La prise en charge de la Covid-19 nécessite un accompagnement psycho-social pour mettre les patients en confiance et leur permettre de surmonter la maladie. Tous les spécialistes (les médecins et les psychologues) s’accordent à dire que cet accompagnement ne doit pas manquer dans la prise en charge des personnes atteintes par le virus de la pandémie.
Le psychologue Emmanuel Kamaté officie à l’hôpital du Point G. Il explique l’utilité de cet accompagnement psycho-social. Selon lui, une personne est l’association du corps et du mental. « Si la personne est affectée physiquement, elle le sera forcément psychologiquement », souligne le spécialiste avant d’ajouter qu’on ne doit pas prendre une personne en charge physiquement et ne pas y associer des soins psychologiques.
Il note que le coronavirus est une maladie nouvelle qui implique obligatoirement un accompagnement psycho-social. Pour le psychologue, les raisons pour lesquelles il faut cet accompagnement sont multiples. Tout d’abord parce que c’est une maladie méconnue qui entraîne la peur, d’ailleurs bien justifiée parce qu’elle est grave et tue (même si le taux de létalité est de 1 à 4% selon les épidémiologistes) avec une accréditation négative. Mais c’est également une maladie qui entraîne des troubles psychologiques graves, dès l’annonce des résultats. Un patient atteint de coronavirus aura sa vie affective, sociale et comportementale vraiment bouleversée. En outre, les malades guéris du coronavirus peuvent être, à tort, stigmatisés par la communauté.
Pour accompagner les malades touchés par le coronavirus dans notre pays, le psychologue de l’hôpital du Point G explique qu’il s’agira d’abord de faire un travail de préparation, c’est-à-dire le counseling pré-test ou le pré-counseling. Pour Emmanuel Kamaté, cela doit se faire avant le prélèvement. En effet, dit-il, avant le prélèvement d’un patient, il doit avoir un psychologue qui accompagne l’équipe de soignants. Mieux, c’est lui qui doit prendre les devants. Il explique que le psychologue est la personne la mieux indiquée pour expliquer la pandémie aux patients.
C’est lui qui est apte à informer le patient sur les voies de transmissions, lui dire qu’il doit être diagnostiqué à temps et qu’il y a des médicaments à prendre à temps. Pour également annoncer les résultats, il faut la présence des psychologues. Il soutient qu’il est formellement contre-indiqué dans ce genre de situation d’annoncer les résultats par téléphone. Et le psychologue de qualifier cette méthode de criminelle parce qu’une personne agit et réagit en fonction de la définition et l’analyse que l’on porte à la chose.
Autrement dit, par rapport à une situation, les gens ne réagissent pas de la même manière. Si la personne perçoit négativement, elle peut même se suicider.
C’est pourquoi, il rappellera que dans le domaine du VIH/Sida, l’accompagnement psycho-social a été privilégié. Il estime que celui-ci doit être en avant de toutes les étapes de la prise en charge des malades.
Il révèle qu’au téléphone, il est difficile de savoir comment la personne est en train de réagir. Par contre, le psychologue peut détecter ses réactions quand il est en face d’elle. Après ce pré-counselling, il faudra ensuite gérer les réactions de la personne et puis faire le suivi régulier. Ce suivi de la personne infectée est nécessairement soutenu par celui de sa famille.
Emmanuel Kamaté déplore que cette prise en charge psycho-social ne soit pas intégrée dans la prise en charge globale des personnes infectées au coronavirus dans notre pays. « Nous n’avons pas encore été impliqués. Il y a des pourparlers, mais rien n’est encore officiel », révèle le spécialiste de l’hôpital du Point G. Cependant, il en appelle aux autorités sanitaires pour mettre rapidement cette unité de prise en charge psycho-sociale en place dans les différents hôpitaux dédiés à la prise en charge des patients infectés au coronavirus pour le bien des patients.
Notre interlocuteur suggère de mettre les psychologues aussi en première ligne des soins contre le coronavirus. Cette pandémie continue de préoccuper par la fulgurance de sa contamination, le nombre de ses victimes, mais surtout pour les éventuelles conséquences économiques à l’échelle planétaire. Elle est en train de mettre à genou même les plus grandes économies.
Fatoumata NAPHO
Source: Journal l Essor- Mali