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Mali : à la Primature, les failles d’une gestion politique ordinaire révélées par le Vérificateur général

Enquête publique sur les pratiques financières et administratives de la Primature malienne : entre irrégularités, soupçons d’abus et nécessité d’un nouveau départ pour l’exemplarité de l’État.

Bamako – C’est un document explosif, publié sans fanfare par le Bureau du Vérificateur général du Mali début mai 2025. Une radiographie crue de la gestion administrative et financière du cœur du pouvoir exécutif malien : la Primature. En ligne de mire, quatre exercices budgétaires (2021-2024) et une série d’irrégularités, aussi graves qu’embarrassantes, qui jettent une lumière crue sur les pratiques internes d’un État en quête de refondation.

50 milliards, et des comptes loin d’être clairs

Selon les enquêteurs, entre 2021 et fin novembre 2024, ce sont près de 51 milliards de francs CFA qui ont été engagés par la Primature. Sur cette enveloppe, plus de deux milliards de dépenses sont aujourd’hui mises en cause. Le rapport pointe notamment l’utilisation abusive du « filet social » – un fonds destiné à soulager les plus vulnérables – pour financer des dépenses sans lien direct avec les couches déshéritées : carburant, appuis à des organisations, désinfections de bâtiments administratifs, ou encore formations universitaires à l’étranger.

Autre pratique relevée : le paiement par la Primature de « dépenses de souveraineté » en dehors du cadre réglementaire, pour plus de 800 millions de FCFA. Des lignes budgétaires floues, sans encadrement légal précis, dont les bénéficiaires et les montants échappent à tout contrôle.

Procédures contournées, marchés sur-mesure

La gestion des marchés publics n’échappe pas à la critique. Le rapport dénonce la reconduction irrégulière de marchés, l’absence de mise en concurrence sur certains contrats attribués par entente directe, ou encore des pénalités de retard non appliquées à des prestataires défaillants. Pire encore, des entreprises ont réussi à décrocher des contrats en fournissant de fausses expériences ou en se livrant à des pratiques de conflit d’intérêts, le tout avec la bénédiction de commissions de passation et de réception visiblement peu regardantes.

Le cas de l’AGETIER-Mali, une agence d’exécution chargée de projets sociaux, est symptomatique. L’enquête révèle que plusieurs marchés liés à l’achat d’ambulances et à la réalisation de forages ont été mal exécutés ou attribués dans des conditions douteuses, parfois avec des documents falsifiés. À cela s’ajoute l’absence d’immatriculation des véhicules au nom des services bénéficiaires, ouvrant la voie à des détournements potentiels.

Vers une gouvernance exemplaire ?

S’il reconnaît la collaboration des services contrôlés lors de la vérification, le Vérificateur général ne cache pas son inquiétude. « La Primature doit gérer les ressources de façon optimale pour faire face aux défis de la Transition », conclut-il, non sans recommander une refonte des règles encadrant les dépenses dites de souveraineté.

Ce dossier intervient alors que les autorités de la Transition, dirigées par le général Assimi Goïta, multiplient les annonces de réformes structurelles. Mais à Bamako, nombreux sont ceux qui attendent désormais des actes forts : rendre des comptes, sanctionner les abus, et surtout rompre avec une culture d’impunité qui gangrène l’administration publique depuis trop longtemps.

À l’heure où le Mali revendique une souveraineté retrouvée sur le plan sécuritaire et diplomatique, le chantier de la bonne gouvernance reste, lui, ouvert. En plein jour.

A.D

Source : Sahel Tribune
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