Alors qu’un attentat a frappé le Mali ce mercredi 1er juin, Ban Ki-moon a fait part de sa volonté, actuellement étudiée par le Conseil de sécurité des Nations unies, d’envoyer 2500 Casques bleus pour aider à stabiliser le pays.
Atlantico : A la suite des attentats qui ont frappé le Mali le 1er juin, Ban Ki Moon a préconisé l’envoi de 2500 hommes pour aider à stabiliser le pays. Après différentes interventions militaires sur son sol, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, dans quel état se trouve le Mali aujourd’hui ? Le pays est-il encore en état de guerre, ou à d’autres désordres importants ?
Jean-Bernard Pinatel : Il est clair que le mois de Mai 2016 a été particulièrement meurtrier au Mali puisqu’en trois attaques le 18 dans la région de Kidal, le 29 à Sévaré dans le centre du Mail et le 31 à Gao 10 casques bleus ont été tués et plusieurs blessés.
C’est cette concomitance et la violente réaction du gouvernement chinois qui sont expliquent la préconisation de Ban KI Moon.
Il ne faut ni surestimer ni sous-estimer la situation. Depuis l’intervention française la situation dans le Nord n’a jamais été totalement pacifiée. En 2014 4 soldats tchadiens et 1 soldat français ont été tués et 16 autres blessés. En 2015 2 attaques à Gao et à Kidal avaient fait 5 morts et une vingtaine de blessés sans parler des attaques à Bamako du restaurant la Terrasse et du Radisson qui ont fait 27 morts.
Il y a peu, tous les regards étaient tournés vers le Nord-Mali. Que dire de sa situation aujourd’hui ? Représente-t-il une menace pour l’avènement d’un Mali sécurisé ou peut-il aujourd’hui jouer un rôle dans la lutte contre le terrorisme ?
En toile de fond de cette situation au Nord Mali, il y a le combat mené par les groupes islamistes d’AQMI et du MUJAO qui, quoique très affaiblis, par les coups que leur portent le dispositif français Barkane possèdent des capacités résiduelles suffisantes pour mener des actions suicides. Mais il y a aussi la rivalité tribale entre tribus touaregs les Ifoghas et les Imghad. Pour faire simple les imghad sont partie prenante du processus de paix, plus ou moins en panne au Nord Mali. Le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, a d’ailleurs lié la recrudescence des attaques meurtrières dans ce pays qui frappent notamment les Casques bleus, au piétinement du processus de paix. Les Ifoghas de leur côté considèrent qu’ils sont trompés comme toujours par le gouvernement malien et que les promesses faites à Alger ne sont pas tenues.
Quels espoirs peut-on nourrir de voir le Mali se remettre des précédents conflits ? De quels atouts dispose encore le pays pour se stabiliser et se développer, dans un avenir proche et à plus long terme ?
Le problème du Mali est d’abord un problème politique. La vie politique du Mali est tout sauf être apaisée. La surenchère entre forces politiques est une constante de la vie politique malienne. La sécurité ne sera complétement rétablie que lorsque l’Azawad disposera d’une large autonomie dans le cadre de la République malienne. Pour faire un parallèle avec le pays Basque espagnol ou s’affrontaient les indépendantistes contre le gouvernement espagnol mais aussi contre les autonomistes, ce n’est que lorsque le gouvernement espagnol a donné une large autonomie au pays Basque notamment en matière de police et de finances que la situation s’est stabilisée et que l’ETA a déposé les armes. Les gouvernements maliens successifs n’ont pas arrêté de jouer depuis l’indépendance avec l’irrédentisme touareg et avec leurs rivalités tribales et le Mali en paye le prix alors qu’il a de vrais atouts pour se développer
Source: atlantico