Ce matin, à l’aéroport international Modibo Keita de Bamako, la police des frontières a retenu le passeport diplomatique en cours de validité de l’influent imam Mahmoud Dicko à son retour de Mauritanie.
Bamada.net- Ce document avait été délivré à l’imam lorsqu’il occupait le poste de président du Haut Conseil Islamique du Mali sous le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Selon Amadou Ndounga Maïga, chargé de communication de l’imam Dicko, le religieux est rentré chez lui sans problème. Pourtant, il était au cœur d’un rassemblement vendredi dernier, organisé par Limama, pour s’opposer à une nouvelle constitution et protester contre la notion de laïcité.
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L’imam Dicko considère que la laïcité telle qu’elle est
mentionnée dans le projet de nouvelle
constitution représente une forme radicale de
laïcité qui menace l’islam en offrant une porte ouverte à ceux qui souhaitent l’éradiquer du pays. Il affirme que c’est au nom de cette laïcité que le Coran est bafoué et que Dieu ainsi que son prophète sont profanés. Il déclare qu’il ne se taira pas à ce sujet et critique vivement les autorités de la
Transition, les accusant d’avoir volé la révolution du peuple, dénaturé l’histoire et
transformé les victimes en bourreaux.
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Selon l’imam Dicko, trois ans après la
chute du régime d’IBK, les mêmes pratiques
perdurent, notamment la corruption flagrante, le népotisme et le clientélisme. Il affirme que la justice est utilisée par les militaires pour réprimer toute voix dissidente, en particulier celles qui osent dire “NON”. Il s’indigne en soulignant que l’on ne peut plus parler de démocratie ni d’État de droit. Il promet à ses
partisans qu’il ne se taira pas et affirme préférer mourir en martyr que de vivre en traître, trahissant ainsi ses
partisans actuels et passés. Il réclame également
justice pour les 23 jeunes décédés près de sa
mosquée les 11 et 12 août 2020.
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Cependant, certains estiment que l’imam Dicko a manqué l’occasion de rendre justice à ces
martyrs en soutenant les premières heures de la
transition. Selon ses propres paroles, en tant qu’autorité morale du M5, il avait eu le privilège de choisir le premier ministre de la transition. Sans cette justice, l’imam Dicko, qui a collaboré avec Bah N’Daw et Moctar Ouane, jure de ne jamais collaborer avec ceux qui répriment le peuple et confisquent sa lutte. Il
affirme qu’il ne peut pas combattre IBK, qui lui a tout donné, et soutenir les mêmes pratiques.
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Ainsi, se pose la question : quels sont les véritables objectifs de l’imam Mahmoud Dicko ? Hier encore, il était un fervent
soutien d’Assimi Goïta, mais maintenant il est l’un de ses critiques les plus virulents. Ses
récentes déclarations inquiétantes laissent présager des temps sombres à venir pour la junte au pouvoir. L’année dernière, lors du forum de Bamako, il avait vivement critiqué les militaires au pouvoir, dénonçant
l’arrogance des gouvernements qui prennent en otage le peuple malien et négligent les problèmes du pays. Il s’en était pris aux colonels qui ont pris le pouvoir après la chute du régime d’IBK, à cause des
nombreuses manifestations à Bamako et dans différentes régions.
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Certains pensent que cette question de
laïcité n’était qu’un prétexte pour l’imam de Badalabougou afin de s’opposer aux colonels. Ceux qui partagent cette opinion estiment que l’imam a grandement contribué au renversement du régime d’IBK. Selon eux, si le président Assimi et ses partisans sont au pouvoir aujourd’hui, c’est en partie grâce à l’imam Mahmoud Dicko. Par
conséquent, s’il
s’oppose aujourd’hui à ces mêmes
colonels, il y a probablement des non-dits et des motivations cachées.
Fatoumata Bintou Haidara
Source: Bamada.net