Traoré est sans nul doute l’un des noms les plus fréquents chez les Mandingues (principalement bambara et Malinkés) et les Soninkés. Il est également très porté par le peuple sénoufo.
L’histoire de la famille Traoré est indissociable de celle de Tiramakhan Traoré, un général mandingue ayant vécu au XIIIe siècle. Après la victoire de Soundiata Keita face au roi Soumahoro Kanté, le nouveau roi du Mandé envoie ces généraux annexer de nouveaux territoires et c’est ce que fera Tiramakhan Traoré, il fonde d’ailleurs le Kaabunké (aussi appelé royaume Kaabu) dans l’actuel Sénégal après avoir vaincu le roi du Bainouk, et le clan Traoré commence à régner en maître dans la région. L’état du Kaabunké sera un territoire du Manden pendant presque trois siècles. Le Kaabunké était un état très structuré et remarquable pour l’époque, et divisé en plusieurs provinces chacune dirigée par un mansa (roi). Ce n’est pas tout, au niveau économique, le Kaabunké était l’une des régions le plus prospère et stable économiquement grâce à une agriculture florissante sur un territoire très boisé avec de vastes forêts, savanes et terres fertiles et grâce au commerce par l’intermédiaire des Malinkés qui établirent plusieurs comptoirs commerciaux. Le royaume étant dirigé par des guerriers, ils protègent les agriculteurs et les commerçants. En dehors des épisodes de conflits internes entre nobles, le pays est sûr. Les routes commerciales sont sécurisées ce qui permet à toute caravane commerciale et tout commerçant étranger de traverser le Kaabunké sans problèmes.
Ce n’est pas tout, quelque siècle après, des Traoré fondent le royaume du Kénédougou dans l’actuel Mali, connu grâce à Babemba Traoré qui mène une résistance féroce aux troupes coloniales françaises.
– Signification
À l’origine, le patronyme Traoré s’écrit Tarawele, il est difficile de lui donner une étymologie exacte, mais plusieurs théories circulent sur la signification du nom. La première théorie (la plus connue) indique que Tarawele signifie « va l’appeler ». Cette théorie tient son sens grâce au savant Solomana Kanté qui présente dans un de ces livres un guerrier du nom de Touraman Koroba (Touraman l’ancien) qui était un grand guerrier avant l’avènement de Soundiata, il avait beaucoup défendu et protégé le Manden.
Après sa retraite, le pays fut attaqué par une puissante armée ennemie qui était à deux doigts de vaincre l’armée de Manden. Il a été dit qu’il fallait appeler le vieux Touraman pour venir porter main forte à l’armée, sinon l’ennemi triomphera. C’est ainsi que le vieux Touraman s’est levé et sellé son cheval pour aller combattre l’ennemi et il a réussi à sauver le Manden. Quelque décennie après la victoire, les djelis (griots) du Manden ont commencé à faire des éloges pour les descendants de Touraman Koroba en disant « aw Bemba Tara wèlé ka kélé ban » (ils ont appelé votre ancêtre pour vaincre l’armée ennemie). Touraman est également l’ancêtre des deux frères Tarawele qui ont tué le buffle de la forêt de Do appelé : Dan Massa Wulani et Dan Massa Wulamba.
Le petit frère Dan Massa Wulamba portait aussi le prénom de Touraman l’ancien.
Le grand frère Dan Massa Wulani a pris le patronyme Diabaté.
Une autre théorie (moins connu) indique qu’avant d’avoir l’appellation Tarawele, le clan se nommait Trawoulé. « Tra » signifie chaleur et « Woulé » signifie rouge, le tout se prononçant Trawoulé qui désignait un dur à cuire.
À noter qu’en Gambie le patronyme Traoré s’écrit Trawally. Autrefois, les filles Tarawele étaient nommées automatiquement Dansira.
Traoré est le nom le plus fréquent au Mali, le douzième nom le plus fréquent en Côte d’Ivoire et le quinzième nom le plus fréquent en Guinée.
Djibril Mamadou Coulibaly
Source : LE COMBAT