La campagne présidentielle d’Ibrahim Boubacar Kéïta a été endeuillée, lundi dernier, par la disparition de Nouhoum Cissé communément appelé par ses intimes ” Abba “, à la suite d’un accident à Goundaga, à 15 km de Sévaré. Selon nos informations, ils étaient trois dans le véhicule 4×4 qui a fait un tonneau. Du coup, le jeune Abba a rendu l’âme à l’âge de 42 ans. Les deux autres, à savoir Seydou Coulibaly et Mohamed Traoré, sont blessés. Ils accompagnaient le président Ibrahim Boubacar Kéïta en campagne électorale dans la région de Mopti.
Nouhoum Cissé dit Abba était, jusqu’à sa disparition, conseiller technique à la Cellule gouvernance et souveraineté du Secrétariat général de la Présidence de la République. Son décès brutal a été accueilli par tous les cadres du pays comme une grande perte. Et le président IBK était très choqué par sa disparition. Raison pour laquelle, il a décidé d’écourter sa campagne pour être présent aux obsèques, qui se sont déroulées, hier mercredi, à Lafiabougou. C’était en présence de plusieurs personnalités du pays. Après les hommages qui lui ont été rendus, Nouhoum Cissé a été conduit en sa dernière demeure au cimetière de Lafiabougou par une foule de grands jours composée de parents, amis, et collaborateurs.
IBK a décoré le brillant fils méritant à la médaille de Officier de l’ordre national du Mali à titre posthume.
“Cher Abba, notre dernière conversation a eu lieu ce lundi 16 juillet 2018 à 10h 45 quand j’étais sur la route de Bandiagara. Arrivé à Bankass, 2 heures de temps après, j’ai appris que tu as perdu la vie suite à un accident mortel sur l’axe Sévaré Bandiagara dans ton combat de faire réélire IBK pour un second mandat. Tu nous as quittés par la volonté de notre créateur qui ne fait que du bien. Abba, ton combat ne sera pas vain. Tu vas nous manquer par ta gentillesse, ton charisme naturel et ton dynamisme constant. Je me rappelle encore quand notre ministre secrétaire général de la Présidence, Monsieur Moustapha Ben Barka, parlait de toi. Il disait tout le temps “Monsieur solution”. Dors en paix, dogo ! Qu’Allah t’accorde le paradis éternel, nous tes collègues, nous te pardonnons et pardonne-nous également. Amen !” témoigne Mamadou Camara dit Madous sur sa page Facebook.
“Je suis effondrée, je n’arrive pas à y croire ! Mon collègue, mon frère, mon voisin de bureau Abba Cissé tu nous a quittés sans un adieu ! Toute la Cellule est inconsolable ! Nous te pleurons, mais que pouvons-nous contre la volonté de Dieu ! Nous prions pour le repos de ton âme ! Tu as été un bon ami, un bon frère, un bon collègue ! Dors en paix Abba !”. Parole de N’Dèye Sissoko.
A.B. HAÏDARA
Témoignages sur le décès de Nouhoum Cissé :
Alassane Souleymane : “Nous pleurons Abba Cissé”
Mort où est ta gloire ? Mort, pourquoi une si grande envie d’être toujours la grande faucheuse ? Tu fauches sans sélection, tu fauches sans avertissement, tu fauches sans pitié ! Tu ne me répondras pas, mais je me consolerai par une formule qui résiste à tout : nous sommes des mortels et tu es au service de Dieu.
Mort, tu emportes Abba Cissé et nous nous plions à la volonté de Dieu. Car je suis sûr que s’il avait été prévenu, Abba ne se serait pas dérobé, car il est fou de Dieu, lui qui vient de la cité religieuse de Djenné et il est fou du travail.
Oui, fou du travail, ce jeune en qui je me reconnais car nous appartenons à la même génération. Abba n’était pas un ami de tous les jours, mais nous nous sentions plus en frères et surtout liés par les liens générationnels, chacun dans son domaine et sur sa trajectoire.
Abba croyait au destin en ce que nous ne le maîtrisons pas. Et depuis 2012, quand nous nous rencontrons nous nous le répétons. Le 21 mars 2012, nous étions tous en pause déjeuner dans la zone ACI, moi agent Ortm et lui agent de l’Administration territoriale, lorsque le destin de notre grand Mali basculait et comme tous nos compatriotes, nous ne savions pas trop ce qu’arrivait.
