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Dans cet entretien exclusif, Nana Diaby évoque, entre autres, ses projets sur l’émission Phiphi show diffusée sur l’Ortm, ses différentes distinctions au plan international…

  • «Mon modèle, c’est ma mère qui me pousse au quotidien à ne rien lâcher»

 «Etre parmi les 100 jeunes africains les plus influents 2017 représente une reconnaissance que je pense mériter»

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Aujourd’hui : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

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Nana Diaby: Je suis jeune leader active et directrice de l’agence de communication Phiphi+, membre du Groupement professionnel des agences de communication du Mali (Gpac). Je fais office de maitresse de cérémonie par moment et en même temps animatrice, infographe à mes heures perdues et productrice d’un concept de programme télé qui est diffusé sur l’Ortm. Il s’agit bien de l’émission «Le Phiphi Show».

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Il faut préciser que je suis diplômée en Master II en management  et stratégie des entreprises option Marketing avant lequel j’ai eu un Bachelor en marketing en France. Je suis bilingue car je parle couramment le français et l’anglais, après des études et stages en France, Berlin, USA et Ouagadougou. J’ai une vie associative assez animée. Ce qui occupe mes weekends.

Mais c’est quoi la différence entre Phiphi+ et Phiphi Show? 

A un moment donné de ma vie, je me suis demandé comment concilier ma passion qui est l’animation et en même temps exercer mon métier de communicatrice. Suite à cela, j’ai créé une agence de communication qui s’appelle Phiphi+ et pour ne pas avoir deux entités différentes, j’ai fait le choix que le Phiphi Show va être un produit de l’agence Phiphi+. Je produis mon show et je me débrouille avec les recettes à l’agence pour le financer. Nous avons déjà du matériel de production et événementiel qu’on loue pour nous en sortir, mais nous sommes toujours à la quête de sponsors potentiels. Certes nous avons un partenariat avec l’Ortm qui nous aide beaucoup, en plus de la diffusion de l’émission ainsi que des partenaires.

Comment est venue cette idée de vous lancer dans l’entreprenariat, surtout dans un pays comme le Mali ? 

Le choix d’animer m’est venu après le coup d’Etat. A l’époque je travaillais à la Radio Klédu et j’étais directrice déléguée du magazine «Le Dourouni». J’étais aussi chargée de communication interne de l’Agence Klédu communication sur les deux radios, Klédu et K2fm. C’est après le coup d’Etat que j’ai eu une révélation car en 1991, j’étais très jeune et je ne réalisais pas vraiment les conséquences d’un coup d’Etat. Mais celui-là ma vraiment affectée et de là est venu le déclic du Phiphi Show.

Depuis toute petite, l’animation était une seconde nature et un projet que j’avais en tête, mais que je remettais toujours à plus tard. A la base, l’idée était de faire du coaching sur les réseaux sociaux parce qu’actuellement cela est très tendance et les jeunes y sont supers actifs, notamment sur Facebook. Je voulais donner des solutions aux petits problèmes que chacun de nous peut rencontrer au quotidien. L’idée est partie de là et ensuite je me suis intéressée au développement personnel. C’est pourquoi j’ai fait une formation à distance dans une école à Dakar pour être certifiée. Je pense qu’il est temps pour notre génération de se prendre en charge, le sens de nos responsabilités devant être dirigé vers des actions de développement pour le futur de nos enfants et surtout de notre pays.

Concrètement, c’est quoi le Phiphi Show pour ceux qui le découvrent ? 

Le Phiphi Show est une plateforme d’échanges, une aventure humaine entres jeunes, leaders d’opinion, entrepreneurs, personnes issues de la société civile en somme « citoyens lambda ». Il s’agit d’un débat télévisé inter actif sur diverses thématiques, avec le public qui prend la parole pour témoigner, partager ou apporter des contributions aux invités du mois. Les rubriques sont diffusées en direct lors des enregistrements et nous en avons trois principales, à savoir « Pourquoi comme ça? » Une rubrique qui traite de sujets portant sur l’incivisme, la responsabilité sociétale, etc. Ensuite « Fier de mon job », qui vise à inspirer plus d’un, à travers un témoignage du profil du mois qui partage son expérience avec le public. C’est à la fois du marketing social et de la philanthropie car grâce à cette rubrique plus de la moitié de tous ces profils déjà présentés ont soit bénéficié d’une aide pouvant les aider à développer leur business ou ont obtenu un emploi. Ce qui fait de l’émission un outil de développement en mon sens. Et pour terminer « La leçon du Jour », une rubrique à caractère pédagogique où j’essaie de rappeler ou donner des astuces pour que chaque téléspectateur et membre du public puissent avoir des outils de développement personnel en main pour travailler sur ces faiblesses. En gros voilà et c’est toujours un plaisir, chaque mois, quand il faut préparer un nouveau numéro.

Justement à travers votre rubrique « Fier de mon job » nous voyons plus souvent des profils de femmes que d’hommes et pourquoi donc cela ? 

