Les Mauritaniens étaient aux urnes le samedi dernier pour les élections législatives, régionales et locales. Les 15 poids lourds de l’opposition n’ont pas manqué, dès la fermeture des bureaux de vote, d’évoquer les cas de fraudes massives, mais leur accusation a été rejetée par les observateurs de l’Union africaine le lundi dernier, à l’issue d’une conférence de presse.
Crise postélectorale en Mauritanie ! Juste après la fermeture des bureaux de vote le samedi dernier, 15 partis d’opposition ont tenu une conférence de presse visant à évoquer les cas de fraudes constatés lors de ce scrutin législatif, régional et local. Des fraudes consistant notamment au déplacement des bureaux de vote de certains électeurs à la dernière minute, créant ainsi de la cacophonie puisque les électeurs concernés ont eu de la peine à pouvoir retrouver leur bureau de vote.
Aux dires des partis de l’opposition, cette élection a été jalonnée de fraudes massives au profit de l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir. C’est ce que témoignent ces propos de Hamidou Baba Kané, président du Mouvement pour la refondation (MPR) sur les ondes de la RFI : « À l’école 5 de Tavla Zine, c’est le candidat maire de l’UPR [Union pour la République, parti au pouvoir] qui s’est pointé avec une voiture et flanqué de policiers. Donc on a bien l’implication de l’administration. Et ils ont voulu embarquer les urnes au prétexte que le président du bureau de vote est fatigué, et que par conséquent le comptage va continuer à être fait au niveau de la Céni. Le cas le plus flagrant d’ailleurs que je voudrais mettre à la disposition de la presse, c’est le cas qui s’est passé à Tchekane. À la fin du dépouillement, le président du bureau de vote a refusé de donner au représentant du MPR le PV du dépouillement de la commune de Tchekane, sous prétexte qu’ils n’ont pas fini et qu’il faut revenir le lendemain pour prendre le PV. Or le même soir, ils ont donné le PV au représentant de l’UPR ».
Toutes ces accusations ont été rejetées par les observateurs de l’Union africaine. C’est dans ce cadre que le chef de cette mission d’observation, Albert Pahimi Padacké, reconnait ces déplacements anarchiques de bureaux de vote, mais ne croit en aucun cas que cela puisse entamer la crédibilité de cette élection. « En effet, ce problème s’est posé au début. Naturellement, les électeurs, ceux qui se trouvent dans la partie redéployée ont dû chercher leur nouveau bureau de vote et avec l’aide des téléphones mobiles, un numéro 1717 a permis à chaque électeur de pouvoir retrouver la position de son bureau de vote. Mais c’est tout ce que nous avons observé. Il est prématuré de dire aujourd’hui qu’il y a eu des fraudes massives qui impacteraient négativement le scrutin. Il n’a pas été relevé de cas à même de compromettre la validité du scrutin », a-t-il martelé.
Avec cette habitude à la fraude aux élections et des observateurs qui observent sans rien voir et valident tout, les crises postélectorales sont devenues l’autre nom des démocraties africaines.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays