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Coronavirus : Quid des risques liés au pain?

C’est l’un des aliments les plus consommés dans les villes. Pour qui connaît les conditions de fabrication, de transport et de vente à Bamako et dans d’autres villes de notre pays, l’on ne peut s’empêcher de s’interroger

 

Nombre de nos compatriotes ont été amenés à prendre les devants pour minimiser les risques de contamination à travers le pain. Certains ont pris l’habitude de s’approvisionner en pain directement au niveau des boulangeries modernes. Cette précaution suffit-elle quand on sait qu’il est de notoriété publique que beaucoup de boulangeries ne respectent pas les mesures d’hygiène.
Sous un soleil de plomb, notre équipe de reportage arrive à Djicoroni-para Abdoulayebougou. À la boulangerie de ce quartier populaire, à l’entrée, aucun dispositif de lavage des mains au savon. Pas davantage de gel hydroalcoolique. À l’intérieur, des baguettes de pain sont entassées sur des tables. Des boules de farine entreposées un peu partout.
Pourtant, le responsable assure avec beaucoup d’aplomb que les mesures de sécurité sanitaire sont respectées au sein de son unité. Il insiste sur le fait que la farine et l’eau, utilisées pour la fabrication du pain, sont soigneusement tenues propres.
À Abdoulayebougou, toujours à Djicoroni, le responsable de la boulangerie jure que les mesures édictées par les autorités sont bien respectées. Une affirmation qui tranche avec la réalité. À l’entrée de la boulangerie, il n’y a ni dispositif de lavage des mains au savon, ni gel hydroalcoolique. Agents et livreurs de pain ne portent pas de masque non plus.
Les activités quotidiennes de production battent leur plein. Des ouvriers vident le four de son contenu. Aucune précaution sanitaire particulière n’est prise. Et pire, le savon manque pour le lavage des mains. «Le savon est fini pour le moment», murmure un agent. Un autre confie sous cape : «Les travailleurs se contentent de se laver les mains avec de l’eau simple, sans savon. On n’utilise pas de gel hydroalcoolique. Les masques, n’en parlons même pas».
Boubacar Sow, responsable dans une boulangerie, soutient que la maladie à coronavirus a négativement impacté sur le rendement du secteur. À l’en croire, sa boulangerie produisait neuf pétrins par jour, avant le début de la crise sanitaire et l’instauration du couvre-feu. Un pétrin contient 350 à 360 baguettes de pain. «Maintenant, la production tourne autour de sept à huit pétrins. Le travail de boulanger dure de 21 heures à 5 heures du matin», précise-t-il.

GOUTTELETTES DE SALIVE- À cette boulangerie de Bolibana en Commune II du District de Bamako, la production aurait baissé aussi, si l’on en croit le responsable par intérim. Ce dernier explique qu’avant le couvre-feu, l’entreprise utilisait quatre sacs de farine. «Actuellement, nous utilisons par jour deux sacs», révèle-t-il, sans pourvoir expliquer en quoi le couvre-feu pourrait avoir un impact sur la production si le travail de boulanger s’étend de 21 heures à 5 heures.
Il assure que ses agents sont tenus de se laver les mains au savon, avant de commencer le travail de production. Mais sur le port du masque, il est réservé. «Porter le masque avec toute la chaleur que dégage le four, cela peut étouffer la personne», objecte notre interlocuteur. Pour les clients et autres visiteurs, aucun dispositif sanitaire n’est installé.
Le non respect des mesures sanitaires peut-il être une source de contamination pour les consommateurs de pain ? L’infectiologue, le Pr Minta Daouda Kassoum, est sans détour. Le risque de transmission du virus est important quand le pain sort du four. Les baguettes de pain sont exposées aux gouttelettes de salive des agents si ceux-ci ne portent pas de masque. Il y a aussi l’exposition du pain à la poussière ambiante. Sans compter sa manipulation par les livreurs et les boutiquiers. Rien n’est moins sûr que livreurs et boutiquiers se donnent la peine de tenir leurs mains constamment propres.
Le Pr Minta Daouda Kassoum estime que les services chargés de la sécurité sanitaire des aliments doivent exiger les mesures d’hygiène dans la fabrication, le transport et la vente du pain. La fabrication et la vente de pain exigent le respect des conditions d’hygiène. Les professionnels du secteur doivent garder cette exigence à l’esprit. Les boutiquiers de quartier et les vendeurs au niveau des boulangeries doivent être des professionnels formés en la matière, recommande le spécialiste. Ce travail incombe, selon lui, aux acteurs du pain. Or, déplore le Pr Minta Daouda Kassoum, les vendeurs, au niveau des boutiques et des boulangeries, sont régulièrement en contact avec le pain sans aucune mesure d’hygiène. «Le boutiquier sort des toilettes et la minute qui suit, il touche le pain avec ses mains sur lesquelles il peut avoir des parasites», argumente l’infectiologue. Les conséquences de cette négligence sont faciles à imaginer.

Amadou B. MAÏGA

Source : L’ESSOR

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