Au Burundi, la tension ne cesse de monter à l’approche des élections de mai et de juin, et elle se cristallise autour d’un éventuel troisième mandat pour le président Nkurunziza. L’opposition a juré qu’elle s’y opposera de toutes ses forces, ses soutiens disent le contraire. Et l’Eglise catholique, première force morale du Burundi, a pris position contre. Reportage.
Ce dimanche, au fin fond de la campagne burundaise, dans la province de Gitega (centre), une messe célébrée dans l’église de Kiryama par l’archevêque de Gitega, Mgr Simon Ntamwana, l’un des prélats les plus respectés dans ce pays, est l’occasion pour RFI d’en savoir plus sur la position de l’Eglise.
Plus d’un millier de fidèles se sont rassemblés sur place pour écouter Mgr Simon Ntamwana, qui fait le tour de ses paroissiens depuis plusieurs mois. Depuis vendredi, la toute puissante Eglise catholique du Burundi a lancé une neuvaine, neuf jours de prière pour que l’alternance à la tête de l’Etat se fasse en douceur.
« Nous pensons que le président Pierre Nkurunziza a bel et bien terminé ses deux mandats », explique l’archevêque à RFI. Mais quel sera son message aux fidèles ? « Ah ! Moi, je vais leur dire de choisir complètement et calmement ce que la loi que nous avons ratifiée dit. »
Après une longue messe qui n’a semble-t-il ennuyé personne, une jeune croyante a apparemment compris le message. « Il y a un nombre de mandats qu’on ne peut pas dépasser et comme l’Eglise nous l’a dit, je pense que ce serait bien s’il ne se représente pas car Nkurunziza est au bout de ses deux mandats, a-t-elle confié à RFI. Je vais suivre les directives de l’Eglise au moment du vote. »
Longin Ciza est un agriculteur de 30 ans. Il appelle l’Eglise catholique à user de tout son poids pour empêcher l’irréparable au Burundi. « L’Eglise catholique a de nombreux fidèles et ses évêques ont un grand poids. S’ils se décident à dire qu’en réalité, on a déjà voté à deux reprises pour le président, ils disent la vérité, car ils connaissent beaucoup de choses. Qu’ils se mobilisent pour ce combat et nous allons les soutenir, sinon on risque de retomber dans la guerre, alors qu’on pensait qu’elle était derrière nous. »
La question est maintenant de savoir jusqu’où ira l’influence de la première Eglise de ce pays.
Source: RFI