Au Mali, les élections ont leurs propres réalités qui, pour la plupart, ne répondent à aucune règle authentiquement démocratique. Des candidats sérieux et honnêtes, avec de nobles et sincères ambitions, n’accèdent généralement pas à la victoire électorale. Par contre, ce sont des politiciens véreux, imposteurs, populistes et opportunistes fieffés, acheteurs de consciences et autres marchands d’illusions qui ont très souvent accès aux postes électifs au Mali et l’on sait toujours ce qui s’ensuit une fois élus auxdits postes.
Depuis des décennies, les milliards du contribuable malien, engloutis dans les partis politiques et dont une partie devrait servir à financer la formation civique des masses électorales, n’ont manifestement rien servi, au regard du paysage électoral profondément lamentable ainsi que le degré de dégradation alarmant de la conscience populaire malienne. Au contraire, les fonds publics annuellement allouées aux partis politiques et sans aucune espèce d’audit par la suite, servent plutôt à financer l’achat des consciences des masses électorales aussi bien que les opérations de propagande en faveur desdites formations politiques.
Mais malgré cela, l’Etat continue de financer ces monstres sociaux sans aucune utilité idéologique pour la conscience populaire nationale. Même certains micro-partis n’ayant aucun poids politique sur l’échiquier national, reçoivent des financements publics qui ne bénéficient essentiellement qu’à l’état-major du parti. En substance, le système est conçu de telle sorte que le peuple en sorte toujours perdant. Ainsi, nul besoin d’espérer que les individus élus dans d’aussi brumeuses conditions, puissent songer à servir l’intérêt du peuple. Aussi, le système politique et institutionnel est conçu de nature à ce que tous ceux qui en sont issus, soient atteints du virus de la malhonnêteté, la corruption et même la propension à la criminalité.
Par contre, les citoyens noblement ambitieux, désireux de changer le visage d’un système politique et électoral pourri, sont souvent vus par le peuple comme des « plaisantins » car s‘étant refusés à toute forme d’achat de consciences ou de démagogie. Les masses électorales maliennes, à force d’être formatées dans l’illusion, la facilité et le mensonge, ont fini par percevoir les candidats sérieux comme des « utopistes ». En revanche, les candidats qui viennent vers l’électorat avec des projets irréalisables et, à la limite, ridicules, en leur proposant une quantité variée de ressources en échange de leur voix, sont généralement ceux qui sont adulés par la population mais qui ne songeront jamais à servir son bien.
Voilà pourquoi, lors des élections au Mali, les candidats sérieux ne seront presque toujours jamais élus et ceux qui seront élus, ne seront presque toujours jamais sérieux face au peuple.
Moulaye DIOP