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Des suspects mauritaniens visés par des tirs des Famas à la frontière entre les deux pays : 01 mort, 04 blessés… Nouakchott accuse ! Bamako s’indigne

La tension monte inexorablement entre les deux capitales après la libération par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, il y a une dizaine de jours, de Sanda Ould Boumama auteur des atrocités au Mali durant l’occupation des régions du Nord; une libération vertement dénoncée à Bamako et suivie, jeudi dernier, par des tirs des FAMAS, visant des ressortissants mauritaniens à la frontière entre les deux pays… Nouakchott s’apprête à protester pendant que Bamako s’indigne.

route kayes frontiere peage senegal mauritanie cote ivoireLa tension monte inexorablement entre les deux capitales après la libération par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, il y a une dizaine de jours, de Sanda Ould Boumama auteur des atrocités au Mali durant l’occupation des régions du Nord; une libération vertement dénoncée à Bamako et suivie, jeudi dernier, par des tirs des FAMAS, visant des ressortissants mauritaniens à la frontière entre les deux pays… Nouakchott s’apprête à protester pendant que Bamako s’indigne.

Jeudi 13 Août ! Un véhicule immatriculé au Mali et à son bord 05 ressortissants mauritaniens en plus du chauffeur, tente de traverser le territoire malien, entre Diabaly et Nampala.  Les occupants venaient de la Côte d’Ivoire et tentaient de joindre la Mauritanie. Ils soutiennent avoir été pris pour cibles par les FAMAS aussi bien à Diabaly qu’à Nampala, non loin de la frontière. On déplore un mort et quatre blessés.

Ces derniers ont été accueillis à Vassala (la première ville mauritanienne) où ils ont été assistés par les autorités administratives du pays.

Selon la version des rescapés, l’Armée malienne a spontanément ouvert le feu, sans sommation aucune aussi bien à Diabaly qu’à Nampala. Leur chauffeur, soutiennent-ils, a sauté du véhicule et a fui. Les autorités administratives mauritaniennes ont décidé de réagir. Elles ont ouvert une enquête.

Une version anachronique

Cette version des rescapés ne manque de relents. Et pour cause. S’ils ont été doublement attaqués à Diabaly et à Nampala, c’est qu’il y a manifestement un refus d’obtempérer de leur part. Par ailleurs, qui après que le chauffeur ait fui, a donc pris le volant?  Mieux : pour un voyageur en provenance de la Côte d’Ivoire et en route pour la Mauritanie, l’itinéraire la plus opportune et logique est le tronçon de Kolokani – Nara dans la région de Koulikoro au contraire de Diabali-Nampala en quatrième région (Ségou) et par surcroit, potentiellement dangereux. En clair, tout indique que les voyageurs en question étaient suspects.

Et l’incident semble être mis à profit par les autorités mauritanienne pour ériger un semblant de contrepartie en vue de contenir la colère du voisin  suite à la libération de  Sanda Ould Boumama, auteur des atrocités à Tombouctou. Rappelons que ce dernier s’est constitué prisonnier en Mauritanie suite à l’intervention militaire française. Il a été libéré sans jugement lundi dernier après deux ans de détention. Les associations de défense des Droits de l’Homme à Bamako n’ont pas aimé. Officiellement, les deux capitales observent un silence pour le moins assourdissant et gênant.

Un voisin encombrant

En Septembre 2012 toujours dans la même zone (Diabali-Nampala), 16 membres de la secte islamiste Dawa (d’origine pakistanaise)  dont  8 Maliens et 8 Mauritaniens ont été abattus par l’Armée malienne. Dans un communiqué officiel, Nouakchott  a fait part de sa  «sa profonde indignation »  en parlant d’un «massacre barbare perpétré (…) par une unité de l’armée régulière malienne contre 16 paisibles prédicateurs musulmans se rendant à Bamako». Il a, en outre, dénoncé ce qu’il qualifie de «cruauté et d’assassinat collectif injustifiable de prêcheurs innocents désarmés, par des hommes en armes, revêtus de l’uniforme de l’armée régulière» et exigé «une enquête indépendante» à laquelle souhaita être vivement associé.

Pour sa part, Bamako envoya sur place un émissaire en la personne du ministre Tièman Coulibaly qui, en guise d’excuse, a fait part de «la compassion et les regrets du peuple malien». Dans sa version officielle, le gouvernement malien a fait cas du «refus d’obtempérer, qui a poussé l’armée à les traiter comme des ennemis».  Selon toute évidence, l’histoire s’est répétée le jeudi 13 Août dernier.

Mais se peut-il que les maliens aient la gâchette trop facile ou les mauritaniens, des suspects N° 1? C’est certainement l’un et l’autre. La posture des FAMAS se comprend aisément. Puisque soumises à de fortes pressions, et la nervosité aidant, le coup peut vite partir, surtout lorsque l’interpellé observe une attitude douteuse.

Bamako a cependant du mal à expliquer le comportement de son voisin. L’on sait d’ores et déjà que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz a prêté assistance aux différents groupes armés dont le MNLA. Rappelons aussi que c’est en Mauritanie que la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) a été créée. Ce qui ne fut pas du goût de Bamako. La grogne entre les deux capitales remontait déjà à quelques années. Par exemple en septembre  2010, Nouakchott libérait une soixantaine de narcotrafiquants mauritaniens arrêtés par l’Armée malienne et extradés  vers la Mauritanie. Elle ne livra jamais à son voisin, les raisons de ces libérations. La même année, son Armée fit une incursion sur le territoire malien et procéda à l’arrestation de présumés membres d’AQMI et commis beaucoup d’autres exactions sur les populations maliennes. Les personnes arrêtées furent cependant libérées, leur culpabilité n’ayant jamais été établie.

Mais pourquoi diable a-t-elle libéré la soixantaine de suspects mauritaniens arrêtés au Mali et contre lesquels les charges étaient évidentes et interpellé des innocents au Mali et les libérer par la suite faute de preuve ? La réponse est toute simple: de la diversion.

Le régime de Mohamed Abdel Aziz veut juste donner l’impression de lutter contre les narco-jihadistes pendant qu’il constitue la plaque tournante du phénomène. C’est une enquête très sérieuse qui l’atteste.

C’est la Fondation Carnegie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for International Peace) qui l’affirme  dans un rapport publié en Septembre 2012: «Le trafic de cannabis est assuré jusqu’au Nord Mali par des réseaux mauritaniens, marocains et sahraouis. Des officiers de l’armée algérienne seraient aussi impliqués.  À partir du  nord du Mali, d’autres trafiquants arabes maliens qui jouissent de relations familiales et tribales avec la Mauritanie et le Niger, prennent le relai. Ils transportent la marchandise au Nord du Niger ou au sud de l’Algérie pour la destination libyenne. La drogue est  acheminée par la suite en  Europe via les Balkans, en Egypte puis en Israël, ou vers les pays du Golf via le Tchad et le Soudan».

Les commentaires sur ces révélations ont été nombreux. La presse mauritanienne a ajouté  que «La question de la drogue a investi le débat politique en Mauritanie après qu’un député de la majorité française  a accusé le président Mohamed Ould Abdel la Aziz de « parrainage de trafic de drogue ». La Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) a dénoncé « le silence officiel » face à cette « accusation  grave» (ALAKHBAR).

L’aveu de culpabilité est patent ! En tout état de cause, le président mauritanien que l’on sait très proche des groupes islamistes, est désormais l’allié des narcos dans la sous-région. Ce qui explique ces multiples incidents avec son voisin malien.

B.S. Diarra

source :  La Sentinelle

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