Le refus de l’Afrique du Sud en 2015 d’arrêter le président soudanais, Omar el-Béchir, poursuivi pour génocide, a donné lieu vendredi à une audience inédite de la Cour pénale internationale.
“Il n’est et n’était pas du devoir de l’Afrique du Sud, aux termes du droit international, d’arrêter le chef en exercice d’un État non-membre de la Cour comme Omar el-Béchir”. Pretoria s’est défendue, lors d’une audience inédite devant la Cour pénale internationale (CPI), vendredi 7 avril, d’avoir violé aucune loi ni aucune règle en refusant d’arrêter sur son sol en 2015 le président soudanais Omar el-Béchir, poursuivi pour génocide. Dire Tladi, conseiller légal de l’Afrique du Sud, a, par ailleurs, dénoncé au cours de l’audience “l’incohérence et le manque de clarté” des lois, des règles et de la jurisprudence.
Omar el-Béchir est visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par la CPI en 2009 et 2010 pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au Darfour, province de l’ouest du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile qui a fait 330 000 morts, selon l’ONU. Mais le président soudanais, qui nie fermement ces accusations, est toujours au pouvoir et continue de voyager régulièrement en Afrique sans être inquiété.
À la mi-juin 2015, Pretoria avait ainsi laissé Omar el-Béchir rentrer chez lui après sa participation à un sommet de l’Union africaine (UA) à Johannesburg. L’Afrique du Sud “avait la possibilité de l’arrêter (…) et a choisi de ne pas le faire”, permettant à son avion de décoller d’une base militaire, a affirmé vendredi Julian Nicholls, représentant de l’accusation. Évoquant son “rôle de pacificateur sur le continent”, le gouvernement sud-africain assure s’être retrouvé partagé entre le respect des règles de la CPI en arrêtant Omar el-Béchir et celui de sa propre législation qui garantit l’immunité présidentielle.
Les juges devront décider si ce pays signataire du Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, a “manqué à ses obligations”, a souligné le juge Cuno Tarfusser. Les juges pourraient décider de renvoyer l’Afrique du Sud devant l’Assemblée des États parties au Statut de Rome et le Conseil de sécurité de l’ONU pour d’éventuelles sanctions. L’accusation estime une telle mesure nécessaire “pour empêcher que cela ne se reproduise à l’avenir”.
Avec AFP