Personne n’a pu retourner à son service ce jour. La suite pour le pays est connue. La suite pour nous deux ? Six mois après je le retrouve au ministère de l’Administration territoriale. Quelques mois après, il est nommé chargé de mission à la Primature.
Nous nous retrouverons à la Primature pour quelques mois avant que le devoir ne l’appelle à la Présidence comme Conseiller technique. Le point final d’une carrière qui promettait des étincelles et des lauriers dans l’administration publique. Car Abba avait le talent, la déférence débordante pour son âge, le don de l’anticipation et une formidable capacité à s’adapter aux situations pour faire avancer les choses. Il avait le sourire collé aux lèvres et c’est cela que beaucoup d’entre nous regrettons car c’était l’ami, le frère et le collaborateur parfait. J’ai pu voir le vide que tu as fait après ton départ de la Primature.
Dans nos discussions, et en d’autres compagnies, nous avions de projets grands pour notre pays avec cette hantise générationnelle de comment nous tiendrons le gouvernail quand l’heure aura sonné. L’heure de la gouvernance, ce mot que tu adores. Et en qui tu vois ta trajectoire.
Une autre heure à hélas sonné, fatidique, celle de l’adieu. Tu es parti. Nous te pleurons. En nous consolant que tu ne fais que nous devancer.
En résumé, comme l’a dit Ismaël Sacko, c’est une grosse perte pour notre génération.
Tu laisses une œuvre, une passion du service public, l’exemplarité dans le dévouement professionnel, dans l’amitié et la fraternité.
Dors en paix, Abba !
Thiambel Guimbayara :” Le frère, l’ami et le collègue tire sa révérence ! ”
Tel un propos prémonitoire, ce lundi matin sur le chemin du bureau, un air de tristesse m’envahit par rapport à cette campagne présidentielle sans pouvoir me l’expliquer. Loin de moi de penser à un destin tragique d’un jeune homme que j’avais dans mon estime. Toutes les missions sur Bamako, nous sommes en contact régulier pour la bonne réussite du déplacement.
Dans votre bureau à la présidence de la République du Mali avant les audiences aux responsables, après les entretiens pour débriefing. Le sommet du G5 Sahel à Bamako, la sortie du livre sur le président de la République du Mali, la visite du chef d’État français au Mali, le plan de communication sur le Mali en France, ta touche visible. Ton large sourire malgré les difficultés, ta bonne mine alors que la situation était insoutenable. Tes tapes dans le dos pour encourager face à la situation délicate et au découragement. Ce voyage à Paris que tu ne feras pas sur invitation de la conseillère en communication de Macron.
Ce dîner au bord de la Seine, avec des amis journalistes qui te connaissent tous sur image au téléphone, ne viendra point. Ainsi donc tu t’en es allé sur la route de Sévaré, ce lundi 16 Juillet 2018 au matin suite à un accident de circulation. Tu tires ta révérence à une étape particulière de la vie de notre nation : une campagne électorale pour la présidentielle au Mali. Ta mission s’arrête là, sur la visite des régions du centre du Mali par la délégation du président sortant IBK. Tu ne poursuivras pas pour la première fois ce voyage à la différence de toutes les autres missions menées au service de l’état en cinq ans à travers le Mali. Je me souviendrai de ton accueil chaleureux au portail de palais de Koulouba, De ta compagnie joviale dans ton bureau, de ton accompagnement sur le perron du palais, au poste de garde présidentielle de la présidence de la République du Mali. Notre rencontre insolite devant le bureau du général Didier Dacko, au bureau de Modibo Niangadou dans l’ACI, à Koutiala sur le terrain pour la visite présidentielle. Je garderai de toi la volonté de servir son prochain, la foi en un Mali meilleur, la disponibilité, la gentillesse et la courtoisie. Je te pardonne mon cher Abba ! Pardonnes mon regard si une fois je t’ai blessé, mes allusions si je venais à te vexer. Gardes à jamais mes confidences sur chaque responsable de ce pays que nous avions rencontrés ensemble au service de la nation. Ta mission est achevée par la volonté de Dieu. On ne peut rien contre la volonté du tout puissant. Ainsi va la vie des êtres humains sur cette terre nous sommes tous de passage.
Dors en paix ! Ta mort ne sera pas vaine ! Inchallah !
Ton frère, ami et collègue !
Source: Aujourd’hui-Mali