Le discours de Karim Benzema « le déresponsabilise » car « s’il n’est pas sélectionné », c’est parce qu’il est mis en examen dans « l’affaire avec Mathieu Valbuena », a estimé jeudi Lilian Thuram, champion du monde 1998, à la tête d’une fondation pour l’ »éducation contre le racisme » qui porte son nom.
« Son discours le déresponsabilise, s’il n’est pas sélectionné, c’est parce qu’il y a une affaire avec Mathieu Valbuena (dans laquelle Benzema est mis en examen pour tentative de chantage présumé à la sex-tape, ndlr), il faut rappeler ça », a expliqué Thuram sur France Info.
« J’ai discuté avec Didier Deschamps, il était le plus triste de ne pas pouvoir sélectionner Benzema, Didier est un compétiteur, il aurait aimé avoir Benzema dans l’équipe », a poursuivi l’ancien défenseur des Bleus, champion du monde 1998 aux côtés de Deschamps.
« Ses déclarations peuvent déstabiliser le groupe »
« Benzema dit qu’il aime l’équipe de France, mais il l’aime mal, ses déclarations peuvent déstabiliser le groupe, même si les joueurs de l’équipe de France vont dire que non », ajoute Thuram pour qui « il faut protéger l’équipe de France ». « Le racisme existe dans la société française, Benzema aurait pu faire beaucoup, ça aurait été extraordinaire qu’il soit capitaine de l’équipe de France, mais il aurait fallu qu’il soit irréprochable », ajoute encore le Guadeloupéen, passé par Monaco, Parme, la Juventus et Barcelone. Didier Deschamps a « cédé à la pression d’une partie raciste de la France » avait lâché mercredi Benzema dans Marca, quotidien sportif espagnol.
« Le racisme, je ne vois pas où il est »
« Je ne pense pas que pour Didier Deschamps l’origine ou la couleur entrent en compte. Connaissant Didier, je ne pense pas qu’on puisse lui imposer quoi que ce soit », a insisté Thuram « Dans l’équipe, il y a beaucoup de gens de couleur ou d’origines différentes. Le racisme, je ne vois pas où il est. C’est du n’importe quoi », avait répliqué Kingsley Coman, joueur du Bayern Munich, actuellement en stage de préparation avec les Bleus avant l’Euro 2016 en France (10 juin-10 juillet).
Les propos de Benzema ont provoqué un tollé dans la classe politique en France, à l’image du ministre des Sports Patrick Kanner qui avait jugé mercredi que ces accusations n’étaient « pas acceptables ». Par ailleurs, Eric Cantona, ancien international, a rebondi dans Libération en s’interrogeant: « les dirigeants d’origine maghrébine ou d’Afrique noire, ils sont où? Et les entraîneurs de Ligue 1 d’origine maghrébine? » Pour Thuram, « là, c’est une vraie question: le pourquoi de l’absence de certaines personnes (à des postes de responsabilité dans le football) car dans l’esprit de certaines personnes, elles passent après ».
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