Cheikh Ag Aoussa doit choisir entre Ansar Dine et les accords de paix. Il doit choisir maintenant. La montée des tensions à Kidal témoigne de l’urgence de la situation. L’avenir de l’Entente scellée à Bamako en dépend.
Chef militaire du HCUA, Cheikh Ag Aoussa doit mettre un terme à l’escalade de la violence. C’est sa responsabilité. Chacun sait qu’il noyaute la gestion de la ville de Kidal, que ce soit à travers la coordination sécuritaire, ou au niveau de la gestion des ONG. La perspective de devoir partager ses responsabilités, comme indiqué dans les accords, a entraîné une très forte crispation de sa part. A Kidal, un bras de fer est amorcé entre le GATIA et la CMA.
Tout le monde ou presque aurait intérêt à voir la situation s’apaiser. Les dirigeants politiques de la PF et de la CMA pourraient gagner avec l’Entente un statut de représentants régionaux. Au sein de la CMA, la plupart des responsables restent d’ailleurs ouverts au dialogue. Les Intallah et le général Gamou ont tout à perdre des tensions actuelles, car ils jouent leur crédibilité politique. Quant aux habitants de Kidal, ils n’espèrent qu’une chose : l’amélioration de leur quotidien.
En fait, seul Iyad Ag Ghaly a tout à gagner d’un embrasement de la ville. Ansar Dine est en déclin. Il est marginalisé par le processus politique de sortie de crise. Iyad Ag Ghaly sait mieux que personne que l’application de l’Entente signera sa fin. Dès lors, la partie jouée par Cheikh Ag Aoussa ressemble à s’y méprendre à cette vieille ruse du cheval de Troie. Sous couvert de renforcer les combattants du HCUA face au GATIA, il fait entrer dans la ville des hommes de main de l’émir djihadiste. Dans le même temps, Cheikh Ag Aoussa s’oppose à la tenue d’une réunion avec le GATIA. Ce serait pourtant la meilleure façon de faire baisser la tension.
Comme d’habitude, Ansar Dine cherche à créer le chaos afin de s’emparer de Kidal et de stopper le processus de paix. En fidèle lieutenant du boucher, Cheikh Ag Aoussa ouvre les portes de la ville aux terroristes. Une réunion urgente doit se dérouler au plus vite avec les parties concernées. Chacun doit revenir à la raison. Les signataires d’Alger, d’Anéfis et de Bamako doivent maintenant faire respecter leur parole, y compris au sein de leur propres mouvements. Cheikh Ag Aoussa doit faire face à ses responsabilités : bâtir la paix ou partir.
Idrissa Khalou