La force et l’autorité du lien qui unit et assujettit l’enfant à sa famille censée être le garant de sa sécurité, jointe à la dépendance de l’enfant, le rendent “prisonnier“, il ne peut ni s’opposer, ni fuir, juste subir et survivre comme un automate.
De plus, l’inceste envers les mineurs est un phénomène massif aux conséquences très graves sur la santé physique et mentale des enfants à court, moyen et long termes si une protection et des soins adaptés ne sont pas mis en place.
L’inceste, une histoire familiale
La famille est a priori perçue comme un lieu idéal qui offre tendresse, affection et sécurité pour tous ses membres. D’ailleurs, le plus souvent, la famille où se commet l’inceste offre aux yeux de la société l’apparence d’une certaine harmonie et stabilité. En réalité, s’y dissimulent des secrets qui taisent violences familiales et dysfonctionnements. L’inceste existe dans tout type de famille : il n’est pas lié aux conditions socio-économiques, ni au niveau intellectuel, ni aux convictions religieuses, politiques ou philosophiques de la famille.
Tous les milieux sociaux sont touchés par ce fléau : cela va du médecin, au SDF (sans domicile fixe), de l’avocat à l’ouvrier agricole, du sportif de haut niveau au malade alcoolique. Une seule constatation : plus le niveau social est élevé et plus il est difficile pour une victime d’avoir gain de cause en justice !
Le problème de l’inceste se vit douloureusement dans les familles qui, au départ, ont souvent du mal à l’accepter. Selon les psychologues, cette douleur peut entraîner des traumatismes et des névroses chez la victime, aussi bien que chez les témoins. Aussi développent-ils souvent des stratégies pour pouvoir assimiler cette réalité, la négation étant la première réaction et l’évocation du mystique la seconde. En général, ” les familles préfèrent gérer le problème elles-mêmes, ne pas ébruiter l’affaire, au risque de jeter l’opprobre sur elles. Les conséquences de l’inceste peuvent ressurgir 10, 20 ans ou plus après les faits, lorsque la parole peut se libérer.
Informer les enfants sur le lignage de leurs familles
La promiscuité, le manque de communication entre les parents et les enfants, le vice et même l’appartenance à certains groupes mystiques sont autant de conditions qui favorisent l’inceste. Toutes choses qui peuvent être évitées avec un minimum de précautions. En général, des attitudes étranges ou anxieuses, de la gêne, de petites phrases équivoques, des mimiques, des voix qui s’altèrent dès qu’un mot est prononcé, tout changement brusque d’attitude avec un parent peuvent être autant de signes annonciateurs d’un drame caché, de l’avis des psychologues. En surveillant régulièrement leurs enfants, les parents devraient pouvoir détecter ces signes rapidement. De même, informer les enfants sur le lignage de leurs familles, leur permettre de connaître les membres de cette famille-là, leur apprendre à se méfier de certains présents et installer un dialogue entre parent et enfant sont d’autres mesures de prudence. Il serait aussi bon d’évacuer les situations potentiellement dangereuses, par exemple, en séparant de chambre les garçons et les filles, avant même l’adolescence.
Quelles sont les sanctions ?
Cela varie selon les sociétés. Dans le Centre par exemple, on réunit les anciens. Devant eux, on met à nu les coupables et on leur demande de refaire l’acte sexuel. Puis, on les soumet à un certain nombre de rites expiatoires, dont les lavages. Avant, on allait jusqu’à mettre des gens en quarantaine. Ces rites de purification font qu’on se sente libéré. C’est en quelque sorte la quête du pardon social. Mais, aujourd’hui, avec la déperdition de nos traditions, les jeunes ne se soumettent plus aux rites de purification après avoir commis l’inceste. Les familles se contentent désormais de leur donner des conseils, en leur enjoignant de ne plus recommencer. Cela, on le reproche souvent aux parents, car l’inceste c’est aussi un problème d’éducation. C’est vrai, il y a des personnes vicieuses. Mais les parents ont le devoir d’apprendre aux enfants jusqu’où va la famille.
Que prévoit la réglementation en terme de sanction de l’inceste ?
L’article 360 du code pénal camerounais stipule, en son alinéa 1 que : Est puni d’un emprisonnement de un à trois ans et d’une amende de 20.000 à 500.000 francs celui qui a des rapports sexuels : avec ses ascendants ou descendants légitimes ou naturels, sans limitation de degré ; avec ses frères ou sœurs légitimes ou naturels, germains, consanguins ou utérins. De plus, selon l’alinéa 2 du même article, hors les cas de concubinage notoire ou de mariage incestueux, la poursuite ne peut être engagée que sur plainte d’un des parents par le sang sans limitation de degré.
Source: afrik