Les activités marquant la célébration des 100 ans du père de la nation, ont été officiellement lancées hier par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta

Le 4 juin 2015, le premier président de la République du Mali, Modibo Keïta, aurait eu 100 ans. Notre pays a décidé de consacrer toute l’année à la célébration du centenaire de l’illustre disparu. Le coup d’envoi de cette commémoration a été donné le 4 juin par une conférence débat au Mémorial qui lui est dédié (Voir l’Essor du 5 juin). Mais c’est hier que les activités, marquant ce centenaire, ont été officiellement lancées par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta au Centre international de conférences de Bamako. C’était en présence du Premier ministre Modibo Kéïta, des membres du gouvernement, dont le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, département parrain de l’événement, des présidents des institutions, du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, de l’ancien président de la Transition, le Pr Dioncounda Traoré, d’anciens camarades du premier président de la République, des représentants de sa famille et d’une foule de parents, amis et sympathisants de l’illustre homme d’Etat.
Rendant hommage au père de la nation, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a rappelé le nationaliste, combatif et tenace, doté d’une autorité naturelle et souriante. Modibo Keïta, dans un contexte national et international resté extrêmement difficile pendant ses huit ans de conduite des destinées de notre nation, a su lutter pour ses convictions avec patience et méthode, a souligné le chef de l’Etat.
Il était un rassembleur et un unificateur comme en témoignent ses actions au sein du « Bloc des Non Alignés », du « Groupe de Casablanca », de l’Union Ghana-Guinée-Mali, de l’OUA, et en tant qu’artisan de la fin de la « guerre des sables » entre l’Algérie et le Maroc, a rappelé avec fierté le président IBK.
Modibo Kéïta aimait la Jeunesse dont il avait fait la promotion avec différents moyens. Il en a été de même du Mouvement des femmes, tant au niveau national que sur le plan africain. « Modibo Keita a été un bâtisseur hors-pair du Mali : nous lui devons de nombreux acquis de la première République, entre autres, l’honneur et la dignité retrouvés après la décolonisation, les sociétés et entreprises d’Etat, l’Armée malienne et le Franc malien », a cité le chef de l’Etat.
« Le président Modibo Kéïta a su mobiliser les énergies des forces vives de la Nation autour de plans de développement et d’un solide programme de réformes profondes. A titre d’exemples, je mentionnerai les secteurs de l’éducation, la sécurité alimentaire, la santé publique et l’eau potable, l’élevage et les eaux et forêts, les infrastructures et équipements de transports, le financement du développement rural, l’approvisionnement en denrées de première nécessité, l’accès des communautés les plus démunies et les plus fragiles aux services publics essentiels, à un prix compétitif et une égale distribution sur tout le territoire national. Il a bâti une administration, moderne et adapté aux réalités maliennes et il a mis sur pied notre jeune armée », a souligné Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est pour toutes ces raisons que le chef de l’Etat a décidé de la création d’un « Panthéon » pour que Modibo Kéïta y repose.
Le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme a mis l’accent sur  l’opportunité qu’offre le président Ibrahim Boubacar Keïta à la jeunesse du Mali de se bâtir avec comme repère, comme modèle, le président Modibo Kéïta. « Toutes les Maliennes et tous les Maliens doivent se considérer comme mobilisés pour la construction de la République du Mali. Toutes les Maliennes et tous les Maliens doivent accepter tous les sacrifices pour que notre pays puisse sortir grandi, rayonnant, de l’épreuve qu’il traverse » : ces mots du président Modibo Keïta, prononcés le 22 Septembre 1960, nous sont, encore aujourd’hui, telle une interpellation, a estimé Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
Le Pr Komakan Kéïta, représentant la famille du disparu, a jugé que l’image du grand homme politique que fut Modibo Kéita, père de l’indépendance et premier président de la République du Mali, restera éternellement gravée dans les cœurs de tous les véritables patriotes maliens et africains.
« Les membres de la famille Modibo Kéita expriment leur reconnaissance profonde et durable à son Excellence Monsieur le président et chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita ainsi qu’à tous les dirigeants politiques de l’UM-RDA qui ont travaillé sans répit pour la réalisation de ce grand jour mémorable du 11 juin 2015 qui consacre la commémoration du centenaire du président Modibo Kéita, grand bâtisseur d’un Mali nouveau qui compte dans le concert des Nations », a indiqué Koman Keïta.
Le vice-président de la Commission d’organisation, l’ancien ministre Bocar Moussa Diarra, représentant la famille politique de Modibo Keïta, mettra l’accent sur l’idéal et la vision politique de l’homme. « En cette période de réconciliation que vit notre pays, il est opportun de rappeler la conviction de Modibo Kéïta pour la paix, l’union et l’intégration, « l’humanisme sahélien » que l’homme a su développer aussi bien en Afrique que sur la scène internationale », a souligné le président de l’UM-RDA.
Y. DOUMBIA

