La tenue des élections générales (présidentielle et législatives) a consacré définitivement le retour du Mali à la normalité constitutionnelle. En dépit de ces succès, le processus de sortie de crise notamment les négociations avec les groupes armées, qui détiennent toujours les armes, n’évolue pas à hauteur de souhait. Kidal échappe toujours au contrôle du gouvernement légitime de Bamako. Le cas Kidal semble difficile à gérer. Ce qui témoigne toute la complexité de la situation.
Aucune constipation ou cécité intellectuelle ne doit nous faire oublier que le Mali est un pays sous assistance internationale pour ne pas dire sous tutelle internationale. Et que toute recherche de solution à cette crise impliquera nécessairement le concours de cette communauté internationale. Pour s’en rendre compte, il suffit de relire l’article 23 de l’Accord d’Ouagadougou du 18 juin 2013 : « En cas de difficulté de mise en œuvre ou d’interprétation des dispositions du présent Accord, les Parties s’engagent à trouver une solution par la concertation. A défaut d’un accord par la concertation, elles s’en remettront à la conciliation du Représentant de l’Union Africaine, du Représentant des Nations Unies et du Représentant du Médiateur de la CEDEAO ».
Le peuple et ses gouvernants gagneraient mieux à ne pas gêner certains partenaires qui détiennent sans nul doute la clé d’une partie de solution à notre crise. Des accusations, même si elles pourraient ne pas être dénuées de tout fondement, causeront trop de mal. Evitons-les donc ! Là, il ne s’agit non pas de se résigner mais plutôt de faire preuve de pragmatisme et de réalisme.
A l’aune des pourparlers inclusifs, qui peinent à s’ouvrir en dépit de l’insistance de la communauté internationale comme l’a demandé le chef de la mission africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, à la 45ème session de la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao, trop d’interrogations et d’incertitudes planent sur notre capacité à trouver les solutions idoines à notre crise. Sur la scène internationale, les traîtres du Mnla qui traitent aujourd’hui avec des Etats continuent de damner le pion à la diplomatie malienne qui cache mal ses propres échecs. Voilà, une autre source d’inquiétudes. Faisons attention !
Le Président de la République aurait-il dû ouvrir plusieurs fronts à la même période ? Quelles peuvent être leurs répercussions positives ou négatives sur la Résolution des grands dossiers comme la crise au nord du pays ? Difficile de répondre. Mais, il est important qu’il y ait un certain calme à Bamako avant de s’attaquer au problème du nord.
La tension sociale ne cesse de monter avec des menaces de marche dont la plus dangereuse est prévue ce 8 avril par le Syndicat national de la police soutenu par le Mouvement Populaire du 22 mars. De tel mouvement risque de s’accentuer après la mise en place d’un nouveau gouvernement.
En ces moments d’interrogations et d’incertitudes sur l’avenir du pays, il est important que la Presse, tout comme les autres piliers de la nation, joue convenablement son rôle de gardien de la démocratie. Ce ne sont pas avec des propos incendiaires ou accablants contre un tel ou tel que nous serons en mesure de construire un nouveau Mali. Disons juste la vérité ! Et faisons attention !
Par Chiaka Doumbia
SOURCE: Le Challenger