré au sujet de sa nouvelle publication.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre ouvrage “L’épée de la liberté” ?
Idrissa Saounera : “L’épée de la liberté” est un recueil qui parle un peu de la situation actuelle de notre pays, notamment avec des thèmes comme la guerre, l’espérance de la paix, l’optimisme, la foi, le conseil parental et l’immigration. Je me plains du désordre et des tristes réalités que connait le monde actuel. Cette image horrible du monde d’aujourd’hui me traumatise et me plonge dans de multiples interrogations. Conscient du gouffre vers lequel le monde se dirige, je refuse de me taire car, pour moi, chacun doit contribuer pour sauver l’humanité, d’où cet ouvrage.
Quelle explication donnez-vous à ce titre “L’épée de la liberté” ?
L’épée de la liberté n’est rien d’autre qu’une plume incarnée, une plume qui me permet de m’exprimer sans relâche et de condamner les injustices. C’est cette plume qui représente une kalachnikov pour moi.
Une kalach qui, au lieu de blesser, lutte pour consoler le peuple dans la mélancolie et combat pour que s’installe la liberté et la paix.
Le premier poème de votre recueil est titré “Conflits ambigus” de quels conflits s’agit-il et pourquoi cette ambiguïté ?
Le texte “Conflits ambigus” explique l’attaque du Centre du Mali (Ogossagou) par de soi-disant ethnies du pays, mais en réalité qui ne sont rien d’autre que des criminels nocturnes. Une réaction étrange qui m’a poussé à écrire ce livre.
Qui est selon-vous le “Porteur de l’Afrique” ?
Je suis moi-même le porteur de l’Afrique. Ce texte dévoile mon amour pour ce continent. Il explique combien je suis déterminé à contribuer au développement de l’Afrique. J’ambitionne d’être dans le futur un célèbre écrivain qui prendra la charge de porter l’Afrique dans son dos afin de la porter plus haut. C’est un défi que je me lance ici, c’est celui de mettre l’Afrique sur son véritable équilibre afin qu’elle retrouve sa liberté sur tous les plans.
Vous rendez également un hommage à la femme à travers notamment deux poèmes “O Femmes” et “Ma mère”. Pourquoi ?
Par le poème “O Femmes”, je chante les louanges des femmes. Nos mamans, nos raisons de vivre sans lesquelles notre avenir demeure camouflé et sans importance. Le texte met aussi un point particulier sur les femmes qui sont instruites et qui sont dans nos administrations, sans la présence desquelles la rigueur et la discipline sont exclues. Quant au poème “Ma mère”, il parle de ma mère qui me porta pendant neuf mois. Ce texte est imaginaire, puisque, en résumé, c’est depuis le fœtus que je pense et que j’écris ce poème. Afin de partager la souffrance de ma mère et toutes les mamans du monde.
Pourquoi un poème sur l’émigration ?
J’avais envie de partir par la voix maritime le moment où j’écrivais ce texte. Mais j’oubliais en cette période que beaucoup d’âmes y laissèrent la vie. Certes, beaucoup de mes frères ont rejoint l’Europe par cette voie, mais en vérité, partir était la solution dans les milieux soninkés. Ne pas songer partir nous dévalorisait aux yeux de la société. Mais conscient du gouffre et de tous ces désastres, j’ai préféré écrire que partir. Et cet amour d’aller en Occident par la Méditerranée a disparu au moment où je décidais de rester, d’écrire mes aspirations, que d’aller sacrifier ma vie.
Quels sentiments d’avoir publié votre premier ouvrage ?
J’étais émerveillé telle une colombe pacifique. C’était le plus grand jour de ma vie. Puisque ce rêve de me voir publier un jour me tenait vraiment à cœur. Cette publication a permis à mon cher père de croire en mon rêve d’écrivain.
Qu’est-ce qui vous motive à écrire ?
L’écriture est comme un héritage pour moi. Je l’ai hérité de mes prédécesseurs tels que Amadou Hampaté Ba, Seydou Badian, Massan Makan Diabaté. J’écris des choses qui ne peuvent être oubliées. J’écris car les paroles s’envolent mais les écrits restent. L’écriture est une source qui comble ma soif. C’est une activité libératrice et réconfortante me permettant de trouver la paix après une profonde amertume ou une action émouvante et triste. L’écriture est une passion qui me permet de me divertir afin d’oublier mes peines.
Quel est votre genre littéraire de préférence et pourquoi ?
Bon ! Mon genre de préférence est sans doute la poésie, plus facile et plus accessible à ma connaissance. C’est un genre qui permet de vite passer les messages et c’est certes le genre littéraire que j’aime de plus. Elle est à mon avis très simple, facile à lire et à comprendre. En plus de la poésie, je me focalise aussi sur d’autres genres comme le roman et la nouvelle.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
“L’épée de la liberté” ne sera pas ma dernière publication. Je ne m’arrêterai pas. Tant que je continuerai à vivre, ma plume restera aussi vivante. Je vais écrire des témoignages, des paroles saintes, avant de m’en aller de ce monde. Je ne souhaiterais la paix dans ma dernière demeure tant que je ne laisserai pas quelque chose de bénéfique pour la postérité.
Réalisée par Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali