Le parti historique de l’opposition congolaise a condamné samedi la nomination d’un de ses dissidents au poste de Premier ministre de la République démocratique du Congo pour sortir le pays de la crise politique.
« La nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre est un scénario de mauvais goût qui terni à la fois l’image (du président) Joseph Kabila et de la RDC », a déclaré à l’AFP Augustin Kabuya, porte-parole de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti fondé par l’opposant historique Etienne Tshisekedi, au lendemain de cette nomination.
« C’est une récompense à la trahison, c’est une distraction », a-t-il ajouté.
M. Tshibala (61 ans) a été désigné vendredi Premier ministre par le président Kabila. Sa nomination découle d’un accord de cogestion de la transition conclu le 31 décembre entre l’opposition et la majorité pour tenter de sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de M. Kabila après le 20 décembre, fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel.
Porte-parole du Rassemblement constitué autour d’Étienne Tshisekedi, M. Tshibala a contesté la légitimité du fils Tshisekedi, Félix, à la tête de l’opposition après la mort de son père le 1er février à 84 ans et a été exclu fin février du Rassemblement et de l’UDPS, dont il était l’un des principaux dirigeants.
La mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre a été beaucoup plus longue que ne l’espéraient les évêques catholiques congolais ayant permis son accouchement : la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition aurait en effet dû intervenir dans le courant du mois de janvier, selon le programme d’application de l’accord proposé par les prélats.
M. Kabuya a réitéré l’appel de l’UDPS à manifester lundi pour exiger l’application de l’accord de la Saint Sylvestre 2016.
Signataire de ce compromis, le porte-parole du gouvernement sortant, Lambert Mende, a estimé vendredi que la décision présidentielle respectait « l’esprit et la lettre de l’accord » qui prévoit une cogestion du pays jusqu’à la tenue d’une présidentielle avant la fin de l’année.
Après plus de trois mois de tergiversations autour du partage des postes entre pouvoir et opposition mais également en raison de dissension au sein du Rassemblement, la tenue de cette élection dans le délai prévu apparaît hautement incertaine.