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Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie samedi 11 avril

La barre des 700 décès dus au Covid-19 sur le continent a été atteinte ce samedi, sur 13 145 cas recensés dans le dernier point du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Les pays les plus touchés restent l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et le Cameroun.

Soudan : un an après la chute de Béchir, l’ambiance n’est pas à la fête

Un an jour pour jour après la chute de l’ancien dirigeant, les Soudanais font face à de multiples défis : une transition politique aux équilibres incertains se poursuit, la conclusion des pourparlers de paix avec les groupes de plusieurs régions (Darfour, Kordofan, Nil Bleu) a de nouveau été repoussée, la crise économique frappe, les pénuries et l’inflation sont partout. Omar El-Bechir, lui, est emprisonné, visé par de multiples procédures judiciaires. Le pays a changé, les libertés politiques sont à peu près garanties. Mais les perspectives d’avenir sont bien minces, rapporte notre reporter Léonard Vincent, de retour de Khartoum.

Pour éviter que s’ajoute à cela une crise sanitaire (le Soudan compte officiellement 19 cas et 2 morts), les autorités ont mis en place un couvre-feu nocturne et des actions de prévention, soutenues par des citoyens et des membres des “comités de résistance” qui s’investissent dans la lutte contre la maladie.

Le département des sciences et technologies de l’université de Khartoum continue aussi de fonctionner : une vingtaine d’étudiants en chimie s’activent pour fabriquer des flacons de gel hydroalcoolique afin de les distribuer gratuitement aux travailleurs du quartier. « La révolution m’a vraiment changée. Je me sens beaucoup plus Soudanaise, je sens que j’appartiens à ce pays. Je sens la solidarité entre les gens, entre les hommes, les femmes, les jeunes. Je sens cet élan collectif. Nous agissons tous par amour du pays », témoignait samedi sur RFI, Reem, qui a pris part aux manifestations anti-Omar El-Béchir

Pourquoi la mortalité au Covid-19 est-elle si forte en Algérie ?

Avec 256 décès pour quelques 1 761 cas confirmés de Covid-19, l’Algérie affiche un taux de mortalité de malades particulièrement élevé.

Les médecins algériens joints par RFI préfèrent témoigner sous couvert d’anonymat. Ils sont censurés et craignent des représailles de la part des autorités. Ils dénoncent la réalité des chiffres officiels et assurent que le nombre de malades est beaucoup plus élevé. Ils mentionnent également la quasi-inexistence des tests de dépistage. Entre 100 et 200 tests sont pratiqués par jour depuis le 20 mars dans tout le pays, affirment-ils.

Une praticienne algérienne travaillant en France témoigne de sa dernière visite d’un CHU d’une grande ville algérienne : « le service de réanimation donne envie de pleurer ». Cet hôpital qui dessert une population de 700 000 personnes ne compte que 11 lits en réanimation.

Un week-end pascal en mode virtuel

Coronavirus oblige, la plupart des pays ont été contraints de fermer les lieux de culte. En ce week-end pascal, il faut donc inventer de nouvelles manières de se rassembler tout en respectant les règles de distanciation sociale, en Afrique comme ailleurs.

Exemple, au Cameroun : « Les célébrations sont maintenues, mais sans le peuple, explique Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala. Nous prions pour le peuple. J’ai fait la célébration telle que c’est prévu dans la liturgie pour le Vendredi saint. »

A Kinshasa, l’accès à la messe prévue ce samedi à 18h à la cathédrale Notre-Dame du Congo était limitée à une vingtaine de responsables locaux de l’église catholique, mais devait être relayée sur les médias confessionnels.

A Cotonou, la messe du Vendredi saint a été diffusée en streaming, comme le sera celle de dimanche à 10H. Le clergé utilise massivement WhatsApp pour communiquer et on peut demander des messes par SMS et sur le site, contre paiement par transfert d’argent. Dans ce contexte, des manifestations de foi surprenantes se produisent parfois, glisse un prélat à notre correspondant Jean-Luc Aplogan.

Bénin: un clergé inventif pour Pâques

Le Bénin où, par ailleurs, le gouvernement vient de prolonger le confinement partiel des 12 villes du sud jugées à risque jusqu’au 27 avril.

L’OMS alerte sur les médicaments falsifiés, dont la chloroquine

L’organisation s’inquiète du « nombre croissant de produits médicaux falsifiés qui prétendent prévenir, détecter, traiter ou guérir le Covid-19 ».

Actuellement testée et même déjà utilisée par certains médecins, comme au Sénégal,la chloroquine fait l’objet de contrefaçons, alerte l’OMS. Neuf produits falsifiés ont ainsi été signalés au Cameroun, en République démocratique du Congo et au Niger. Les boîtes et flacons ont l’air plus vrai que nature.

Les hôpitaux, dispensaires, centres de santé, grossistes, distributeurs et pharmacies contribuent à mettre à jour les alertes sur les faux médicaments, par leurs analyses et signalements. La liste et les photos sont sur le site de l’OMS.

A Madagascar, la difficile application du port du masque obligatoire

Une mesure annoncée dimanche dernier par le président Andry Rajoelina, doublée par un arrêté préfectoral publié vendredi par la préfecture de la capitale Antananarivo, placée en confinement partiel. Le port du masque y est obligatoire sous peine de sanctions, mais peu d’habitants parviennent à respecter cette mesure, comme l’a constaté notre correspondante, Laetitia Bezain.

Les pharmacies n’en ont pas, et beaucoup confectionnent des masques en tissu qui ne répondent pas aux normes et dont l’efficacité est incertaine.

La semaine dernière, la présidence a annoncé la commande de cinq millions de masques en tissu à destination prioritaire de ceux qui exercent des métiers à risque, comme les forces de l’ordre, les commerçants ou encore les agents communautaires.

Côte d’Ivoire: ruée sur les masques, traçage des malades et plan de soutien à l’agriculture

La ruée sur les masques, c’est aussi en Côte d’Ivoire : « D’habitude on vend des chips mais en ce moment, on vend des masques », affirme ainsi une vendeuse de carrefour abidjanaise à l’AFP, alors que la capitale économique est en théorie coupée du reste du pays. Le masque est supposément obligatoire et gratuit, selon la décision du Conseil national de sécurité de jeudi soir. Problème, leur rareté pousse à l’achat : de 250 à 1 500 FCFA selon les quartiers et les lieux, rapporte l’Agence France Presse, tandis que de nombreux tailleurs sont passés de la confection de vêtements à celle de masques en tissu.

Dans le même temps, afin de suivre en temps réel les déplacements des cas contacts et des cas confirmés de personnes infectées par le Covid-19, les autorités ivoiriennes ont recours au « tracking ». Un système jugé « efficace » qui pose néanmoins des questions d’ordre juridique, rappelle notre correspondant, François Hume-Ferkatadji.

Le gouvernement, de son côté, par la voix du ministre de l’Agriculture Kobenan Kouassi Adjoumani, assurait ce matin sur RFI « qu’il n’y aura pas de crise alimentaire ». Le secteur agricole sera soutenu par un investissement de 300 milliards de FCFA, inclus dans le plan de soutien global de 1 700 milliards annoncé par le gouvernement.

Côte d’Ivoire: le ministre de l’Agriculture rassure sur la crainte de crise alimentaire

Sénégal : nombre de cas en baisse, situation sous contrôle à Touba

Au Sénégal, le nombre de cas positifs au coronavirus est à la baisse. Ce samedi 11 avril, le ministère de la Santé a fait état de 13 nouveaux cas et de 15 patients guéris. 123 personnes sont encore sous traitement, contre 143 il y a une semaine.

La situation est sous contrôle à Touba, premier “cluster” de l’épidémie, où un ressortissant sénégalais rentré d’Italie avait contaminé plusieurs dizaines de personnes. Tous les cas contacts ont été suivis et encadrés, et il n’y en aurait pas de nouveau selon le docteur Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire, joint par notre correspondante Manon Laplace. Deux patients sont encore hospitalisés, mais tous les cas contacts sont sortis du suivi, il n’y a donc plus de contaminations secondaires dans la ville sainte des Mourides.

Par ailleurs, le ministère de la Santé recrute des médecins, pharmaciens, travailleurs sociaux infirmiers sages-femmes dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Ile Maurice : la sardine, nouveau caviar

Enfin, parmi les écrivains qui racontent dans les médias, avec plus ou moins de bonheur, leur confinement, la mauricienne Shenaz Patel, décrit dans Telerama la situation sur son île isolée, un pléonasme voulu pour une terre désertée par les touristes habituellement présents en masse. L’auteure du “Silence des Chagos” assure que « le prix de la boîte de sardines à l’huile de palme en fait un véritable caviar local ».

RFI

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