En effet, cela est un constat pertinent. Avec le temps, je me suis rendu compte qu’il était plus facile de trouver des hommes plutôt que des femmes qui entreprennent ou exercent dans les métiers connus comme étant des métiers d’hommes. C’est également ma façon à moi d’aider d’autres femmes à se lancer dans l’entreprenariat, de faire découvrir que des Maliennes peuvent aussi exercer des métiers tels que la mécanique et la vulcanisation, devenir chauffeur, championne en athlétisme, évoluer dans la métallurgie, etc.  Une fois, j’ai même amené une jeune femme victime de violence basée sur le genre car le mari avait tiré dans son dos, dans lequel il reste encore 26 morceaux de plombs. Elle est venue témoigner à la télévision. Ce qui est assez rare dans nos émissions. Il faut non seulement du courage mais plus de témoignages pour aider à la sensibilisation de telles pratiques.

Avez-vous un sponsor officiel pour votre émission ? 

Comme je l’ai dit tantôt, j’ai certes des partenaires que je remercie au passage car grâce à eux je dépense moins.  Mais depuis 2014, je suis seule à produire mon émission à mes frais, pour mon pays. Et cela tombe bien car j’ai vraiment besoin qu’un sponsor permanent qui m’accompagne pour qu’ensemble nous continuions à relever ce défi à travers les médias. Comme tout le monde, je ne pourrai continuer seule donc j’ai vraiment besoin de toute aide possible pour faire du Phiphi Show l’une des meilleures émissions de ce continent qui va impacter et changer la vie de plus d’individus. Inchallah.

Vous venez d’être classée sur la liste officielle de l’OIF des 100 jeunes Africains les plus influents de l’Afrique en 2017 de par leur parcours et impact. A rappeler que vous n’étiez que deux Maliens. Alors est-ce une première pour vous et quel est votre sentiment ? 

En effet, je suis sur la liste des 100 jeunes Africains les plus influents 2017. Cela représente pour moi une reconnaissance que je pense mériter. Vous savez, le projet “Phiphi Show” m’a apporté beaucoup de choses, mais aussi pour mon pays de par ma nationalité et plus sur le plan international. J’ai eu la chance en 2015 de bénéficier de la bourse Mandela Washington Fellowship du président Barack Obama à travers lequel j’ai pu effectuer un stage à la Voix de l’Amérique (Voa) et reçu un diplôme de l’Université de Notre Dame dans l’Etat d’Indiana. Ensuite, l’année dernière, j’étais la seule Malienne à figurer sur une liste de compétition en zone anglophone qui récompensait des jeunes Africains. Cette compétition est une initiative de la structure Africa Youth Award basée au Ghana qui m’a classée comme « La Jeune Femme Media 2016 » de l’Afrique. Selon eux, je suis sur les traces d’Oprah Winfrey, la Femme Noire (Américaine) la plus influente dans les Médias et la plus riche au Monde. Mon projet peut aider l’Afrique et doit être soutenu car il contribue au développement de ma communauté. Et il ya moins d’un mois, j’ai reçu un autre Prix de reconnaissance de mérite au Nigeria. Bref, tout ça alors que mon propre pays ne m’a jamais gratifiée, jamais aucune reconnaissance ne m’a été attribuée. Je me dis que le moment viendra et qu’un jour mes efforts seront récompensés à leur juste valeur.

Il faut savoir qu’on ne réussit pas que pour soi, mais aussi pour ses frères et sœurs qui pourront un jour faire plus et croire en un lendemain meilleur.

Pour terminer, je tiens à souligner que toutes ces reconnaissances sont plutôt une source de motivation pour moi de réaliser encore plus de projets innovants et surtout utiles. De nos jours, nous les jeunes, on demande à être impliqués, alors que, de mon point de vue, on doit proposer et montrer qu’on a aussi notre rôle à jouer.

Votre modèle et votre dernier mot ? 

Mon modèle c’est ma mère. Ma mère qui est entrepreneure depuis bientôt 30 ans, m’a enseigné les bases, soutenu pendant mes études. Elle m’a inspirée surtout. Cette même mère est celle qui me pousse encore au quotidien à ne rien lâcher. C’est l’épaule sur laquelle je me repose quand les réalités de l’entreprenariat me font parfois souffrir. Elle est là et sait comment m’aider à me relever.  Je profite de cette interview pour lui dire « Merci » ainsi qu’à mon père qui est un des présidents du fan’s club du Phiphi Show. C’est mon meilleur ami. Que le Tout Puissant me les garde encore longtemps et en bonne santé.

Je remercie mes frères et sœurs qui répondent toujours présents à toutes mes activités, me conseillent et m’encouragent. Ensuite, mon public qui me donne la force de continuer, me fait me sentir responsable de cette émission que je ne peux plus arrêter et qui a de l’avenir, selon lui, et enfin mon équipe « Ma Team+ » qui est ma plus grande fierté.

Mon dernier mot sera à l’endroit de tous ces jeunes qui pensent que tout est perdu. Je vais vous dire que c’est le contraire car pour moi on est tous comme des étoiles dans le ciel et chacun peut briller, mais pas au même moment. Donc rêvez et essayez autant de fois que vous le pouvez de réaliser vos rêves car ce qui compte avant tout c’est de participer, c’est d’être l’auteur de sa propre vie et non le spectateur.

Merci au journal “Aujourd’hui” et restez positifs en toutes circonstances !

Réalisé par A.B. HAÏDARA

Aujourd’hui-Mali

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