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Campagne agricole à Diéma : ALERTE AUX SAUTERIAUX

Ces bestioles continuent à causer d’énormes dégâts dans des champs, principalement de maïs, de niébé et d’arachide

programme campagne productivite agricole champs vergeLa campagne agricole a démarré tardivement dans le cercle de Diéma. C’est vers la fin du mois de juillet que les semis ont effectivement commencé. Le chef du secteur de l’agriculture, Mamadou Dembélé, est toutefois rassurant. Aucune interruption majeure de croissance n’est signalée, grâce à la régularité des pluies. La quantité de pluie tombée en 2014 dans un intervalle de 115 jours est de 1960 mm contre 1739 mm en 96 jours en 2015. Les cultures sont aux stades de levée pour le sorgho, tallage pour le mil et le riz, montaison pour le maïs et ramification pour l’arachide et le niébé.

Les différentes spéculations et les superficies emblavées concernent notamment le riz bas-fond pour 210 ha, le riz Nérica pour 78 ha, le maïs pour 9000 ha, le sorgho pour 28920 ha, le fonio pour 160 ha, l’arachide pour 15150 ha, le voandzou pour 420 ha, le niébé associé pour 6308 ha, le niébé pur pour 45 ha, le sésame pour 204 ha, l’oseille de Guinée pour 110 ha et la pastèque pour 90 ha.
La situation phytosanitaire est calme dans l’ensemble, cependant des déterrages de semis ont été provoqués par endroits par les oiseaux et rongeurs. A cela, il faut ajouter les dégâts causés par les sauteriaux.
Des mesures ont déjà été prises pour endiguer le phénomène. Pour Gagny Yara, maire de Guédébiné, il n’y a rien à craindre « Nous, on n’a pas connu de rupture de pluies, du début de l’hivernage à maintenant. On n’a rien à craindre. La majeure partie de nos cultures repose sur l’arachide qui n’a pas besoin de beaucoup d’humidité. On s’approvisionne en mil à partir du Kaarta. Je cultive l’arachide et le niébé. Avec le mil, il faut toujours chasser les oiseaux, or ma vision ne me permet pas  de faire ce travail. Certains paysans ont signalé la présence des sautériaux dans leurs champs. La mairie est en train de prendre des dispositions dans ce sens».
Fanta Kamissoko, agent au sous-secteur de l’agriculture de Dioumara, juge satisfaisant l’état des cultures. Si les pluies continuent jusqu’en octobre, énonce-t-elle avec réserve, on peut prétendre à une bonne campagne agricole. « J’ai réalisé un hectare et demi d’arachide. Les plantes sont en formation gousse comme on dit dans notre jargon. Le niébé est au stade de ramification. L’année où la campagne réussit, ma récolte avoisine 1000 moudes, l’équivalent de 335 kg pour notre propre consommation », a-t-elle souligné. Cependant, la dame craint les déprédateurs, surtout les cantharides qui sont friandes de mil. Les sautériaux, eux, mangent les feuilles d’arachide. Fanta Kamissoko est venue à Diéma chercher des insecticides pour le traitement des champs. « Pour le moment, certains mettent des pare-feu aux alentours des champs, une méthode efficace pour empêcher aux sauteriaux d’y pénétrer. Ils y a aussi ceux qui brûlent des pneus pour chasser les cantharides », a-t-elle indiqué. Fanta Kamissoko, devenue Niéléni en 2010, s’en glorifie encore et n’a de cesse d’exhiber son attestation d’encouragement et sa médaille.
Mamoudou Camara, secrétaire administratif de l’ASACO de Diéoura, a l’esprit tranquille. L’homme juge que l’hivernage est très en avance à Diéoura. Pour preuve, on a consommé le maïs depuis plusieurs semaines, contrairement à certaines localités. « Même si les pluies s’arrêtent aujourd’hui – ce n’est pas notre souhait – nous, on n’a rien à perdre. Il est vrai que les sauteriaux existent aussi chez nous mais on cherche des moyens pour les combattre », a-t-il assuré.
Hamet Sissoko partage le même point de vue et confirme qu’en l’état actuel des choses, on n’a pas besoin d’une grande quantité de pluies. « La terre garde encore de l’humidité, même si on recevait de la pluie une fois toutes les deux semaines, c’est largement suffisant. L’abondance d’eau pourrit les cultures. J’ai cultivé du mil et de l’arachide sur cinq hectares. Mon hameau est à Dogofri, situé à 7 km de Diéma. Avec mes deux charrues, le labour m’a pris un mois. Cinquante jeunes du village se trouvent actuellement dans mon champ pour le désherbage. Mes femmes ont préparé du couscous pour eux. J’ai égorgé un bélier pour agrémenter la sauce », a-t-il indiqué.
Demba Diallo, conseiller communal à Sansankidé, indique qu’il n’y a pas eu de rupture de pluies. Il attend de ses quatre hectares de sorgho, 1 200 moudes soit l’équivalent de 400 kg. Mais l’élu craint les sautériaux qui ont déjà fait leur apparition dans les champs. Les cantharides, dit-il, viennent lorsque l’herbe sèche, au moment des récoltes. Le moment venu, nous saurons prendre des dispositions.

DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS. Gaoussou Diarra, le maire de Dianguirdé, se plaint de l’installation tardive des pluies et se montre pessimiste sur la réussite de la campagne. Sauf si les pluies continuent jusqu’en fin octobre.
Cheickné Diawara, le maire de Grouméra, est dépassé. « Les sauteriaux ont fini de dévorer toutes nos cultures. Tous les cultivateurs vivent dans l’inquiétude. Je suis venu signaler le problème au secteur de l’agriculture. On promet de nous fournir des produits insecticides. Dans tous les villages, il existe des brigades de jeunes capables de faire le travail. Le problème de pompe ne se pose pas non plus car la mairie dispose de deux pompes. Il en existe aussi dans plusieurs familles. Si un propriétaire de champs a besoin de la brigade, il lui fait appel. Le travail n’est pas rémunéré et la seule condition est d’assurer le thé et la cigarette, au besoin. Chaque fois que je visite mon champ de mil, j’ai envie de pleurer. Il ne faut pas se voiler la face, à Grouméra, c’est la catastrophe. »
Sidy Dembelé, producteur à Lakamané, vit des problèmes de la même nature mais d’une acuité moindre. « Les sauteriaux ont causé d’énormes dégâts dans nos champs, surtout sur des spéculations comme le maïs, le niébé et l’arachide. Cette année, ils ont adopté de nouveaux comportements et se sont montrés coriaces. Les sautériaux sont nos compagnons, ils ont toujours cohabité avec les hommes depuis les temps immémoriaux et ne voulaient du mal à personne. Lorsque nous étions encore petits, mes amis et moi, nous en faisions des appâts pour aller pêcher dans les mares et les étangs. Le sous secteur de l’agriculture et la protection des végétaux ont offert aux agriculteurs des produits phytosanitaires et des semences, en début d’hivernage. Il a beaucoup plu à Lakamané cette année. A part les sautériaux, tout va bien ». Les sauteriaux ont endommagé tous les champs de maïs et de pastèques de Massiga Diawara.
Face à cette profusion de sauteriaux dans plusieurs villages de son sous-secteur, notamment Béma, Dioba, Diarra Madina, Achil barké sarakolé, Kamouné Kassé et Kamatingué, Salia Coulibaly a réagi en mettant 40 litres de produits phytosanitaires  à la disposition des producteurs, avec l’appui du secteur de l’agriculture de Diéma.
Binta, croisée dans un hameau, s’insurge : « même si on a des produits contre les déprédateurs, si on ne sait pas faire le traitement, ça ne rime à rien. Ces produits, ces poisons, je préfère les appeler ainsi, si une seule goute touche l’herbe ou l’eau ça peut tuer. Après le traitement, il faut aussi bien se laver les mains. Or ce sont des pratiques difficiles à respecter en milieu rural»

O. BA
AMAP-Diéma

source : Essor

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