Colonel Moussa Sinko Coulibaly
A quelques encablures du scrutin présidentiel, des interrogations continuent de surgir de tous les horizons. En effet, ces échéances électorales qui doivent se tenir si tout se passe comme prévu courant juillet 2013, constituent la préoccupation majeure des plus hautes autorités de la transition et des populations. Cependant l’état des préparatifs, la mise à disposition des documents électoraux, l’épineuse question du retour de l’Administration d’Etat, des personnes déplacées et des réfugiés dans les zones reconquises et surtout l’instauration d’un climat de sécurité au nord, font que tout laisse à penser que le Mali se trouve face à une équation à multiples inconnues. Le scrutin aura t- il lieu à la date prévue ? C’est la question principale qui taraude les esprits.
Pourtant l’organisation de ces élections est une exigence de la communauté internationale. Pour preuve, on se rappelle, il y quelques semaines de la déclaration du Président Français à ce sujet. Ce dernier (François Hollande avait affirmé qu’il serait intraitable sur la question.
Malgré cette exigence ou « mise en garde » l’incertitude et le doute semble gagner du terrain. On constate malheureusement une volonté mitigée de la part des acteurs impliqués dans la gestion du processus électoral. La classe politique qui patauge, affiche un manque de mobilisation qui devrait inciter les militants à la base à jouer pleinement leur rôle. Il ne s’agit pas cette fois ci d’attendre la dernière minute pour chercher à s’approcher des électeurs. Toute chose qui ne serait que de l’achat de conscience comme il l’a toujours été. Au niveau de l’organisation matériel et technique, la situation des listes électorales issues du RAVEC, la problématique des bureaux de vote, la question de la carte NINA, ne sont- ils pas des éléments qui indiquent qu’on doit s’attendre à des élections qui ne pourront pas être à hauteur des attentes ? Il y a de ce fait, de quoi à s’inquiéter sur la transparence et sur la crédibilité des résultats qui seront donnés.
L’autre défi à relever, c’est le déroulement du scrutin dans un climat apaisé. On sait que la crise institutionnelle et sécuritaire qui a secoué le Mali, a aussi créé une fissure dans les rapports sociaux professionnels. La nouvelle commission de dialogue et de conciliation aura t- elle le temps nécessaire pour faire rapprocher les différentes couches sociales afin de contribuer à la consolidation de la cohésion nationale ? C’est le lieu de signaler que cette réconciliation ne peut être effectuée sans l’implication de la justice qui doit trancher les cas de crimes et violations de droit de l’homme. Il s’agira, pas seulement de s’asseoir autour d’une table ou dans un lieu de culte pour se pardonner, mais plutôt que justice soit faite et rendue sur la base de la légalité et de l’égalité. Au rythme actuel, les maliens iront aux élections forcément en rangs dispersés. Chacun votera à sa façon sans conviction réelle pour l’unité de la nation. Devant une telle épreuve devrons nous d’ores et déjà craindre des conflits post- électoraux. C’est pour toutes ces raisons que les uns et les autres doivent se mettre à l’évidence que l’enjeu est de taille.
La réussite de ces élections générales nécessite la ferme implication de toutes les volontés pour permettre au Mali de repartir sur de nouvelles bases démocratiques. Ce qui devra ouvrir la voie à l’instauration d’un Etat fort avec des institutions solides, compétentes et capables de répondre aux aspirations des populations.
Jean GOITA