Trois jours après la double attaque perpétrée contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) à Gao, le chef de la Mission Onusienne au Mali, Annadif Mahamat Saleh était face à la presse hier jeudi 2 juin 2016 au quartier général de Minusma sis à l’hôtel de l’Amitié de Bamako. L’objet de cette conférence de presse était de faire le point sur les préoccupations majeures de l’heure, à savoir : la recrudescence des attaques terroristes au Mali, le retard pris dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Ainsi, à l’aune du renouvellement du mandat de la Minusma, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Annadif Mahamat Saleh a invité le conseil de sécurité à doter la Mission Onusienne au Mali des moyens conséquents afin qu’elle puisse mener efficacement ses missions de maintien de la paix.
« Le Mali vie un moment difficile. La Minusma depuis un mois est à la UNE de toute la presse internationale et nationale. Et ce qui est mis en exergue, c’est la recrudescence de l’insécurité, la non accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger », c’est par ces mots que le conférencier a commencé son allocution. Avant de mettre l’accent sur les attaques répétitives contre les Famas, la Minusma et la Force Française Barkhane. S’agissant de l’attaque terroriste perpétrée à Gao le 31 mai dernier contre la Minusma, Annadif fait un bilan alarmant. « Nous avons perdu un soldat de la Paix, un camarade de UNIMAS, nous avons perdu deux civils maliens, deux casques bleus sont amenés à Dakar pour un traitement, une dizaine de blessés légers sont en train d’être traités entre Gao et Bamako », a-t-il précisé. En outre, il a fait le bilan de récentes attaques contre la Minusma. A l’en croire, le 12 février dernier, huit guinéens ont perdu la vie. Le 18 mai, 6 tchadiens sont décédés. L’attaque du 29 mai, journée des casques bleus, 5 togolais ont été tués, et le 31 mai, un Casque Bleu Chinois a perdu la vie à Gao. Face à la recrudescence de ces attaques terroristes au Mali, le chef de la Minusma, Annadif Mahamat Saleh tape du poing sur la table. « Le constat d’aujourd’hui est qu’il y a une montée en puissance des terroristes. Ils descendent de plus en plus vers le sud. Au niveau de la Minusma, nous devons faire notre autocritique pour être dorénavant proactive et plus dissuasive. Dans un tel environnement, il faut qu’on montre ce dont on est capable. Il ya un certain nombre de leçons que nous devons sereinement tirer et dire que ça ne peut plus continuer comme ça. Il est extrêmement important que notre attitude change », a-t-il dit. Avant de souhaiter que les auteurs de ces crimes soient traduits dans les juridictions.
Est-ce que le temps n’est pas arrivé pour rendre le mandat de la Minusma beaucoup plus robuste ?
Pour le conférencier, le mandat de la Minusma sous chapitre 7 est déjà robuste. « Le mandat de la Minusma dépend d’une résolution qui doit être prise par les membres du conseil de sécurité et nous osons croire que les membres du conseil de sécurité qui ont mandaté la Minusma mettront tout à sa disposition en le consignant dans le nouveau mandat pour que la Minusma puisse accomplir sa mission avec plus d’efficacité et avec moins de perte possible. Ces pertes sont inadmissibles et condamnables », a souligné Annadif. Par ailleurs, le conférencier a évoqué l’insuffisance de moyen de la Minusma dont le manque d’engins blindés, d’avions de surveillances, de renseignements qui doivent être impérativement renforcés. Ainsi, en prélude au renouvellement du mandat de la Minusma le 29 juin 2016, Annadif a sollicité un renforcement des capacités de la Mission afin de faire face à ses obligations. Il a fait savoir que le gouvernement malien, la Minusma, la population ont tous des droits et des devoirs. Et il est important que tout le monde joue sa partition pour la paix au Mali, a-t-il dit. S’adressant aux signataires de l’accord, Annadif indique que l’heure n’est plus au stade de se jeter les responsabilités. « Les ennemis de la paix occupent la place et cette situation doit nous interpeller », a-t-il déclaré. Selon lui, l’insécurité qui sévit actuellement au Mali est la conséquence du retard pris dans la mise en œuvre de l’accord. Enfin, le conférencier a insisté sur la nécessitée de renforcer les moyens de la Minusma afin qu’elle puisse mener ses missions de maintien de la paix en toute impartialité.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain