Depuis le 18 août 2020, les maliens attendent un signal fort du CNSP en terme de rupture avec le système politique qui a plongé le pays dans un désastre sans précédent.
Notre peuple attendait des actes forts de la part des jeunes officiers du CNSP qui ont admirablement parachevé les nombreuses années de lutte menée par différentes forces politiques, économiques et syndicales contre le régime et ses alliés objectifs de l’intérieur comme de l’extérieur.
Malheureusement, il a commis un premier faux pas en allant seul en discussion avec la CEDEAO pour dessiner les contours de la Transition sans au préalable discuter avec le M5/RFP et toutes les autres composantes des forces vives. Or, il n’appartient pas au CNSP seul d’en discuter avec la CEDEAO qui est le cheval de Troie des puissances néocoloniales.
L’on se souvient en 2012 du complot qu’elle a ourdi contre notre peuple en décrétant arbitrairement et illégalement la durée de la Transition au Mali à un 1 an, en violation flagrante de notre Constitution, de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle et surtout, de l’Accord cadre du 6 avril 2012 conclu avec le CNRDRE, signé et paraphé par le médiateur qu’elle avait dûment mandaté et qui en donnait le choix fondamental et exclusif au peuple souverain du Mali dans le cadre d’une Convention Nationale qui devrait réunir toutes les forces vives du pays.
Cette instance reconnue d’accord partie entre le CNRDRE et la CEDEAO avait pour tâche de :
– De définir le délai de la Transition;
– Les tâches opérationnelles à accomplir par les différents organes en vue d’une transition pacifique;
-Les modalités d’organisation des élections visant la normalisation définitive de la situation;
– La révision du fichier électoral.
Mais, au grand étonnement des maliens, le sommet extraordinaire de la CEDEAO du 26 avril 2012, sous les auspices de Alassane Dramane Ouattara, a fixé unilatéralement à 1 an la durée de la Transition et a prolongé le mandat du président intérimaire Dioncounda Traoré en violation de la Constitution pourtant invoquée par la CEDEAO elle-même et sans concertation avec les forces vives du pays.
À présent, c’est le même scénario qui se dessine. Le CNSP, pour n’avoir tiré aucune leçon du passé, s’est engagé dans un dangereux tête-à-tête avec cette organisation régionale et au-delà, toutes les puissances qui contrôlent notre pays. Même si après il a tenté de corriger ce faux pas…
Tout le monde sait que la mission de la CEDAO qui a toujours été de manœuvrer pour dessaisir les maliens dans la recherche de solutions démocratiques endogènes à leurs problèmes. Déjà, il se murmure qu’elle fixera le délai de la Transition et nommera même un Premier-ministre. Exactement comme Blaise Compaoré l’a fait en nous filant ses plus proches conseillers pour occuper de hautes fonctions dans le Gouvernement de Transition dirigé par Cheick Modibo Diarra en la personne de Sadio Lamine Sow. Selon plusieurs sources concordantes, son nom figurerait parmi les probables premiers ministrables dans la nouvelle Transition qui s’ouvre. Une force viendrait sécuriser cette équipe de Transition.
Si le CNSP ne sort pas de cette logique suicidaire en associant l’ensemble des forces vives du pays et en premier lieu le M5/RFP, il coure irrémédiablement à sa perte.
A défaut, le peuple exercera sa vigilance collective organisée pour préserver ses intérêts et éviter le scénario de 2012.
Nouhoum Keita