Il n’est plus besoin de dire que le coronavirus est déjà présent dans nos pays en Afrique et donc aussi au Mali. Chaque jour que Dieu fait, ce sont des Africains qui sont victimes, ou testés positifs.
Face à l’inexorable avancée de cette pandémie en Afrique, il n’y a plus de temps à perdre: il faut une refonte de nos politiques de développement. Mais en quoi faisant ?
D’abord, il urge pour les États africains de se donner les mains et de refuser de rembourser les dettes contractées auprès du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) au nom de nos peuples. Cela est un impératif catégorique au regard de la taille de ces dettes et de celle du développement économique de notre continent.
Nos peuples doivent ensuite exiger la réduction drastique du train de vie des dirigeants africains. Cela serait peu rentable si nos populations n’exigent pas enfin le rejet pur et simple de notre dépendance économique et de notre aliénation culturelle vis-à-vis du monde occidental capitaliste, sangsue des peuples d’Afrique.
Cet impératif historique a été peint par Edgar Pisani en ces termes: «Rejeter la dépendance économique et l’aliénation culturelle, c’est n’importer que le strict nécessaire. Un meilleur équilibre général suppose la réduction du train de vie des mieux pourvus.»
Le constat est amer en Afrique: pendant que nos peuples croupissent dans le dénuement complet, ceux qui ne travaillent pas regorgent de tout. Le curieux travail de sensibilisation de nos populations par nos gouvernants africains sur la fameuse aide de l’Occident au développement de l’Afrique ne peut servir la cause de nos peuples travailleurs. Bien au contraire !
En voulant tendre la main à l’aide de l’Occident, nos gouvernants tuent l’espoir d’un développement durable du continent. Il faut s’en convaincre, l’aide économique occidentale à l’Afrique n’aidera jamais celle-ci à se passer de l’aide. En conséquence, il nous faut impérativement nous passer de cette aide et ne compter que sur nous-mêmes. Cela est d’autant indispensable que notre devenir en dépend essentiellement.
Ce gage, Patrice Emery Lumumba en rêvait déjà quand il était Premier ministre au Congo Kinshassa. Il avait dit: «Le rêve actuel de l’Afrique, de toute l’Afrique, est de devenir un continent libre, indépendant, au même titre que tous les autres continents du monde car le créateur a voulu que tous les hommes et tous les peuples soient libres et égaux.»
Tout change, hélas, et toujours aux dépens des peuples travailleurs d’Afrique. Hier comme aujourd’hui, notre continent était et reste victime du colonialisme et du néocolonialisme.
Aujourd’hui c’est le tour du COVID-19 de devenir l’occasion pour l’Occident de spolier nos peuples. Hier, le SIDA et Ebola ont permis à l’Occident capitaliste de réaliser des fortunes colossales sur le dos des peuples laborieux de notre continent. Rien que dans la fabrication des préservatifs et des seringues à usage unique, les industriels de l’Occident capitaliste ont réalisé des centaines de milliards de nos francs sur le dos des peuples d’Afrique. Allez en savoir plus aux côtés des Africains de bonne foi, vous serez stupéfaits. Ces industriels n’ont donc nullement intérêt dans la fin du Sida et de Ebola. Et si l’Afrique s’était donné les mains pour faire face au Sida ? Certainement ces industriels du monde capitaliste seraient désagréablement surpris. Ainsi, les rapports seraient en leur défaveur.
Aujourd’hui, les Occidentaux remuent ciel et terre pour encore enchaîner nos peuples d’Afrique. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la malveillante tentative d’essai du fallacieux vaccin français contre le COVID-19 chez nous, pas chez eux où le mal tue plus ! Cela se comprend dans la mesure où les gouvernants français ont toujours fait de nous des cobayes de laboratoires. Heureusement, cette fois notre peuple et ses gouvernants veillent au grain. Leur seconde tentative de nous plonger dans le bourbier du Coronavirus c’est de nous dissuader de croire aux vertus curatives de l’artésiane que le président malgache propose aux dirigeants africains contre le coronavirus. Cette fois beaucoup d’Africains ont compris que la science n’a pas de patrie et qu’il n’y a pas d’école de vérité en France.
Aussi, comprend-on de plus en plus en Afrique que les peuples peuvent se soigner avec les plantes naturelles de leurs terres qui les ont vus naître comme il l’a été par le passé (médecine traditionnelle). L’on comprend donc que tout ce tapage contre l’artésiane malgache ne vise que trois objectifs majeurs:
1) Hier comme aujourd’hui, pour le Blanc rien de bon et de fiable ne saurait venir de l’Afrique.
2) Si l’on trouve le médicament ou le vaccin contre le coronavirus en Afrique, les industriels capitalistes n’auront pas par cette occasion à spolier une fois encore nos peuples.
3) Au contraire, Madagascar (et plus généralement l’Afrique) sera le pôle d’attraction économique du monde entier parce que l’artésiane sera un investissement à effets d’entraînement intersectoriels. A leur tour, nos éternels ennemis français seront dépendants de nous parce que la puissance économique changera de main au grand dam de ces éternels spoliateurs du continent africain et de leurs valets nationaux qui n’ont pas encore réalisé qu’il urge que nos peuples travaillent main dans la main pour se libérer du diktat capitaliste arrivé à son terme.
Marx a coutume de dire: «Les hommes font leur propre histoire, ils ne la font pas arbitrairement dans des conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé.»
C’est dire que nous pouvons vaincre ici en Afrique le COVID-19.
Pour ce faire, les Africains doivent faire sienne cette sagesse populaire chinoise: «Mieux vaut donner à quelqu’un un filet ou une charrue qu’un poisson ou un sac de blé.» Malheureusement, la France ne peut oser se servir de cette sagesse populaire dans ses relations avec les pays d’Afrique. Au lieu d’aller chercher là-bas en Occident capitaliste un médicament ou un vaccin contre le coronavirus (parce qu’il y a tout le risque de continuer à nous empoisonner directement ou indirectement), il est temps de nous battre en Afrique et pour l’Afrique.
Ainsi le COVID-19 sera l’occasion d’une refonte véritable des politiques de développement de notre continent, surtout que nos vrais amis sont en Chine, en Russie, à Cuba, en Corée du Nord (et cela sans être exhaustif).
Fodé KEITA
Source: Inter De Bamako