Les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine se sont rencontrés à Addis Abeba le week-end dernier. Dans la capitale éthiopienne, les temps-forts de ce sommet ont porté sur l’appel à plus de solidarité africaine pour un objectif exigeant de «faire taire les armes». Ce qui constitue une thématique récurrente de l’organisation panafricaine depuis des années pour l’échéance 2020. Mais, le constat amer est que les conflits, au lieu de s’éteindre, ne font qu’augmenter ou s’empirer de façon exponentielle.
Une réalité que la Camerounaise Vera Songwe, Secrétaire Exécutive de la Commission Economique pour l’Afrique des Nations Unies, n’a pas manqué de rappeler, lors des travaux préliminaires de cette 33ème édition de l’Union Africaine : « En 2005, quand il n’y avait que six pays engagés dans un conflit sur le continent, quinze ans plus tard, nous avons contre-performé ». Une remarque qui est corroborée par une statistique de Peace Research Institute d’Oslo (PRIO) qui révèle que : « Le nombre de conflits armés est passé, entre 2005 et 2018, de 7 à 21, selon le Peace Research Institute d’Oslo (PRIO). ».
Faits notoires : si l’on peut faire le constat que les conflits inter-Etats ont diminué, force est aussi de remarquer qu’il existe hélas de nombreuses zones de conflits. Une réalité que reconnaît le président de l’Union Africaine (UA) qui a listée : « Le conflit en Libye, les menaces jihadistes shebabs en Somalie, et au Mozambique, dans la région du Sahel et dans le pourtour du bassin du lac Tchad, la montée du populisme marquée par les replis nationalistes et ethno-identitaires, l’extrémisme et le radicalisme, pour ne citer que ceux-là. ». Comment peut-on alors prétendre « faire taire les armes en 2020 » si ce n’est pas de faire un pur pari utopique ?
Toutefois, il n’est pas exclu d’espérer, dans un avenir proche, que l’Afrique, notamment les pays du Sahel, puisse se sortir du gouffre sécuritaire créé par le terrorisme international et les conflits inter-ethniques et communautaires. Mais cela, recommande la recherche rapide de solutions alternatives contre le péril sécuritaire, telle que la solidarité inter-Etat et sous-régionale.
En l’occurrence, il faudrait que les pays de l’Afrique qui ne connaissent pas encore de conflits soient solidaires des pays touchés. Il y a une sagesse africaine qui dit : «Lorsque la case du voisin brûle, il faut l’aider à l’éteindre. Sinon, après lui, ton tour viendra». Ce qui est logique. Or, cette nécessaire solidarité manque crucialement aux Etats africains qui ont hélas, misé toujours sur l’aide extérieure.
Gaoussou M Traoré
ource: Le Challenger