La résolution définitive de la crise du gaz butane n’est pas pour demain. Au lieu d’une issue pérenne, l’Etat à travers ses services techniques est en train d’explorer une solution intermédiaire, sans grand effet.
Selon des sources dignes de foi, l’Agence malienne de développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale, (Amader), l’Office national du pétrole (Onap), la direction générale de la Consommation, du Commerce et de la Concurrence (DGCCC), la direction générale du budget sont en train de prendre des mesures qui sont loin de résoudre la crise de façon durable. Une première mesure consiste à éponger une partie des arriérés de subvention de 2019 sur le crédit de 2020. Ensuite fixer le quota d’importation de gaz à 15 000 tonnes par an pour une consommation nationale annuelle estimée à 17 000 tonnes.
Cette équation qui est loin de conforter les professionnels de gaz ne va pas non plus mettre les consommateurs à l’abri de la crise de gaz. La raison en est que les importateurs de gaz vont croiser les bras une fois que le quota mis à leur disposition sera épuisé et surtout si l’argent qui leur sera payé ne permettra plus de couvrir d’autres opérations d’achats. La crise va être alors un piège sans fin, un éternel recommencement. Si les créances de 2019 vont être soldées sur le budget de 2020, sur quel budget vont être régularisées les factures de 2020 ? Une autre paire de manche.
L’alternative qui est à même de résoudre le problème une fois pour toute et qui est même recommandée par les professionnels du gaz, est la mise en place d’un fonds gaz, qui est de règle dans tous les pays voisins et qui peut même réduire le prix du gaz de façon considérable et protéger le climat. Si l’Etat ne peut pas aller dans ce sens, qu’il se désengage complètement du secteur pour autoriser la vente au prix non subventionné de la bouteille de 6kg et 3kg.
Ahmadoun Touré, chef de projet Système hybride d’énergie rurale (Sher) à l’Agence malienne de développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale (Amader), que nous avons joint au téléphone a reconnu que des dispositions sont en cours pour le paiement des factures en instance. Mais il a ajouté ne pas être en mesure de répondre à d’autres questions qui portent sur le quota proposé (15 000 tonnes par an) et les autres aspects.
Depuis le 30 novembre 2019, le groupement professionnel des opérateurs de gaz a cessé toute activité après une lettre d’information envoyée au ministre du Commerce et de l’Industrie. Ils évoquaient leur trésorerie en panne à cause des ardoises de subvention que l’Etat leur doit et qui s’élèvent à plus de 7 milliards de F CFA.
Depuis novembre dernier, le marché de gaz butane est totalement en rupture après des moments de fortes spéculations, cela dans l’indifférence totale des pouvoirs publics et des associations de consommateurs du Mali.
Abdrahamane Dicko
Mali Tribune