Une seule affaire est inscrite au rôle de cette cour d’assise spéciale à Sikasso. Il s’agit de l’affaire ministère public contre Issa Tangara, Amassongo Dolo, Oumarou Sanafo dit kif kif, Amadou Haya Sanogo, Mamadou Koné, Fousseyni Diarra dit Fous, Christophe Dembelé, Blonkoro Samaké, Siméon Keïta, Cheickna Siby, Tiémoko Adama Diarra, Soïba Diarra, Lassana Singaré, Yamoussa Camara, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédraogo, Ibrahim Koné et Ibrahima Dahirou Dembelé.
Il ressort de l’arrêt de renvoie lu par Mme le greffier, que Mamadou Koné et Fousseyni Diarra reconnaissaient formellement les faits d’enlèvement et d’assassinat d’un certain nombre d’éléments du 33ème Régiment de commando parachutiste (RCP) et avouaient y avoir participé. En plus de cette double reconnaissance des faits, ils indiquèrent dans les moindres détails l’endroit où étaient sommairement enterrés les victimes.« Blonkoro SAMAKE lui-même a déclaré que Amadou Haya SANOGO recevait les informations en temps réel ; Que le premier c’est-à-dire Blonkoro SAMAKE faisait partie du dispositif sécuritaire installé autour de Amadou Haya SANOGO c’est donc dire que ce dernier est l’un des auteurs des instructions données pour enlever et exécuter les prisonniers bérets rouges ; l’un des principaux exécuteur en la personne de Mamadou KONE a même affirmé dans son procès verbal d’interrogatoire du 24 Décembre 2013 que Amadou Haya SANOGO, son secrétaire général Blonkoro SAMAKE et bien d’autres personnes membres du CNRDRE ne pouvaient ignorer l’existence de la liste des bérets rouges à exécuter », précise l’arrêt de renvoie. Ledit arrêt indique qu’il est suffisamment établi les préventions de crimes d’enlèvement et d’assassinat contre Fousseyni Diarra dit Fous, Mamadou Koné, Tiémoko Adama Diarra, Lassana Singaré, Cheikna Siby et Issa Tangara. De complicité d’enlèvement et d’assassinat contre Amadou Haya Sanogo, Blonkoro Samaké, Amasongo Dolo, Siméon Keïta, Oumarou Sanafo dit kif kif, Soïba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédraogo, Ibrahim Boua Koné et de complicité d’assassinat contre Yamoussa Camara et Ibrahima Dahirou Dembélé.
Tout juste après la lecture de l’arrêt de renvoie, les avocats de la défense dont Me Mariam Diawara, Cheick Oumar Konaré ont demandé une suspension de 48 heures pour pouvoir« communiquer avec leurs clients ». Selon eux, c’est un droit de demander une suspension. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir non seulement les avocats de la partie civile dont Me Moctar Mariko de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), Me Assane Dioma Diagne du Sénégal, Me Clémence du barreau Français mais aussi le ministère public, Mohamed Maouloud Nazim. Me Moctar Mariko a indiqué que le délai de 48 heures est trop long. Me Clémence a invité le président de la cour à respecter le droit de la partie civile. Quand à Me Assane Dioma Diagne, même si la demande de suspension est un droit, il est nécessaire de continuer avec l’audience car la partie civile a soif de justice. Le ministère public a souhaité une suspension de 30 minutes car le peuple observe ce jugement et en plus de cela, les accusés ont soif d’être fixés sur leur sort. « Ce que le parquet dit ne peut pas passer dans cette affaire aussi grave. Nous avons été délibérément coupés de nos clients. Ce n’est pas une demande dilatoire mais une demande de suspension qui permettra à la défense de se préparer. C’est une demande bien fondée en droit et en fait », rétorquent les avocats de la défense. Me Clémence revient à la charge en soutenant qu’il n’est pas question de laisser les avocats de la défense procéder à des manœuvres dilatoires pour retarder l’audience. Finalement, le président de la cour a autorisé une suspension de 24 heures et dont l’audience reprendra son chemin demain vendredi 2 novembre 2016 à 9 heures dans la même salle Lamissa Bengaly de Sikasso. Force est de reconnaitre que ni les avocats de la partie civile ni le parquet général n’ont apprécié cette décision de suspension d’une longue durée.
Aguibou Sogodogo, envoyé spécial à Sikasso
Source : Le Républicain