Après examen du contentieux électoral conformément à la loi et en présence des observateurs dépêchés par l’Union africaine, la Cour constitutionnelle vient de confirmer la victoire du projet que nous avons défendu tout au long de la campagne électorale.
Cette victoire, je vous la dois. Je la dois à votre engagement et à votre détermination. Je la dois également aux dizaines de milliers de Gabonais, de toutes les provinces et de toutes les conditions sociales, qui ont cru en moi et qui pensent que le Programme pour l’Egalité des Chances est le seul possible pour l’avenir de notre pays. Mais, mes chers compatriotes, cette victoire ne doit pas nous faire oublier qu’il y a de nombreuses urgences à régler. Tout d’abord, le score serré de cette victoire signifie qu’il y a de nombreux électeurs, pour des raisons et d’autres, qui n’ont pas choisi notre projet. Il nous faut décrypter, entendre et comprendre leur message.
Tout comme il nous faut comprendre l’aspiration générale de ceux qui ont voté pour nous, mais aussi de tous les compatriotes qui attendent des changements importants dans la gouvernance politique, économique et sociale de notre pays. Ces changements, nous allons les porter ensemble, dans un effort de rassemblement de toutes les énergies et de toutes les composantes de la société gabonaise. Oui, mes chers compatriotes, la diversité des opinions et des projets qui s’est exprimée tout au long de la campagne électorale et en dehors, doit être prise en compte. C’est pourquoi, comme je l’ai déjà annoncé, j’entends réunir très rapidement les conditions d’un dialogue politique ouvert à tous ceux qui le voudront. Ce dialogue, qui abordera tous les aspects de la vie de la Nation, devra nous permettre d’écrire un nouveau chapitre de notre histoire commune, avec une attention toute particulière pour les jeunes et les femmes car demain ne se construira pas sans eux. J’appelle donc tous les responsables politiques, y compris les candidats malheureux de la présidentielle du 27 août dernier, à travailler avec moi, dans le respect de nos différences certes, mais animés de la volonté de situer l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de nos intérêts particuliers et partisans.
Mes chers compatriotes,
J’ai voulu une élection libre, transparente et ouverte. C’est pourquoi nous avons invité plus de 1200 observateurs et accrédité plus de 200 journalistes étrangers. Par-delà les prises de position regrettables, et la couverture biaisée de certains, le scrutin s’est déroulé dans le calme. Que les électeurs dans leur ensemble en soient vivement remerciés. Cependant, force est de reconnaître que cette campagne électorale a été très difficile. Jamais le débat politique national n’avait atteint le niveau de violence verbal que nous venons de vivre.
Le rejet de l’autre a été érigé en norme. Les mots de haine ont été prononcés sans tabous. Les communautés entières ont été stigmatisées. Cette haine, et la violence qu’elle porte, ont laissé des blessures très profondes qu’il nous faut soigner dans l’urgence, si nous ne voulons pas qu’elles se transforment en plaies ouvertes et en gangrène pour notre société. Reconstruire le lien social est une exigence pour chacun à la place et aux responsabilités qui sont les siennes. La démocratie est un choix qui doit conduire à la vie, et non pas à la mort. La démocratie n’est pas faite pour apporter ruine, désolation et deuil. La démocratie est faite pour construire et bâtir un avenir meilleur. Lorsqu’au sortir d’une élection, des familles pleurent des morts, c’est qu’on a trahi la démocratie. Lorsqu’au sortir d’une élection, des biens publics et privés sont détruits, c’est une trahison de l’idéal démocratique et républicain.
Ensemble, nous devons dire « Plus jamais ça!». Plus jamais ça dans notre pays car aucune cause ne sauraitjustifier que des vies soient arrachées. Aux familles endeuillées, je veux dire que l’Etat vous aidera à comprendre ce qu’il s’est réellement passé, et l’Etat vous
accompagnera. A tous et à chacun je veux redire ma foi profonde dans nos institutions, de même que dans nos traditions et valeurs bantous. Au nom de ces traditions et pour reprendre ces paroles si justes et si prophétiques de notre hymne national « La Concorde », je dis oublions nos querelles et ensemble bâtissons l’édifice nouveau auquel tous nous rêvons.Je vous remercie.
Libreville, le 24 septembre 2016
La rédaction