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UNE PROBITE MORALE ET INTELLECTUELLE AU DESSUS DE TOUT SOUPÇON

C’est le 4 juin 1915 que naquit Modibo Kéïta, premier président de la République du Mali. Il était le fils de Hatoumata Camara et de Daba Kéïta. Selon l’historien Modibo Diakité, ancien ministre de la Fonction publique et de l’Emploi, qui a présenté sa biographie lors de la cérémonie de lancement du centenaire, Modibo Kéïta appartient au clan Massaren et à la lignée des empereurs du Mali.
Malgré une carrière politique complète, au terme de son long et honorable parcours, il ne disposait d’aucun immeuble, d’aucune villa, d’aucun titre foncier à Bamako ou ailleurs. Il avait entamé sa formation en se classant 1er de l’Afrique occidentale française (AOF) en 1934 au concours d’entrée à la prestigieuse Ecole William Ponty et 1er à sa sortie en 1936. Pour sa formation politique, il s’inscrit au Groupe d’études communiste (GEC).
Patriote ardent, profondément anticolonialiste, panafricaniste passionné, Modibo Kéïta s’est battu et illustré sur plusieurs fronts. A cet égard, la recherche de l’unité restera la pierre angulaire de l’action du militant intrépide et infatigable qu’il fut.
Au plan syndical, il fonde avec Ouezzin Coulibaly, le syndicat des enseignants d’Afrique de l’ouest. Sur le plan culturel, Modibo Keïta crée et anime un journal d’information, d’éducation et de sensibilisation, « L’œil du Kénédougou » (NDLR, l’ancêtre de l’Essor).
Sur le plan politique, Modibo Keïta est élu, sur proposition de Mamadou Konaté, secrétaire général de la nouvelle US-RDA en janvier 1947. Il renverse la majorité PSP au profit de l’US-RDA qui conduira le Soudan à l’autonomie en 1957, puis à l’indépendance en 1960.
Au nom de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali, Modibo Kéïta combattra et viendra à bout de la rébellion touarègue de 1963-1964.
L’année 1962 est celle des réformes : éducation, magistrature, administration, code du mariage, avec comme objectif la décolonisation des mentalités et des structures économiques du Soudan français (sociétés et entreprises d’Etat, création du franc malien.)
De sa stature politique, on retiendra qu’il fut conseiller général du Soudan français en 1938, conseiller de l’Union française puis grand conseiller de l’AOF en 1953. En 1956, il est élu maire de Bamako et député à l’Assemblée nationale française et secrétaire d’Etat à la France d’Outre-mer.
En 1959-60, Modibo Keïta est président de la Fédération du Mali et premier président de la République du Mali, à partir de 1960. Il est renversé par un coup d’Etat militaire en novembre 1968. Emprisonné, il meurt en 1977 dans des conditions controversées.
Y. D.

source : L ‘ Essor